Tous les canards bientôt abattus dans les Landes

Par Hélène Lerivrain  |   |  572  mots
Les autorités ont décidé d'abattre tous les canards encore vivants dans les Landes, soit au total 600.000 palmipèdes.
Tous les canards encore vivants dans les Landes vont être abattus, soit au total 600.000 palmipèdes. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll est en visite dans le département aujourd’hui pour l’annoncer officiellement. Cette décision était attendue par beaucoup de professionnels de la filière avicole pour éradiquer le virus de la grippe aviaire et envisager ensuite un redémarrage des élevages.

Les 600.000 canards encore vivants dans les Landes vont être abattus pour tenter d'éradiquer l'épidémie de grippe aviaire. Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, l'annoncera officiellement cet après-midi à Mont-de-Marsan, préfecture des Landes. Ce département, premier producteur national de foie gras, est le plus touché par l'influenza aviaire H5N8. Selon les derniers chiffres du ministère de l'Agriculture, 151 foyers ont été détectés dans les Landes sur un peu plus de 300 en France. Le Gers est également fortement touché avec 94 cas.

Stéphane Le Foll ce matin sur France Bleu :

Alors qu'aucun vaccin n'est disponible, cette mesure radicale rejetée par la Condéfération paysanne était toutefois attendue par la FDSEA, le Cifog (comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras) ou encore le président du Conseil départemental des Landes Henri Emmanuelli. Beaucoup de professionnels de la filière avicole réclamaient en effet un dépeuplement total des élevages suivi d'un vide sanitaire. Henri Emmanuelli déclarait ainsi le 13 février dernier :

"Au point où nous en sommes arrivés, il vaudrait mieux tout abattre qu'on sache à quelle date on pourrait reprendre la production." Des mots salués par Pierre Mallet, élu d'opposition et éleveur à Benquet, qui craint "des dégâts collatéraux qu'on ne mesure pas encore".

Ce même 13 février, le Département des Landes a voté 1 M€ de crédits d'urgence. Sur la question des indemnisations annoncées par le ministère de l'Agriculture le mois dernier, les aides devraient arriver fin mars, début avril. Les éleveurs de canards du Sud-Ouest pénalisés par la grippe aviaire seront indemnisés en fonction du nombre de canards perdus.

Des pertes financières estimées à 210 M€

Au niveau national, le Cifog estime les pertes immédiates à plus de 210 M€ auxquelles s'ajoutent les coûts d'investissement et de mise en œuvre des nouvelles règles de production qui auront un impact majeur sur les volumes disponibles. Il le rappelle dans un communiqué du 16 février dernier : "Avec un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros, la filière du foie gras joue un rôle majeur dans l'économie française et participe aux rayonnement culturel et gastronomique de l'Hexagone dans le monde." Le Cifog propose donc d'ores et déjà de nouvelles règles de production pour se prémunir des épizooties.

Quelles mesures après la crise ?

Le comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras préconise notamment la mise en place d'un système d'alerte sanitaire par les vétérinaires sous l'autorité des pouvoirs publics pour ne pas prendre de retard dans l'information d'un éventuel cas, la mise en place de nouvelles règles de protection des élevages pendant la migration des oiseaux sauvages entre le 15 novembre et le 15 janvier, la sécurisation des étapes de transport ou encore la professionnalisation de l'activité des intervenants extérieurs.

Pour la Confédération paysanne, "il faut de toute urgence limiter les transports d'animaux vivants, cause structurelle de la diffusion du virus, encourager les systèmes autarciques et relocaliser les outils de transformation."

Si la France est bel et bien touchée par le virus H5N8, elle n'est toutefois pas la seule. Plus de 1.000 foyers ont été déclarés dans l'ensemble des pays européens. En Hongrie et en Bulgarie, la production et l'exportation de foie gras sont presque totalement à l'arrêt.