Ségolène Royal veut fusionner les régions Poitou-Charentes et Pays de Loire. Vers qui ira l'Aquitaine ?

Par Mikaël Lozano  |   |  573  mots
Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie
Ceux qui plaident pour une fusion de l’Aquitaine avec tout ou partie de la région Poitou-Charentes, dans le cadre du redécoupage territorial envisagé par Matignon, ne pourront pas compter sur Ségolène Royal. La ministre de l'Ecologie envisage une fusion de la région Poitou-Charentes, qu'elle a longtemps présidée, et de la région Pays de la Loire, en concertation avec leurs présidents (PS) respectifs.

"Jacques Auxiette, président de la région des Pays de la Loire, Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, et Jean-François Macaire, président de la région Poitou-Charentes (...) ont décidé de saisir les deux Conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux (Ceser) de Poitou-Charentes et des Pays de Loire pour étudier la possibilité d'une fusion de leurs deux régions", est-il précisé dans un communiqué transmis ce matin par la région Pays de la Loire et présentant l'idée.

Cette saisine des Conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux (Ceser), actée lors d'une rencontre des trois dirigeants mardi, intervient "en complément des hypothèses déjà envisagées précédemment" et "prendra en compte les coopérations et mutualisations déjà engagées entre les Pays de Loire et Poitou-Charentes et qui sont, pour certaines, communes avec la Bretagne", selon le texte.

"La façade atlantique représente un atout commun qui pourrait favoriser des convergences importantes, et donc permettre cette fusion", est-il indiqué. "Cette étude portera sur les réalités humaines, sociales et économiques que partagent les deux territoires", est-il précisé.

Éviter le démembrement des Pays de la Loire

En pratique, cette fusion, si elle aboutissait, garantirait aux Pays de la Loire qu'ils ne seraient pas démembrés, une hypothèse rejetée par une majorité d'élus, de droite comme de gauche, de la région, à commencer par Jacques Auxiette. Elle sonnerait également le glas du projet de rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, portée par les défenseurs de la Bretagne "à cinq départements" d'avant Vichy, parmi lesquels le porte-parole des Bonnets rouges, Christian Troadec.

Selon une carte dévoilée dans la presse il y a quelques semaines, les Pays de la Loire seraient promis à un démembrement dans le cadre d'une "France à douze régions" envisagée par Matignon. La Loire-Atlantique serait rattachée à la Bretagne, la Vendée à une région Aquitaine-Poitou-Limousin, et les départements restants à une région Vallée de la Loire comprenant aussi l'actuelle région Centre. La réforme territoriale envisagée par l'exécutif prévoit la suppression des départements et la division par deux du nombre de régions, actuellement de 22.

L'Aquitaine vers Midi-Pyrénées ?

Plusieurs acteurs se sont récemment mobilisés pour une fusion Aquitaine - Midi-Pyrénées. C'est notamment le cas de François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau (64). L'adjoint au maire d'Agen Bernard Lusset est de son côté à l'origine d'une pétition en ligne allant dans le même sens, signée à ce jour par un peu plus de 760 personnes. « Il pourrait être cohérent de rattacher les deux Charentes à l'Aquitaine. Le Poitou est sans doute un ensemble moins cohérent que le Limousin. Mais tout cela s'évalue, demande du temps », estime Alain Rousset, président du Conseil régional. "Les échanges économiques Toulouse et Bordeaux sont déjà nombreux et solides et, pourtant, "même si cela peut sembler logique, ce n'est pas forcément utile", juge Agnès Paillard, président du pôle de compétitivité Aerospace Valley, présent dans les deux territoires. "La coopération fonctionne déjà, poursuit-elle. Il y a aujourd'hui des grosses régions puissantes et des petits poucets, ce n'est pas bon pour le dynamisme économique."