Bordeaux : Trans'Cub veut porter un coup mortel à l'extension du tramway vers l'aéroport

Par Pierre Cheminade  |   |  496  mots
L'association Trans'Cub s'inquiète de la suppression programmée des liaisons directes en bus entre l'aéroport de Mérignac et la gare Saint-Jean. (Crédits : SA ADBM/Agence Mediacrossing)
Trans'Cub saisit le tribunal administratif pour demander l'annulation de la déclaration d'utilité publique (DUP) de l'extension de la ligne A du tramway vers l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. L'association de défense des consommateurs pointe le risque de dégradation des liaisons entre la gare et l'aéroport et préconise le maintien des navettes en bus.

L'audience devant le tribunal administratif est programmée pour le 6 novembre à 11h. Les représentants de l'association citoyenne Trans'Cub y demanderont l'annulation de la déclaration d'utilité publique (DUP) de l'extension de la ligne A du tramway vers l'Ouest pour desservir l'aéroport de Mérignac. Ce projet dont le coût était estimé en 2015 à 88 M€ prévoit un nouveau tronçon en voie unique d'environ 4,7 km avec quatre nouvelles stations entre Mérignac et l'aéroport (en vert sur le carte) et une nouvelle ligne de bus dédiée de 16 km entre Le Haillan et Pessac Bersol dotée de 18 arrêts (en jaune et noir). S'y ajoutent des aménagements cyclables et la réalisation de trois barreaux routiers. Le tout doit aboutir fin 2021.

L'association entend faire tomber la DUP, prise par un arrêté préfectoral en avril 2019, de ce projet de desserte en tramway au motif qu'il entraînerait selon elle une nette dégradation des liaisons entre la gare et l'aéroport. "Toutes les métropoles françaises recherchent des dessertes directes entre leur gare et leur aéroport et à Bordeaux on envisage de les supprimer, c'est un non sens !", alerte Jacques Dubos, le président de l'association. Celle-ci pointe également une incompatibilité avec le schéma de cohérence territoriale (Scot), "une information tronquée et faussée à la fois des élus et du public" et "une évaluation socio-économique gravement faussée".

"Pour les élus de Bordeaux Métropole, le projet de tram vers l'aéroport n'est rentable qu'en supprimant la navette directe en 30 minutes vers la gare ainsi que la liane 1+. Au lieu de d'appuyer leurs choix sur des études économiques, ils tordent les études économiques pour qu'elles correspondent à leurs choix politiques. Le résultat c'est un service dégradé pour les usagers", attaque Denis Teisseire, le fondateur de Trans'Cub.

Sans liaison directe en bus entre l'aéroport et la gare, les usagers devront soit changer de ligne de tramway à Porte de Bourgogne, soit passer d'un train à un tram à la gare de Pessac Alouette. "Les deux solutions sont mauvaises pour des voyageurs qui ne connaissent pas la ville et qui sont chargés de bagages. Il y aura des ruptures de charge et des temps de parcours aléatoires", considère Hervé Harduin, membre de Trans'Cub.

L'association appelle aussi plus largement à en finir avec le tout tramway "qui est un modèle poussé bien au-delà de sa pertinence initiale où chaque maire demande son bout de tramway". Et alors que les travaux préliminaires de déplacement des réseaux ont déjà commencé à Mérignac sur les axes d'accès routiers à l'aéroport, Denis Teisseire enfonce le clou : "On souhaite une décision rapide en référé pour stopper immédiatement les travaux et que ce soit un coup mortel pour le projet à quelques mois des élections." A la place, Trans'Cub préconise le maintien des navettes actuelles et une liaison Quinconces-Aéroport en tram-bus.