Le gouvernement a un problème avec Ford

En visite à l’usine Ford Aquitaine Industries (FAI), ce jeudi matin, Jean-Pierre Floris, Délégué interministériel aux restructurations d’entreprises, a confirmé que le gouvernement, dont Bruno Le Maire est le ministre de l’Economie, a un problème avec Ford.
Philippe Poutou, à gauche, au côté de Gilles Lambersend, secrétaire CGT du comité d'entreprise de FAI, fait désormais confiance au gouvernement.
Philippe Poutou, à gauche, au côté de Gilles Lambersend, secrétaire CGT du comité d'entreprise de FAI, fait désormais confiance au gouvernement. (Crédits : J. Philippe Déjean)

Nul ne sait s'il y aura une issue positive au dossier industriel que constitue Ford Aquitaine Industries (FAI), à Blanquefort (Bordeaux Métropole), et personne ne peut parier que l'épilogue de cette énième saison de la série "Quel avenir pour Ford Aquitaine Industries ?" se déroule en grand apparat dans le bureau du ministre de l'Economie et des finances, Bruno Le Maire, comme le souhaitent certains.

Ce qui est sûr en revanche, c'est que le gouvernement est pleinement mobilisé sur ce dossier et que Jean-Pierre Floris, Délégué interministériel aux restructurations d'entreprises, et Didier Lallement, préfet de la Gironde et de Nouvelle-Aquitaine, qui étaient ce jeudi matin dans les locaux de FAI, où ils ont rencontré les dirigeants de l'entreprise et les syndicalistes, ont confirmé à leur façon que le dossier de FAI est bien devenu une cause nationale. "Nous ne lâcherons rien", a prévenu le préfet, dans un style plutôt cégétiste, après que Jean-Pierre Floris ait confirmé : "Oui, nous avons un problème avec Ford".

50.000 carters à fabriquer en plus

La mobilisation gouvernementale est d'autant plus maximale que Bruno Le Maire est à la manœuvre.

"Il a appelé le patron de Ford Europe, Steven Armstrong, pour avoir une réponse sur l'avenir du site, sa pérennité, et il s'est entendu répondre que Ford ferait le maximum pour préserver l'emploi dans l'usine de Blanquefort. Ce n'est pas ce que nous voulions entendre. Et le ministre a manifesté son irritation concernant le déplacement de la date du comité de suivi. Bruno Le Maire a également contacté Jim Hackett, le président mondial de Ford, pour prendre rendez-vous avec lui", déroule Jean-Pierre Floris.

Dans un communiqué diffusé ce jeudi matin "concernant la visite de Messieurs Jean-Pierre Floris (délégué interministériel aux restructurations d'entreprises) et Didier Lallement (préfet pour la Région Nouvelle-Aquitaine)" le groupe Ford Motor Company (FMC) déclare que "les volumes de production à FAI demeurent saints à court terme et nous confirmons ce jour une augmentation de la production du carter moteur 1.0 EcoBoost de 300.000 à 350.000 unités annuelles". Avant de conclure : "Nous rappelons également notre engagement à maintenir le processus du comité de suivi tripartite concernant la pérennité de Ford Aquitaine Industries. Les prochaines étapes seront discutées lors de la prochaine réunion tripartite".

Sur ce dossier le ministre de l'Economie et des finances est en première ligne (DR)

Bruno Le Maire veut savoir en premier

Une date devrait être rapidement trouvée pour caler la prochaine réunion de ce comité de suivi tripartite concernant Ford Aquitaine Industries. Mais le plus important n'est pas là. Lors de cette prochaine tenue du comité de suivi, le groupe Ford va rendre l'étude concernant la faisabilité de la fabrication à FAI de la boîte de vitesses 8FMid. Ce que n'accepte pas le staff du ministre de l'Economie, c'est que Ford puisse rendre cette étude sans dire si finalement la boîte 8FMid sera fabriquée ou non par FAI.

"Nous avons demandé à Ford de se prononcer à ce sujet avant la remise du document et la tenue du prochain comité de suivi. Quelle que soit la décision du constructeur automobile nous la garderons secrète pendant un moment, pour pouvoir négocier", a indiqué Jean-Pierre Floris.

Selon lui l'idée d'un grand raout sur ce dossier au ministère de l'Economie n'est pas une priorité ni même une hypothèse. "A la fin il faut que la décision soit celle des dirigeants de Ford. Qu'ils puissent dire "voilà notre décision" et que ça ne soit pas celle de l'Etat", illustre Jean-Pierre Floris.

Philippe Poutou y croit

La stratégie du gouvernement fait globalement l'unanimité dans les syndicats, à commencer par la CGT.

"Oui c'est un peu nouveau, mais nous faisons confiance au gouvernement. Nous espérons qu'ils sont en train de mettre la pression sur Ford, ils nous l'ont dit et c'est tout à fait crédible. Le gouvernement joue la transparence et ça donne confiance. Nous nous faisons blouser par Ford et aujourd'hui même le préfet le dit. Ce qui démontre que le gouvernement ne bluffe pas. La dernière fois le préfet nous disait « allez-y mollo » mais pas cette fois-ci. Bien sûr il est tout à fait possible que Ford refuse de faire fabriquer la 8FMid ici", décrypte Philippe Poutou, délégué CGT de FAI et ex-candidat du NPA à l'élection présidentielle.

En attendant l'espoir semble renaître chez les représentants syndicaux, même si l'euphorie n'est pas de mise.

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Commentaires 6
à écrit le 02/02/2018 à 13:13
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je croyais que les interventions de l'Etat dans la gestion des entreprises, ce n'était pas une bonne chose ? J'ai dû me tromper. Ah le bon temps de MONTEBOURG ou il fallait tout critiquer.....

à écrit le 02/02/2018 à 10:06
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Un bras de fer oppose les états unis à l'UE, un peu comme si Stallone en faisait un avec Minc ou Schauble, parce que les vilains américains veulent faire payer des impôts aux riches et arrêter d'utiliser les paradis fiscaux européens ces monstres ! ...

le 02/02/2018 à 15:40
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"..les vilains américains veulent faire payer des impôts aux riches.." On ne doit pas lire la meme presse alors.....

à écrit le 02/02/2018 à 10:01
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Soyons logique nationalisons l'usine Ford pour le plus grand plaisir de Poutou de la Ligue Révolutionnaire et de la CGT et laissons les travailleurs gérer cette entreprise à leur profit. Après il faudra vendre la production ??? Nous voyons là toutes ...

à écrit le 01/02/2018 à 20:24
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Si je comprends bien, malgré ses volumes de production sains, le groupe n'est pas en odeur de sainteté auprès du gouvernement

à écrit le 01/02/2018 à 19:17
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On sanctifie la production mais les martyrs sont sains et sauf!!!

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