Vers la fin du miracle immobilier bordelais ?

Par Jean-Philippe Dejean  |   |  458  mots
Bordeaux aurait connu un très mauvais deuxième trimestre. (Crédit : ML)
Le patron régional des promoteurs, Alain Ferrasse, estime que l’immobilier bordelais serait sous haute tension depuis deux mois.... Au rang des raisons invoquées : des élus communautaires résolus à suspendre les constructions de logements et le durcissement des règles d'urbanisme.

Sans être vraiment pimpantes, les autorisations de permis de construire ne se sont tassées que de 0,5 % en Aquitaine entre mars 2013 et février 2014 alors qu'elles plongeaient de 17,9 % en France métropolitaine. Et pendant la même période, la proportion de logements mis en chantier bondissait de 37,4 % dans notre région tandis qu'elle reculait de 2 % dans l'ensemble de la France (lire dans notre magazine daté de mai-juin).

Ces écarts de dynamique entre l'Aquitaine et le reste de la France ne sont-ils plus qu'un souvenir ? En tout cas, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers d'Aquitaine Poitou-Charentes, Alain Ferrasse, qui se montrait encore optimiste en mars dernier, anticipe désormais un effondrement du marché bordelais. "La lenteur chronique des élus à prendre à leur compte l'instruction des permis de construire est une première difficulté. Beaucoup d'entre eux ont eu des propos de facilité à l'égard de la construction pendant les dernières élections municipales, en disant à leur électorat qu'ils ne construiraient plus. Depuis deux mois, la situation s'est complètement dégradée", juge Alain Ferrasse.

La cogestion aux urgences

Et le patron de la FPI de pointer une sorte de choc en retour dans la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) où, en engloutissant les majorités de gauche, le raz-de-marée de droite aurait mécaniquement porté un coup très sévère à la cogestion, qui supposerait pour fonctionner un relatif équilibre des forces entre majorité et opposition. Le message métropolitain sur la construction des 50.000 logements, porté depuis 2010 par l'ex-président (PS) de la CUB, Vincent Feltesse, et Alain Juppé (UMP), qui lui a succédé, serait ainsi menacé par la trop forte assurance de certains nouveaux élus communautaires déterminés à suspendre les constructions de logements.

Autre écueil, selon le patron régional de la FPI, le durcissement "par des fonctionnaires" des règles d'urbanisme qui, en orientant la construction vers des logements de grande taille, couperait l'herbe sous le pied aux accédants mais aussi aux petits investisseurs, ouvriers et employés, dont le marché immobilier a absolument besoin. "Les cadences de ventes ont chuté au deuxième trimestre 2014, c'est une très mauvaise période. Les prix immobiliers sont trop chers et la loi de défiscalisation Duflot s'avère être une catastrophe, avec en plus une loi Alur (de régulation des prix des loyers - NDLR) qui dissuade d'investir. Avec un plan local d'urbanisme (PLU) qui oblige à avoir deux places de parking, à 20.000 € pièce, par appartement neuf, on va droit dans le mur !", s'inquiète Alain Ferrasse. Alarmiste ou pas, ce dernier espère que les élus de la métropole bordelaise vont prendre conscience de la situation et réagir avant qu'il ne soit trop tard.