Philippe Madrelle : "Je pense que les Départements vont être sauvés"

Par Mikaël Lozano  |   |  745  mots
Philippe Madrelle, président du Conseil général de la Gironde
Président socialiste du Conseil général de la Gironde, Philippe Madrelle s'est prononcé ce matin sur l'avenir des Départements, espérant la bataille gagnée ou presque vis-à-vis de ceux qui appellent à leur disparition. L'élu, en lice pour un nouveau mandat de sénateur, reste un farouche défenseur de cet échelon indispensable selon lui en matière de solidarité et de défense des territoires ruraux. Et appelle les membres du PS à s'unir derrière François Hollande et Manuel Valls.

Invité du Club de la presse de Bordeaux ce lundi matin, Philippe Madrelle est resté fidèle à son habitude : marteler, sans cesse, l'importance des conseils généraux. Revue de détails de ses prises de position, point par point.

Les frondeurs

"Depuis 1905, il y a toujours eu des divisions au Parti socialiste. On peut dire ce que l'on a à dire au sein même du PS mais à partir du moment où il y a une ligne qui est retenue, il faut la respecter ou alors, si l'on estime que la politique choisie est mauvaise, quitter le parti. Je ne demande pas à ce que les frondeurs quittent le PS : je vais voir ce qu'ils vont faire au moment du vote de confiance à Manuel Valls. Pour ma part, je suis le Premier ministre et le président de la République. Qu'on me traite de social-démocrate ne me dérange pas."

"Est-ce que je fais confiance au Medef ? Non."

Le pacte de responsabilité

"Manuel Valls a eu droit à une standing ovation du Medef lors de leur université d'été. On va voir maintenant si les patrons lui rendent la pareille. Si l'on baisse leurs charges, il faut du donnant-donnant. Le patronat doit s'engager à créer des emplois pour lutter contre le cancer qu'est le chômage. Est-ce que je fais confiance au Medef ? Non. Il faut des engagements fermes et être très exigeant. Je le répète, ce pacte doit être du donnant-donnant."

Alain Juppé et sa candidature aux primaires UMP

"Indiscutablement, il a l'étoffe et les capacités. Mais c'est l'affaire de l'UMP ! Ce qui me fait sourire, c'est que l'UMP a raillé les primaires organisées pour la première fois par le PS en amont de la dernière présidentielle. Tout compte fait, ils trouvent ça pas mal, finalement... Nicolas Sarkozy va certainement parler dans les prochains jours. Quand on voit les sondages, on se dit que ce n'est pas gagné pour Juppé."

La défiance vis-à-vis du champ politique

"Un climat comme aujourd'hui, je ne l'ai jamais connu. Il y a un rejet des politiques. Le seul qui n'est pas vilipendé, ou moins que les autres, c'est le maire. Les gens sont impatients et veulent des résultats tout de suite. Malheureusement, il n'existe pas de solution miracle. Il nous faut mieux informer les citoyens, notamment de l'urgence de résorber une dette française qui a explosé."

"Je ne souffre pas d'intoxication carriériste"

Le probable basculement du Sénat à droite

"Les résultats des dernières élections municipales n'ont pas été bons pour nous, c'est un euphémisme. Mais le Sénat n'est renouvelé que partiellement et je crois que nous partons donc avec quelques sièges d'avance. En Gironde, nous allons nous battre pour conserver nos 3 sièges."

L'avenir des conseils généraux, et son avenir personnel

"Je ne souffre pas d'intoxication carriériste (Philippe Madrelle a été réélu en 2011 pour un 11e mandat de président du Conseil général de la Gironde, NDLR). Mais au moment où l'on parle de la fin des départements, que je considère comme un des piliers de la République, au moment donc où l'on est en plein combat, je ne descendrai pas du ring. L'émergence de grandes régions avec la réforme territoriale va faire renaître des rivalités entre territoires, des féodalités telles qu'on les a connues avant la Révolution. Il faut garder un échelon de proximité. Sur les 542 communes de Gironde, 480 sont à dominante rurale. Si le Conseil général n'était pas là, qui s'occuperait de la rénovation des petits villages et de leurs équipements ? Nous consacrons 900 millions d'euros à la solidarité, nous construisons des collèges, nous investissons 145 millions d'euros dans la ligne à grande vitesse alors que la ville de Bordeaux met zéro, nous entretenons 7.000 km de routes départementales alors que personne ne vient nous aider. Si nous disparaissons, qui va payer ?
Nous sommes progressistes. Clarifier les compétences, oui. Simplifier, oui. Eviter les doublons, oui. Cette histoire de mille-feuilles m'amuse. Regardez l'Allemagne ou l'Espagne ! Je dis : si vous supprimez des feuilles, faites attention à ne pas supprimer la crème ! Je constate aussi que ceux qui demandent la suppression des Départements ne demandent pas la suppression des préfets. Mais si j'en crois les derniers discours, je pense que l'on va vers un maintien des Départements."