
En annonçant ce jeudi 14 juin en réunion du bureau de Bordeaux Métropole qu'il envisageait de retenir - le 6 juillet prochain - la candidature du groupe Veolia pour assurer la délégation de service public (DSP) de l'assainissement des eaux usées et de la gestion des eaux pluviales urbaines de Bordeaux Métropole, Alain Juppé, président de la Métropole, a dû raviver quelques tensions.
Le 28 mai dernier Trans'Cub, l'association citoyenne fondée en 1989 par Denis Teisseire, qui est déjà intervenue avec succès dans plusieurs grands dossiers bordelais, à commencer par celui du métro, proposait même son aide. Ce qui aurait pu ressembler à un clin d'œil sans en être un, étant donné que l'association poursuit Bordeaux Métropole devant le tribunal administratif au sujet du contrat de DSP sur l'adduction d'eau.
Trans'Cub a d'abord rappelé que les associations d'usagers, qui ont "largement contribué au contrat 2013-2018 de l'assainissement (quand le socialiste Vincent Feltesse présidait la communauté urbaine - NDLR), ont cette fois été totalement écartées". Avant d'enfoncer le clou avec un deuxième argument, celui d'une comparaison entre les deux grandes options possibles.
275.000 usagers liés à cette DSP
"En renonçant à effectuer une comparaison régie contre délégation, Bordeaux Métropole s''est privée d'un puissant levier face aux délégataires privés" estime ainsi Trans'Cub. L'association évoque un contrat de 350 M€, à raison de 50 M€ annuels pendant sept ans. Cette option de la régie, qui permettrait à Bordeaux Métropole de gérer en direct, a été fermement défendue par les élus d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), qui rappellent que c'est le système qu'ils veulent voir appliqué pour l'eau et l'assainissement.
Ce contrat de DSP, jusque-là détenu par Suez, s'achève et doit être renouvelé pour la période 2019-2025. D'une durée de sept ans, il intègre la gestion de six stations d'épuration, d'une capacité de 1,1 million équivalents-habitants, et 4.200 km de réseaux eaux usées et eaux pluviales urbaines pour 275.000 usagers assujettis. Comme le souligne Bordeaux Métropole, ce contrat de DSP va permettre de confier à une société dédiée un programme de renouvellement des canalisations et d'ouvrages d'assainissement, ainsi que des évolutions du remarquable centre de télécontrôle Ramsès, qui permet de suivre et de canaliser en temps réel l'écoulement des eaux de pluie sur le territoire métropolitain.
Trans'Cub saisit le procureur de la République
Font également parties de cette délégation les prestations relevant de la compétence Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations). S'appuyant sur un article publié par "Sud Ouest" le 5 mai, Trans'Cub estime que le renouvellement de cette DSP génère d'énormes tensions au sein de Bordeaux Métropole. En particulier entre les fonctionnaires qui pencheraient pour Veolia, dont l'offre, étudiée par un cabinet privé, serait un peu moins coûteuse, et certains élus qui défendent Suez.
Des tensions si vives que des accusations de corruption auraient été lancées entre les deux camps. Face à cette situation Alain Juppé n'a fait connaître sa préférence pour Veolia qu'après "la présentation du rapport de l'Inspection générale sur le déroulement de la procédure d'appel d'offres qui a conclu à sa conformité" précise dans un communiqué officiel Bordeaux Métropole. Trans'Cub ne baisse pas pour autant les bras. L'association estime ainsi que, malgré l'intervention de l'Inspection générale des services, la décision qui devrait être validée le 6 juillet est entachée par un conflit d'intérêt.
"Le cabinet d'avocats qui a conseillé de retenir le dossier Veolia est également impliqué dans des procédures de justice où il défend Veolia" résume Jacques Dubos, président de Trans'Cub. L'association entend étudier en détail les pièces à partir desquelles les élus devront décider de leur vote le 6 juillet. D'autre part l'association a décidé de porter ce dossier à la connaissance du procureur de la République.
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