Une fusion Aquitaine - Limousin ? L’idée est taillée en pièces par les acteurs aquitains

Par Mikaël Lozano  |   |  546  mots
Le Conseil régional d'Aquitaine
En attendant la prise de parole officielle de François Hollande demain, les spéculations vont bon train concernant le redécoupage des régions. Quelle sera la nouvelle carte adoptée ? Ces dernières heures, l’hypothèse d’un rapprochement de l’Aquitaine avec Poitou-Charentes a pris du plomb dans l’aile au profit d’une fusion Aquitaine – Limousin. Ces deux régions font-elles un couple crédible ? Clairement non si on écoute les responsables économiques et politiques aquitains. Verbatim.

Philippe Madrelle, président du Conseil général de la Gironde :

"Nous en Gironde, nous avons toujours eu le sentiment d'une plus grande proximité avec les deux Charentes. Elles seraient d'ailleurs favorables à l'idée de rejoindre l'Aquitaine si j'en crois les présidents des deux conseils généraux. En matière universitaire, médicale, les liens sont évidents. Le Limousin, ça en étonne beaucoup. On la pense plus tournée vers l'Auvergne que vers la façade atlantique. On pourrait aussi penser que l'Aquitaine se suffit à elle-même. "

Jean-François Clédel, président du Medef Gironde :

"Le Limousin tout seul n'a pas beaucoup de sens. Les études de la Datar montrent bien qu'il y a très peu de relations économiques entre nos deux régions, alors que ces échanges sont beaucoup plus soutenus avec le Sud de Poitou-Charentes. Une fusion aurait donc plus de sens, économiquement parlant, avec tout ou partie de Poitou-Charentes et peut-être la Corrèze. Pour qu'un rapprochement ait lieu, il faut une cohérence. On comprend que Ségolène Royal puisse influer sur les décisions mais espérons que François Hollande pourra passer outre."

Philippe Meynard, président de l'UDI 33 et maire de Barsac :

"Aquitaine et Limousin fusionneraient. N'importe quoi ! C'est historiquement illisible, un gâchis politique. On s'arrange entre copains plutôt que de satisfaire des bassins de vie. C'est un non-sens politique et économique. Un vrai redécoupage aurait du sens avec les Charentes, éventuellement le Gers. Ou alors avec Midi-Pyrénées : il n'y aurait que de l'égo à trancher entre Bordeaux et Toulouse. Mais là, on veut faire plaisir à Ségolène Royal, Alain Rousset et Martin Malvy"

Serge Marcillaud, président de la CGPME Aquitaine :

"Avant tout, fusionner les régions semble de bon sens si on poursuit la démarche avec les conseils généraux allant de pair avec une redistribution des compétences. Concernant le redécoupage des régions et ce mariage avec le Limousin, j'avoue être un peu surpris. Je n'ai rien contre cette région mais je m'interroge : quelles sont les liens entre ces deux territoires ? Est-ce que l'attraction évidente du Limousin n'irait pas plutôt vers l'Auvergne ? Une fusion de l'Aquitaine avec la Charente Maritime et la Charente me semblerait être du bon sens. Si on parle de régions, on doit aussi parler de métropoles et il me semble impossible de pouvoir mener une fusion Bordeaux - Toulouse."

Pierre Goguet, président de la CCI de Bordeaux :

"Rapprocher la Région Aquitaine du Limousin ne me choquerait pas. Nous, acteurs de l'économie aquitaine sommes capables, si les régions se rapprochent, de renforcer ou de créer des liens avec le Limousin. Mais ce qui me choquerait vraiment ce serait que le rapprochement ne concerne pas la Charente et la Charente Maritime. Ce que je dis à l'administration, c'est qu'il serait aberrant que les Charentes tournent le dos à Bordeaux ! Nous travaillons très régulièrement ensemble. Bordeaux est très proche de Cognac et d'Angoulême, tant sur la plan économique que des infrastructures de transport. Le Limousin donc : pourquoi pas ? Mais la vraie proximité, en termes économiques, c'est avec Charente et Charente Maritime que nous l'avons en Aquitaine !"