Reprise de Valdunes : Europlasma se met l'État dans la poche

Par Maxime Giraudeau  |   |  515  mots
Europlasma est un industriel spécialisé dans la destruction des déchets grâce à une technologie de torche à plasma. (Crédits : Agence Appa)
35 millions d'euros pour sauver Valdunes. Le plan de financement présenté par Europlasma pour la reprise du constructeur de roues de train est largement soutenu par l’État. Le tribunal de commerce de Lille va étudier l'offre mercredi.

Que chacun s'engage à la même hauteur. C'est l'exigence et la garantie obtenue par l'industriel Europlasma auprès de l'État. L'entreprise spécialisée dans la destruction de déchets critiques et basée dans les Landes présente un plan de financement à 35 millions d'euros pour la reprise du constructeur de roues de train Valdunes.

Une offre qui a l'appui du gouvernement puisque l'État, sous forme de prêts, et Europlasma, par des fonds propres, vont chacun abonder à hauteur de 15 millions d'euros. Les 5 millions restants sont apportés par les collectivités locales (les deux sites de Valdunes sont implantés dans le Nord). La SNCF se dit quant à elle prête à entrer au capital à hauteur de 1 million d'euros. Le plan de reprise prévoit la suppression de 131 emplois sur 309 en activité.

L'offre sera étudiée ce mercredi par les juges du tribunal de commerce de Lille. Il s'agit du seul dossier de reprise déposé depuis que Valdunes a été placé en redressement judiciaire le 20 novembre dernier, suite au désengagement de l'actionnaire chinois MA Steel. Europlasma apparaît en bonne posture puisque l'entreprise qui a doublé son chiffre d'affaires en 2022 a l'habitude des reprises de fleurons industriels en déclin adoubées par les pouvoirs publics.

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L'équilibre visé dès 2025

« On n'a pas de raison de croire qu'Europlasma ne va pas tenir cet engagement, indique Bercy. L'État est prêt à s'engager dans un projet de reprise s'il a en face de lui des actionnaires, des dirigeants et des salariés qui sont prêts à s'engager. »

Après avoir mis la main sur les Forges de Tarbes en 2021, fabricant de corps creux pour les obus de 155mm, sur l'usine de Luxfer qui produit des bouteilles de gaz pour l'oxygène médical dans le Puy-de-Dôme), puis sur l'entreprise Satma Industries, qui fabrique des condensateurs électrolytiques en Isère, Europlasma s'apprête donc à mettre un pied dans le ferroviaire.

L'industriel coté en bourse et basé à Morcenx porte un projet de décarbonation pour les deux sites de Valdunes avec l'objectif de faire de la fabrication française de roues un avantage concurrentiel dans les futurs appels d'offre publics. Europlasma ne veut d'ailleurs pas se focaliser sur le ferroviaire mais vise également des marchés de niche, indique le ministère. Le repreneur a l'ambition de redonner un équilibre économique à Valdunes dès 2025. Fin 2022, le constructeur affichait 68,5 millions d'euros de chiffre d'affaires et 13,8 millions de pertes nettes.

De son côté, Europlasma, porté par un contrat de 360.000 corps creux (utilisés pour la production d'obus de 155mm) en direction de l'Ukraine, prévoit d'augmenter la capacité des Forges de Tarbes à 160.000 unités par an. Le groupe travaille à l'introduction en bourse du site industriel dans le cadre de discussions avec Adomos, entreprise spécialisée dans l'investissement immobilier locatif, pour « faire émerger en bourse un acteur centrée sur le secteur de la défense ».

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