Alain Juppé veut que "Ford assume ses responsabilités" à Blanquefort

Par Mikaël Lozano  |   |  743  mots
Ford Aquitaine Industrie emploie actuellement près de 900 personnes
Le maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole Alain Juppé met la pression sur Ford, incitant l'entreprise à "prendre ses responsabilités" et à trouver une solution pour les 900 emplois menacés à Ford Aquitaine Industrie. Avec Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, il demande "en urgence une réunion au plus haut niveau".

Même si la tendance n'était guère optimiste ces dernières semaines, la décision de Ford de ne pas fabriquer sa nouvelle boîte de vitesse par Ford Aquitaine Industries, à Blanquefort en Gironde, a été vécue comme un coup de massue. Près de 900 salariés sont menacés. Les élus n'ont pas tardé à réagir. Maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole, Alain Juppé a organisé une conférence de presse dès ce mardi après-midi, quelques heures après le communiqué officiel de Ford, pour donner son point de vue :

"Nous prenons acte de cette décision avec un grand regret. Je comprends parfaitement l'émotion des salariés et de leurs organisations représentatives. Je demande instamment au ministre de l'Economie Bruno Le Maire de nous réunir pour voir les décisions à prendre de façon à suivre ce dossier. Je crois d'ailleurs que c'est son projet, un rendez-vous devrait être fixé d'ici la fin de la semaine. Il s'agit d'assurer le retournement du site pour maintenir son activité industrielle et la pérennité du millier d'emplois à Blanquefort. On ne peut pas en dire plus à ce stade mais nous sommes tout à fait mobilisés pour que Ford assume ses responsabilités."

Alain Juppé semble avoir fait le deuil d'une dernière volte-face de Ford. Et s'il se refuse à tirer à boulets rouges sur l'entreprise, il met néanmoins la pression :

"Ford avait signé une convention en prenant des engagements en matière d'emplois en compensation des aides apportées par l'Etat et les collectivités, 15 M€ (dont 2 M€ de la Métropole et 8 M€ des collectivités pour compenser le chômage technique, NDLR). Cette convention arrive à échéance (en mai, NDLR). Il y a d'ailleurs une coïncidence assez facile à comprendre entre la date d'annonce de cette décision et la fin de cette convention. On n'est plus dans ce cadre-là, ce n'est pas pour autant que Ford peut se libérer de toutes ses responsabilités, la loi prévoit d'ailleurs que dans ce cas de cessation d'activité, l'entreprise a l'obligation de trouver un repreneur."

Fait suffisamment rare pour être mentionné, Bordeaux Métropole et le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine ont publié un communiqué commun en milieu d'après-midi, signe de l'urgence de la situation :

"Cette annonce aux représentants du personnel confirme les inquiétudes maintes fois exprimées par les collectivités territoriales quant au maintien de l'activité de l'usine sous la bannière Ford. Ainsi est ouverte la voie à un abandon du site par Ford à l'horizon 2020. Les collectivités territoriales, aux côtés de l'Etat, ont tout fait pour conforter ce site industriel depuis des années. Le Conseil régional s'est notamment engagé ces tous derniers mois à proposer aux dirigeants de Ford des solutions de diversification dans le domaine du véhicule électrique auxquelles l'usine Ford aurait pu prendre toute sa part. Il est de la responsabilité de l'industriel d'offrir une alternative de retournement du site. La Métropole et la Région, avec l'Etat, veilleront ensemble à accompagner des solutions de nouvelles fabrications ou de reconversion pour ce site emblématique de l'industrie girondine et de la Nouvelle-Aquitaine."

Autre réaction parvenue plus tard dans l'après-midi, celle de Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde :

"La décision du groupe Ford de ne pas réinvestir sur le site de Blanquefort est un véritable choc pour notre territoire. Cette annonce est d'autant plus inacceptable que le bénéfice net de Ford a fait un bond de 65,4% en 2017 pour s'établir à 7,6 milliards de dollars et que le groupe a bénéficié par le passé de nombreuses aides publiques. En 2013, le Conseil départemental s'était mobilisé pour le sauvetage de l'usine, aux côtés de l'Etat et des autres collectivités territoriales, pour une subvention totale d'un montant de 25 millions d'euros. Cet investissement public prévoyait en retour un engagement du constructeur à maintenir un niveau de 1 000 emplois sur le site pendant au moins cinq ans.
Annoncé tout juste au terme de ses obligations contractuelles, ce désengagement de Ford sonne comme une trahison pour les élus et les collectivités locales qui se sont toujours mobilisés pour maintenir l'activité sur le site. Par ailleurs, dans un contexte de reprise du marché automobile européen, cette décision s'inscrit à contre-courant des prévisions économiques pour le secteur."