A Bordeaux, Jean-Yves Le Drian annonce des exportations d'armement en hausse de 43 %

Par Mikaël Lozano  |   |  693  mots
Jean-Yves Le Drian lors du discours de clôture de l'Université d'été de la Défense à Bordeaux
La 12e Université d'été de la Défense s'est tenue hier et aujourd'hui à Bordeaux et Mérignac, réunissant industriels et politiques. Le ministre de la Défense a présenté ce matin les chiffres des exportations d'armement, en forte hausse, avant de lister les menaces qui pèsent sur la France et d'insister sur l'importance "vitale" du respect de la loi de programmation militaire dans son intégralité.

La matinée a débuté par un bataillon de bonnes nouvelles : les - excellents - chiffres des exportations françaises d'armement. L'étude réalisée par le ministère de la Défense et le Centre international d'études françaises, avec l'appui de McKinsey & Company, a été présentée devant un parterre d'industriels plutôt satisfaits de voir les prises de commandes à l'export grimper de 43 % en un an. Ces 6,87 Md€ de prises de commandes représentent 30 % de plus que la moyenne 2002-2012. Il s'agit du meilleur total en plus de dix ans, à l'exception de 2009, année où les chiffres des prises de commandes étaient "dopés" par la vente de 4 sous-marins au Brésil.

Jugeant ce total "exceptionnel", Jean-Yves Le Drian a souligné les bénéfices "économiques, sociaux et technologiques" rejaillissant sur la société civile française tout en maintenant l'activité des sites industriels.

Les PME grandes exportatrices
mais pour de faibles valeurs

Les exportations d'armement permettent de réduire le déficit commercial français de 5 à 8 % sur la période 2008-2013, indique l'étude. Elles concernent 4.000 emplois directs et un millier d'emplois indirects chez les fournisseurs. En 2013, 669 entreprises françaises ont exporté du matériel militaire. Bonne nouvelle : 51 % étaient des PME. Mais elles n'ont exporté que pour 3 % du montant total exporté (4.548 Md€) ! Les grandes entreprises et administrations se taillent la plus grosse part du gâteau : si elles ne représentent que 26 % des exportateurs, elles accaparent 92 % du montant total exporté. Globalement, les exportations françaises civiles et militaires de la Base industrielle et technologique de Défense, autrement dit toutes les sociétés qui contribuent de près ou de loin aux systèmes d'armes, participent à 24 % du montant total des exportations françaises (ou 18 % si l'on retire la gamme civile d'Airbus), même si elles ne représentent que 1 % des structures exportatrices françaises.

L'industrie de défense française génère un chiffre d'affaires de plus de 17 milliards d'euros pour 165.000 emplois directs ou indirects, selon le rapport du ministère.

Trois menaces

En guise de conclusion à cette Université d'été, Jean-Yves Le Drian a repris la parole pour un discours de clôture au fort accent international, là encore. Prenant soin de placer l'action française dans un mouvement global, européen ou mondial, le ministre de la Défense a listé "trois fronts" qui appellent une réaction. En premier lieu, "le terrorisme islamiste" et la "menace djihadiste". Affirmant que "la France prend toute sa part" dans la lutte contre le terrorisme, Jean-Yves Le Drian a insisté sur la nécessité d'y répondre par "une stratégie globale", jugeant une coordination internationale "indispensable".

Deuxième front évoqué, "les risques de la disparition d'Etats et l'émergence d'Etats en faillite, un terreau favorable aux crises, guerres civiles et trafics en tous genres. Je pense à la République Centrafricaine, au Soudan. Je pense à la Lybie qui nous préoccupe et où nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre avant d'agir. Comment ? L'heure est à la mobilisation diplomatique et politique. L'action à venir doit être collective et concertée avec les pays voisins", a affirmé Jean-Yves Le Drian, quelques heures avant de prendre la direction de Milan pour une réunion des 28 ministres de la Défense de l'Union européenne.

Respecter la programmation militaire

Troisième front annoncé, les régions "où les dépenses militaires augmentent et où les sentiments nationalistes sont exacerbés", où l'on constate "l'affirmation d'une politique de puissance" qui pourrait vouloir s'affranchir du droit international. Jean-Yves Le Drian visait tout particulièrement la Russie : "L'annexion de la Crimée conduit à une rupture par rapport à ces vingt dernières années. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, un pays européen a perdu une part de son territoire."

Face à ce contexte mouvant, Jean-Yves Le Drian estime qu'un "cap a été franchi dans l'échelle de la menace. Devant la facilité de l'inaction, la France doit prendre ses responsabilités. Notre première obligation est de garantir les choix faits en matière de programmation militaire. La loi de programmation militaire doit être respectée intégralement."