Alain Juppé quitte la mairie de Bordeaux pour le Conseil constitutionnel

Par Mikaël Lozano et Pierre Cheminade  |   |  616  mots
Alain Juppé est nommé au Conseil constitutionnel
Alain Juppé va quitter son fauteuil de maire de Bordeaux et de président de Bordeaux Métropole. Il vient d'être nommé au Conseil constitutionnel.

Beaucoup d'observateurs s'attendaient à une nouvelle candidature d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux. Depuis de longs mois, chaque conférence de presse bilan était l'occasion d'un jeu du chat et de la souris avec les journalistes, l'actuel maire et président de la métropole laissant planer le doute et repoussant à plus tard la décision de se représenter. Le dossier est désormais bouclé : nommé au Conseil constitutionnel, Alain Juppé, à 73 ans, va quitter son fauteuil de maire. La confirmation de cette information publiée par LCI a été confirmée à La Tribune par son entourage.

"Le Président de l'Assemblée Nationale m'a proposé de me nommer au Conseil Constitutionnel. Je le remercie de cette proposition qui m'honore. Je l'ai acceptée. J'ai décidé, il y a plusieurs mois, de ne pas me représenter à l'élection municipale de mars 2020. Je comptais annoncer cette décision au lendemain des élections européennes fin mai prochain. Ma nomination bouleversera ce calendrier. C'est avec une profonde émotion que je me prépare à quitter mes fonctions de maire et de président de la métropole de Bordeaux qui m'ont procuré tant de bonheur. Je donnerai mes raisons aux Bordelais(e)s lors d'un point de presse demain à 11h à l'Hôtel de Ville."

L'élection d'un nouveau maire aura lieu lors du prochain conseil municipal de Bordeaux, a priori programmé le 25 mars prochain d'après le site officiel de la mairie. Conformément au Code général des collectivités locales, si Alain Juppé venait à démissionner d'ici là, c'est sa première adjointe, Virginie Calmels, qui prendrait le relais en attendant cette élection. Ce point sera probablement éclairci demain lors de la conférence de presse.

Ancien Premier ministre (1995-1997), ministre des Affaires étrangères (1993-1995 puis 2011-2012) et éphémère ministre de l'Ecologie (2007), Alain Juppé a été maire de Bordeaux pendant près de 22 ans, de 1995 à 2004 puis de 2006 à 2019. En 2004, il est condamné à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité pour prise illégale d'intérêts. Il a également présidé la Communauté urbaine de Bordeaux (1995-2004) puis la Métropole (depuis 2014).

Composé de neuf membres, le Conseil constitutionnel est chargé de contrôler la conformité de la loi à la Constitution. Il s'agit d'un mandat de neuf ans renouvelé par tiers. Trois membres sont nommés par décision du président de la République, lequel désigne aussi le président du Conseil. Trois membres sont nommés par le président de l'Assemblée nationale et trois autres par le président du Sénat.

Cette décision rebat donc complètement les cartes dans la perspective des élections municipales de 2020. Mais interroge aussi sur la Métropole. "Je suis surpris parce que tout le monde pensait qu'il allait repartir. Entrer au Conseil constitutionnel est un poste honorifique et très intéressant mais Alain Juppé avait encore tellement de choses à construire à Bordeaux et dans la métropole... Je ne m'y attendais pas. En tant qu'élu métropolitain, cette décision génère une forme d'inquiétude car c'est aussi le départ d'une figure emblématique à un an des élections à la Métropole. Cela interroge sur la future ligne directrice de cette métropole, sur la cogestion (entre la droite et la gauche qui prévaut depuis des années, NDLR)", témoigne à chaud Alain Turby, maire de Carbon-Blanc et conseiller métropolitain en charge du numérique.

Mylène Villanove, conseillère municipale et métropolitaine en charge des coopérations territoriales, très émue au téléphone, salue quant à elle "la décision d'un homme d'Etat qui assume ses responsabilités".