Les trottinettes électriques Lime suspendues à Bordeaux

Par Mikaël Lozano  |   |  642  mots
Plus aucune trottinette n'apparaît sur l'application qui permettait de les géolocaliser et de les débloquer (Crédits : La Tribune / Mikaël Lozano)
Le service de trottinettes électriques en libre service et sans bornes (free floating) Lime-S a été suspendu ce mercredi matin à Bordeaux, un gros mois à peine après leurs débuts. L'entreprise américaine a accepté cette demande formulée par la mairie de Bordeaux, le temps qu'un cadre d'exercice soit trouvé. Son concurrent Wind reste - pour l'heure - actif.

La voisine du Sud aurait-elle fait des émules ? La mairie de Toulouse vient d'interdire l'activité de la société américaine Lime dans ses rues, trois jours à peine après le déploiement de trottinettes électriques en libre service. Une décision rapide et ferme qui a peut-être inspirée la Ville et la Métropole de Bordeaux. Car pour mémoire, Lime avait bien discuté avec les services bordelais avant son arrivée. Il leur avait été demandé un peu de patience, le temps qu'un cadre vienne réglementer ce nouveau type de mobilité douce. Le fait que les trottinettes puissent rouler sur les trottoirs, à des vitesses dépassant les 20 km/h, mais aussi plus largement l'absence de charte de bonne conduite, la possibilité de laisser les engins n'importe où dans la rue... posent problème aux collectivités. Mais Lime était passée outre la demande des services communaux et avait démarré sans attendre son service, le 26 septembre, officiellement "pour une période de test". La Ville avait alors râlé par la voix de son maire Alain Juppé, mais n'avait pas imposé de suspension de service, contrairement à Toulouse qui avait montré les muscles. Elle s'était contentée d'un envoi de courrier à Lime. Qui a répondu ce matin via un communiqué de presse tout en rondeurs, sans en informer au préalable la collectivité.

En attente d'un cadre

Ce matin, Lime a donc annoncé :

"En parfait accord avec la demande formulée par le maire de Bordeaux, Lime France a décidé de suspendre son service de trottinettes électriques en libre-service dans la métropole de Bordeaux. Soucieux de donner un cadre pérenne à son activité, Lime propose à la mairie d'ouvrir un dialogue pour rendre à nouveau possible l'accès des Bordelais à ce service dans des conditions optimales."

Ce que l'histoire ne dit pas, c'est le poids des dégradations et vols que subissent tous les acteurs du free floating dans cette décision de Lime. On se rappelle des vélos Indigo Weel déployés à 2.000 exemplaires à Bordeaux et dont 600 seulement sont aujourd'hui disponibles, en raison des vols et incivilités...

Les trottinettes Lime ont donc disparu de l'application dès ce matin. Celles de son petit concurrent allemand Wind, bien moins nombreuses mais elles aussi utilisables via une application permettant de les géolocaliser et de les débloquer, étaient en revanche toujours actives ce mercredi midi à Bordeaux. La ville et la métropole n'ont pas pu se manifester auprès d'elle car... elles n'ont jamais été en contact. Les deux collectivités n'ont pas de point d'entrée auprès de la société allemande qui opère Wind.

Il est peu probable que Lime revienne à très court terme, même si la société dit qu'elle "propose l'ouverture de concertations et réflexions avec la mairie de Bordeaux pour rapidement rendre à nouveau possible l'accès des Bordelais à ce service dans des conditions optimisées". Car c'est l'Etat qui dictera le tempo.

"Le développement des trottinettes électriques et des gyropodes est une très bonne nouvelle, mais nous devons leur donner la possibilité de se développer dans un cadre harmonieux", affirmait il y a quelques jours à La Tribune la ministre des Transports Elisabeth Borne. "Les piétons sont ceux qui sont le plus gênés par la multiplication de ces nouveaux modes de déplacement. Nous allons ajuster le Code de la route pour interdire les engins électriques sur les trottoirs. Les acteurs du free floating doivent aussi être sensibilisés, responsabilisés. Nous permettrons aux collectivités de définir des cahiers des charges pour que ces nouvelles mobilités se développent de manière harmonieuse."

Le maire de Bordeaux envisage pour sa part un système de licence qui serait accordé aux opérateurs de free floating.