Retoqués en préfecture, deux parcs solaires finalement autorisés par la justice dans la forêt des Landes

Par Maxime Giraudeau  |   |  519  mots
(Crédits : Agence APPA)
La cour administrative d'appel de Bordeaux a validé la construction de deux parcs photovoltaïques au nord de la forêt des Landes de Gascogne. La décision fait suite au refus des préfectures de la Gironde et du Lot-et-Garonne d'autoriser le défrichement et met en lumière les difficultés à accélérer le déploiement des énergies renouvelables.

Six ans pour obtenir une autorisation. Deux parcs photovoltaïques en projet depuis 2018 au nord de la forêt des Landes ont obtenu un jugement favorable de la cour administrative d'appel de Bordeaux pour leur construction. Les préfectures de Gironde et du Lot-et-Garonne avaient refusé les demandes de permis de construire au motif d'un risque incendie trop élevé au regard de la proximité avec le massif forestier.

Par le jugement du 21 mars, les administrations sont priées de délivrer les autorisations réglementaires alors que la cour a constaté que « les projets intègrent l'ensemble des mesures de prévention recommandées par les services départementaux d'incendie et de secours ainsi que par l'association régionale de défense des forêts contre l'incendie [DFCI] ».

Un soulagement pour le développeur Renner Energies qui veut construire deux parcs de 36 et 21 hectares sur les communes de Lucmau et Pindères. « En Gironde on a déjà vu des refus, ça arrive pour des parcs d'énergies renouvelables mais ils sont motivés. Sur ces projets-là, le refus n'était pas argumenté et pas en adéquation avec les avis reçus lors de la concertation », rejoue Mathilde Ardeois, responsable du développement en énergies renouvelables Sud-Ouest pour Renner Energies.

Couvrir 3 % de la forêt

Les développeurs sont contraints d'intégrer à leurs sites des infrastructures pour appréhender le risque incendie. Bandes de défrichement, citernes ou pistes d'accès sont obligatoires pour prétendre au feu vert des services instructeurs. De quoi mieux intégrer les parcs dans le milieu forestier, sans pour autant annuler tout risque de départ de feu. La Gironde a subi plusieurs cas de mauvaise gestion l'été dernier, déclenchant l'inquiétude dans les massifs concernés.

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Depuis le lancement des projets de Renner Energies en 2018, les préfectures ont été priées de faciliter l'implantation d'énergies renouvelables dans le cadre de la loi Aper. La France est en retard sur ses objectifs et doit donc accélérer le déploiement des installations. Mais chez les énergéticiens, dans le photovoltaïque comme dans l'éolien, la nouvelle donne n'est que théorique. « La loi Aper n'est pas venue accélérer les procédures. On ne constate pas d'accélération sur l'instruction des projets », observe Mathilde Ardeois.

Des difficultés qui se posent alors que l'arrivée de parcs en zone forestière est souvent mal perçue et pose cette question : pourquoi ne pas déployer les infrastructures sur des zones déjà urbanisées ? « On sait que les toitures et les parkings ne suffiront pas pour arriver aux objectifs de la transition énergétique. Pour la forêt des Landes, on estime que cela concerna 3 % de la surface forestière », évoque un représentant du développeur girondin Valorem. Le secteur est confronté aux questions des procédures administratives et de l'acceptabilité, sur lesquelles il doit encore travailler pour lever les freins.

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