Bordeaux - Toulouse et Bordeaux - Espagne ont du plomb dans l'aile

Par Mikaël Lozano  |   |  704  mots
La gare Saint-Jean doit accueillir la LGV en 2017, mettant Bordeaux à deux heures de Paris. Pour sa prolongation vers le Sud, cela semble plus compliqué...
Le gouvernement souhaite consacrer l'ensemble des moyens financiers disponibles à la maintenance du réseau. C'est pourquoi il a décidé de différer les projets ferroviaires nouveaux, a annoncé mercredi à l'Assemblée nationale le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies. Les tronçons de ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux - Espagne et Bordeaux - Toulouse prennent du même coup du plomb dans l'aile.

2022, 2024, ou plus du tout ? La mise en fonction d'une LGV Bordeaux - Toulouse semble de plus en plus compliquée à envisager, et c'est tout aussi vrai pour Bordeaux - Espagne. C'est en tout cas ce qui ressort du discours, tenu hier, d'Alain Vidalies. Le Landais, secrétaire d'Etat aux Transports, était interrogé par la députée PS des Côtes-d'Armor, Viviane Le Dissez :

"Il faut passer du curatif au préventif et c'est pour répondre à ce défi que SNCF Réseau (le gestionnaire des infrastructures ferroviaires, NDLR) a informé un certain nombre d'élus que de nouveaux travaux d'amélioration, de construction de nouvelles gares, allaient être différés de deux ans."

La priorité : améliorer la qualité des transports du quotidien

"Le gouvernement fait un choix. Il l'annonce : c'est celui de la priorité à la maintenance, c'est celui de la priorité aux trains du quotidien", a-t-il expliqué, estimant que "c'est le défaut de maintenance qui explique les incidents du quotidien".

"On ne peut pas s'engager à tout faire en même temps. Il y a une priorité. (...) Nous ne pouvons pas continuer à regarder le réseau se dégrader et les transports au quotidien venir altérer la vie quotidienne notamment de ceux qui les utilisent pour aller travailler", a-t-il ajouté.

Et le ministre de renchérir :

"Il ne saurait être question que la sécurité soit mise en cause".

Alain Vidalies a déploré "les choix qui ont été faits ces dernières années notamment de lancer quatre LGV (lignes à grande vitesse) nouvelles en même temps, (qui) se sont faits au détriment (...) de l'entretien des infrastructures existantes, et aujourd'hui (de) la fiabilité du réseau, en partie".

Le ministre a ainsi appelé "à la responsabilité de chacun, à la responsabilité des élus, dont certains ont déjà été informés, à la responsabilité aussi de la SNCF, à qui (il a) donné des instructions très précises".

Chimères

Ces propos, Gilles Savary les applaudit.

"Je ne comprenais pas comment l'hypothèse LGV pouvait tenir, assène le député girondin. L'Etat est assigné à faire refaire les lignes existantes, qui ont été abandonnées. Avec deux accidents qui auraient pu être très graves en décembre, le ministre a pris un coup de chaud. Avec cette intervention, il fait preuve de courage en expliquant que le vrai sujet, c'est l'obsolescence du réseau, dans un état soviétisé. Il indique que l'Etat ne pourra pas honorer ses engagements en matière de nouveaux projets."

De là à enterrer les projets de prolongation de la LGV vers Toulouse et l'Espagne ?

"On ne peut pas être dupes de nos illusions. Arrêtons de nous accrocher à des chimères ! Le modèle économique des LGV est intenable. Nous devrions plutôt réclamer des dessertes moins rapides certes mais surtout moins coûteuses, et lancer des études alternatives. S'entêter ne nous fera prendre que du retard."

Maire Modem de Mont-de-Marsan et présidente du Marsan Agglomération, Geneviève Darrieussecq n'est pas du même avis :

"Je pense que c'est une nouvelle qui ne prépare pas l'avenir et qu'il est dommage de ne pas considérer les LGV comme susceptibles d'améliorer "les transports du quotidien". Un TGV ne s'arrête pas partout certes pour être performant. Mais sur ces lignes LGV il est possible de développer pour le quotidien des populations des TER Grande Vitesse qui permettraient un excellent maillage territorial et qui amélioreraient considérablement le développement des transports du quotidien en terme de fréquence et de gain de temps. Dans notre région pour le cas de la ligne actuelle Bordeaux_  Espagne ce sera impossible. Donc l'automobile continuera de prospérer ! Et nous renoncerions définitivement à une liaison très efficace interrégionale avec Toulouse."

De leur côté, les conseillers régionaux aquitains UMP/NC/CPNT, "engagés fortement dans la défense des projets LGV aquitains essentiels pour l'avenir de la région", demandent dans un communiqué "le respect des engagements pris". Ils dénoncent "ce nouveau désengagement de l'Etat" et "attendent d'Alain Rousset qu'il fasse preuve de détermination et de la plus grande fermeté sur ces deux projets".