Jawls et ses trottinettes à batterie amovible arrivent à Bordeaux

Par Pierre Cheminade  |   |  623  mots
Les trottinettes de Jawls arborent du rose et bleu. (Crédits : Jawls)
Dans les rues bordelaises déjà très encombrées par les trottinettes et vélos en libre service, le dernier venu s'appelle Jawls. Pour se démarquer, l'entreprise propose des trottinettes électriques avec des batteries amovibles rechargeables chez des commerçants partenaires et s'appuie sur un financement participatif, à l'instar de Pony.

Des trottinettes électriques roses et bleues frappées d'une tête de singe ont fait leur apparition à Bordeaux fin décembre 2020. Elles sont déployées par l'entreprise Jawls qui rejoint les neufs opérateurs déjà présents dans les rues bordelaises : une centaine de trottinettes pour Bird, Blabla Ride (avec Voi), Dott, Pony, Tier, Wind, Yego et Bolt, plusieurs centaines de vélos pour Pony, Zoov et Bolt et 200 scooters pour Yego. "Avec Bordeaux et Munich, en Allemagne où nous sommes depuis le 4 janvier, on a ciblé des villes favorables aux trottinettes en free floating", confirment à La Tribune Jérémie Maruani et Dylan Tordjman, deux des cofondateurs de cet opérateur français, basé dans les Hauts-de-Seine.

Des batteries échangeables chez des commerçants

Et pour se démarquer face à cette concurrence fournie, Jawls compte sur son dispositif de batterie amovible, unique sur le marché local.

"Grâce à notre nouvelle génération de trottinettes, l'objectif est d'établir un réseau de commerçants partenaires pour permettre aux utilisateurs de changer leur batterie en quelques minutes en échange de crédits d'utilisation tandis que le commerçant perçoit une commission. Nous avons déjà trois commerçants partenaires de ce système de click and collect et nous visons 70 à 80 points à Bordeaux fin 2021", explique Jérémie Maruani.

Installée à Neuilly-sur-Seine, l'équipe de Jawls compte neuf salariés en CDI auxquels s'ajoutent deux CDI à Bordeaux pour superviser la gestion et l'entretien de la flotte et bâtir le réseau de partenaires. "On n'a recours qu'à des CDI par principe. Parce qu'on ne veut pas entretenir un système qui ne fonctionne qu'en ayant recours à des juicers [personnes qui rechargent les trottinettes la nuit] précaires ou des indépendants. On peut grandir avec des CDI : tout dépend de la rentabilité exigée et de comment on veut grandir, à quelle vitesse, avec quels volumes", affirment les deux fondateurs qui s'inscrivent à contre-courant de certains opérateurs étrangers cherchant à inonder le marché français et européen. Si Jawls réfléchit à un déploiement à moyen terme à Malaga, en Espagne, il n'y a pas d'autres lancements prévus en France pour l'instant.

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Des investissements rentabilisés en 12 à 18 mois

Jawls met aussi en avant une approche française voire régionale du sujet même si leurs trottinettes ne sont pas fabriquées en France. "La totalité de nos trottinettes appartiennent en réalité à des investisseurs : des particuliers, des PME et des auto entrepreuneurs qui achètent une quinzaine de trottinettes en moyenne", détaille Dylan Tordjman.En clair, ces investisseurs achètent les trottinettes (1.290 euros l'unité) et en confient la gestion et l'entretien à Jawls. Les gains sont ensuite partagés : une moité pour Jawls, une moitié pour l'investisseur qui peut tabler sur un remboursement de sa mise au bout de 12 à 18 mois. "La moitié des 100 trottinettes déployées à Bordeaux appartiennent à des investisseurs bordelais. C'est aussi cet ancrage local qui marque notre différence. Nous sommes une société française avec des investisseurs majoritairement locaux", appuie Jérémie Maruani.

Autant d'arguments que la jeune entreprise entend faire valoir auprès de la mairie de Bordeaux et de Bordeaux Métropole lorsque viendra l'heure d'un appel d'offres pour rationaliser l'offre en confiant la mobilité en libre-service à un nombre réduit d'opérateurs. Une stratégie qui n'avait cependant pas fonctionné pour Pony en juillet dernier. L'opérateur français, basé à Angers et proposant également d'investir dans ses trottinettes, n'a pas été retenu par la Ville de Paris au profit de trois poids-lourds internationaux : Dott, Tier et Lime.

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