La gare de Bordeaux Saint-Jean change de dimension

Par Mikaël Lozano  |   |  679  mots
Patrick Ropert (Gares & Connexions), Alain Juppé (Bordeaux Métropole), Alain Rousset (Conseil régional) et Michel Delpuech (préfecture d'Aquitaine)
La première pierre de l'extension de la gare ferroviaire Saint-Jean à Bordeaux a été posée ce vendredi midi, côté Belcier. Un geste symbolique pour un chantier colossal qui nécessite un investissement de 95 M€ afin de voir émerger un véritable pôle multimodal.

C'est une étape de plus en attendant la ligne à grande vitesse (LGV) depuis Paris via Tours, à l'été 2017. Depuis sept ans maintenant, la gare Saint-Jean de Bordeaux fait l'objet de travaux incessants, réalisés tout en maintenant l'exploitation des voies. Entre 2008 et 2013, le bâtiment voyageurs historique a subi un programme de modernisation important, qui se prolonge encore aujourd'hui par des remises à niveaux, notamment concernant l'amélioration de l'accessibilité des quais aux personnes à mobilité réduite.

Mais avec 18 millions de voyageurs attendus chaque année dès 2017, la LGV va changer la donne. Un phénomène qui se conjugue à l'augmentation constante du trafic TER. En découle l'extension devenue incontournable de la gare côté Belcier initiée par SNCF Gares & Connexions, en charge de la gestion des 3.029 gares françaises.

Un maître-mot : multimodal

Le projet nécessite un investissement de 95 M€ (dont 56 M€ d'investissement public). Vinci Park apporte à lui seul 39 M€, suivi de SNCF Gares & Connections (20 M€), l'Etat et le Conseil régional (9,8 M€ chacun), Bordeaux Métropole (7,8 M€), SNCF Réseau (4 M€), Bordeaux Euratlantique (2,55 M€) et enfin la ville de Bordeaux (2 M€).

Cette extension prévoit la construction d'un pôle d'échange multimodal (train, bus, tramway, vélos...) avec un hall et des espaces voyageurs de 2.500 m2 ainsi que des services et commerces sur 1.800 m2 pour dynamiser le quartier Belcier, deux parkings, une vélo station, un parvis. Les travaux de gros œuvre ont débuté et se poursuivront l'an prochain. Les aménagements intérieurs sont programmés début 2017 pour une ouverture dans le courant du printemps. L'ensemble prendra une tournure très moderne avec sa façade vitrée, par opposition à l'actuel bâtiment chargé d'histoire.

La "Porte du Sud"

Ce vendredi midi, au moment de poser officiellement la première pierre, Patrick Ropert, directeur de Gares & Connexions, a rappelé les deux écueils majeurs du chantier : un timing serré à tenir avant l'été 2017 et un environnement urbain, donc contraint. Le maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole Alain Juppé s'est lui employé à resituer le contexte économique et géographique, au cœur de l'opération d'intérêt national Bordeaux Euratlantique, destiné à accueillir du logement et 15.000 emplois. Président du Conseil régional, Alain Rousset envisage lui que ce quartier devienne "la Porte du Sud" et insisté sur l'importance d'une prolongation de la grande vitesse vers l'Espagne et vers Toulouse : "C'est cette bataille que nous allons débuter. Attendez-vous à ce que ça vibre !" Quant au préfet d'Aquitaine, il a salué "un moment important dans l'histoire ferroviaire de l'Aquitaine et au-delà".

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Interview

Patrick Ropert, directeur de Gares & Connexions

L'extension de la gare côté Belcier est une chose, mais d'importants travaux sont aussi en cours au sein du bâtiment actuel. Comment avance la réfection de la verrière ?

"Nous aurons entièrement fini la couverture de la halle d'ici l'été. Il s'agit déjà d'un chantier impressionnant, très « graphique » avec ces échafaudages qui s'entrecroisent... Nous installons ces derniers de nuit et menons les travaux de jour. La remise en état devrait être achevée vers mars ou avril 2016."

Le débat semble diviser : quelle sera la couleur de la peinture de la verrière ?

"Effectivement, il y a débat car nous avons constaté un décalage entre le bleu sur les aquarelles de l'époque et le gris que nous avons recueillis en grattant sur site. Nous nous dirigeons vers un bleu. Mais quel bleu, c'est encore une histoire à trancher..."

Alain Juppé comme Alain Rousset ont fait part à la SCF de leurs inquiétudes concernant la fréquence des TGV. Les premières hypothèses ne semblent pas leur convenir. Que leur répondez-vous ?

"Certains veulent un maximum de trains directs entre Bordeaux et Paris, d'autres souhaitent des arrêts à Angoulême, etc... C'est précisément pour cela que nous venons de nommer un médiateur. Il sera chargé de trouver un équilibre, ce qu'il y a de mieux dans l'intérêt général."