Alain Juppé renverse le tabou du tram à l’aéroport

Par Jean-Philippe Déjean  |   |  591  mots
L'élection d'Alain Juppé à la tête de la CUB a ouvert la voie de l'aéroport au tram (photo Agence Appa)).
Le président de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) a annoncé ce matin que le réseau du tram serait étendu jusqu’à l’aéroport international, un projet encore impensable avant les dernières municipales.

La question d'une liaison par tram entre Mérignac et l'aéroport de Bordeaux -Mérignac qui était tabou depuis la naissance en 2003 du réseau de tram-bus de la Communauté urbaine de Bordeaux (TBC), au point de ne plus vraiment se poser, devient un sujet d'actualité. Ainsi ce vendredi matin, lors du point presse d'avant le conseil de CUB, Alain Juppé, maire de Bordeaux, nouveau président de la communauté, a annoncé que cette liaison de 4 kilomètres de long était désormais au programme de l'extension du réseau !

Un retournement foudroyant produit par les dernières élections municipales, qui ont balayé une majorité PS de la CUB opposée à l'arrivée telle quelle des rails à l'aéroport. "Nous allons mettre ce projet de ligne avec l'aéroport par tram en priorité dans le schéma des déplacements. L'aéroport est en plein développement, la liaison que vient d'ouvrir Turkish Airlines vers Istambul va devenir quotidienne, il fallait que ça bouge" a sobrement commenté Alain Juppé. Un retournement d'autant plus notable que le gouvernement de la CUB fait toujours l'objet d'un accord de cogestion entre les forces de droite et de gauche.

Tram-bus : + 5,8 % pour les prix

A plus long terme, le président de la CUB n'a pas écarté l'idée de fermer le pont de Pierre, au centre de Bordeaux, à la circulation automobile quand le nouveau pont Jean-Jacques Bosc, entre Bègles et Floirac, sera ouvert (en 2018).

Dans l'immédiat, à compter du 1er août, la CUB va augmenter le prix des tarifs de TBC de 5,8 %. Ce qui permettra de répercuter le montant de la hausse de la TVA de 7 à 10 %, soit un surcoût de plus de 1,5 M€ en année pleine. La hausse du Tickarte 1 voyage à 1,50 € est ainsi confirmée, comme celle du Tickarte 10 voyages à 12 €. Avec cette hausse la CUB "reste bien placée" par rapport aux grandes agglomérations a souligné Alain Juppé. Ce réajustement tarifaire était d'autant plus important pour la nouvelle majorité, que le déficit d'exploitation de TBC se creuse. En 2013, les dépenses du réseau ont ainsi augmenté de 9,4 %, à 179 M€, tandis que les recettes progressaient de 5,5 %, à 59 M€. Evolution qui se traduit par un alourdissement du déficit global de 11,5 %, à 120,1 M€, soit une contribution forfaitaire de 183,3 M€ versée par la CUB au délégataire en 2013, et un recul de 3,6 % du taux de couverture des dépenses par les recettes (de 34,1 % en 2012 à 32,9 % en 2013).

Dépenses à + 4,8 %

Le plan d'économie annoncé lors de la première session du conseil de communauté de la nouvelle mandature, pour préserver les capacités d'autofinancement, est confirmé. La hausse de + 2 % des recettes en 2013, à 1,4 Md€, va de pair avec la montée en puissance des "dépenses réellement mandatées", soit + 4,8 %, à 1,2 Md€. Ce sont là les deux mâchoires de "l'effet de ciseau" qui motivent le plan d'économie. Effet attendu de la baisse des dotations d'Etat, ressources affaiblies par le contexte économique ou métropolisation vont alimenter une perte de vitesse significative des recettes alors que les besoins en investissements restent élevés.

Si 2013 a marqué un plus haut dans les investissements, à 483,7 M€, c'est qu'en plus de la montée en puissance de la phase trois de l'extension du réseau du tramway, il a fallu livrer le pont Jacques Chaban-Delmas, poursuivre le chantier de la ligne à grande vitesse (LGV) et de la mise à 2 x 3 voies de la rocade, dont l'avenir serait compromis. Le faible endettement de la CUB rassure Alain Juppé, qui veut éviter une dégradation des comptes.