A Bordeaux, plus de 100 M€ de travaux du tramway gelés par le tribunal

Par Jean-Philippe Déjean  |   |  496  mots
L'extension du tramway au nord de la CUB est à l'origine de la crise.
La décision du tribunal administratif de Bordeaux d’annuler la déclaration d’utilité publique de la ligne D du tramway et du tram-train sème le trouble chez les élus de la Communauté urbaine de Bordeaux.

Président (UMP) de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), Alain Juppé a réuni ce vendredi matin en session extraordinaire tous les élus concernés par la création de la ligne D du tramway et celle du tram-train, qui doit relier Bordeaux Nord à Blanquefort par le tram après le réaménagement sur 7,2 kilomètres de la voie ferrée qui dessert le Médoc jusqu'au Verdon. La décision prise par le tribunal administratif de Bordeaux d'annuler les arrêtés préfectoraux déclarant d'utilité publique la ligne D (vers Eysines) et le tram-train, à la suite des interventions de plusieurs associations, dont Trans'Cub, a un air de catastrophe.

En janvier dernier, Trans'Cub avait essayé d'obtenir un jugement en référé du tribunal administratif de Bordeaux pour éviter qu'une éventuelle annulation tombe en pleins travaux. C'est raté. S'ils ont pris du retard, les travaux du tram-train sont en effet lancés, tandis que la préparation du chantier du tramway de la ligne D bat son plein. "Nous allons demander un sursis à exécution du jugement car les travaux du tram-train sont très avancés et que la décision du tribunal administratif entraîne comme conséquences un risque de perte de subventions publiques et de pénalités de la part des entreprises engagées dans ce chantier", a résumé Alain Juppé.

Travaux suspendus

Le projet du tram-train est soutenu en particulier par le groupe Caisse des dépôts dans le cadre des Investissements d'avenir (fonds Ville de demain). La demande de sursis à exécution du jugement pourrait prendre des mois avant d'être validée ou invalidée par le tribunal et pendant tout ce temps, les travaux seront suspendus !

Le coût du tram-train est évalué à un peu plus de 100 M€. Lancé des deux côtés de la rocade, il s'est déjà traduit par la réalisation de quelques stations, comme celle de La Vache, à Bruges, l'achèvement des infrastructures et la pose de plusieurs centaines de mètres de ligne mixte.

A l'inverse, le projet de la ligne D du tramway est en phase préparatoire, avec la déviation des lignes de bus dans le quartier du Jardin Public. Les risques les plus lourds se concentrent ainsi sur le chantier du tram-train. Alain Juppé a indiqué que l'ampleur du risque financier était en cours d'évaluation. "En rien notre volonté de développer le tramway n'est entamée" a tenu à souligner Alain Anziani, vice-président (PS) de la CUB. Bien décidés à défendre ces deux projets, les élus de la CUB vont faire appel de la décision du tribunal administratif de Bordeaux. "Il ne faut pas perdre du vue que ce type de procédure se compte en mois, parfois en années" a rappelé Alain Juppé. Attaquée sur une question de vice de procédure, la CUB va relancer deux procédures d'enquêtes publiques.