La stratégie de Ceva pour lutter contre la grippe aviaire

Premier laboratoire vétérinaire français, Ceva Santé animale présentait hier jeudi le bilan de son année 2016. Son président Marc Prikazsky en a profité pour livrer son plan de bataille contre la grippe aviaire chez les canards, et pour appeler à des évolutions réglementaires.
Ceva Santé animale est le premier laboratoire vétérinaire français.

Lors de la présentation des résultats 2016 de l'ETI libournaise Ceva Santé animale, à Paris dans la matinée puis à Bordeaux dans l'après-midi, le docteur Marc Prikazsky avait de quoi avoir le sourire. Son entreprise cumule les bons points : chiffre d'affaires en progression de 10 % en 2016 et qui devrait atteindre le milliard d'euros en 2017, nombreuses acquisitions, place de nouveau n°1 français des laboratoires vétérinaires, n°6 mondial, 100 postes créés au siège de Libourne en 2016... Les perspectives 2017, avec 90 M€ à investir dans les outils industriels dont 23 M€ dans le Libournais, sont tout aussi souriantes. Les opérations de croissance externe devraient se poursuivre à un rythme soutenu, en adoptant toujours la même politique : acquérir des structures de taille réduite ou moyenne, en passant par de l'autofinancement ou de la dette bancaire, tout en se tenant loin de la Bourse et en intégrant au groupe les structures rachetées sans les supprimer ou les dénaturer.

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Mais Marc Prikazsky a aussi profité de ce rendez-vous pour évoquer un sujet qui lui tient à cœur : la lutte contre la grippe aviaire. En bon vétérinaire, le docteur Prikazsky connaît parfaitement le sujet, rappelant l'adage : "Le canard est porteur du virus, c'est le poulet qui trinque." Mais il déplore la réglementation actuelle, qu'il juge inadaptée pour combattre le virus chez le canard :

"Le paradoxe, c'est que le modèle qu'on aurait tendance à vouloir être la norme est aussi celui qui est le plus problématique en cas d'épidémie : les animaux qui sont confinés dans les bâtiments ont moins de chance d'être affectés que ceux qui évoluent à l'air libre, plus exposés. Cette année, le virus est hautement pathogène. Je trouve que le travail qui a été fait en matière de mesures de biosécurité est formidable."

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Une réglementation à revoir

Marc Prikazsky relève deux problèmes majeurs selon lui, qui relèvent tous deux de la réglementation française. Le premier est celui de l'export :

"Aujourd'hui, si vous vaccinez, vous suspendez automatiquement la possibilité d'exporter. Cette interdiction ne tient pas compte des territoires, ceux qui sont touchés par le virus et ceux qui sont épargnés mais qui sont quand même impactés par l'interdiction. La législation française est assez ancienne sur le sujet : il faudrait aller vers un maillage plus fin."

L'autre problématique relève, toujours, de la réglementation :

"Aujourd'hui, il n'existe pas de vaccin qui marche chez le canard. Le danger, c'est que le vaccin qui pourrait être créé soit un cache-misère et ne permette plus de suivre l'évolution du virus. Nous, nous travaillons sur ces sujets et nous avons bon espoir de solutionner le problème. Il faut avoir en tête qu'il s'agit d'un micro-marché : en dehors du Sud-Ouest, le canard et la grippe aviaire, ça n'intéresse pas. Nous nous y intéressons car justement nous sommes du Sud-Ouest. Mais nous devons réussir à convaincre les administrations que c'est la plateforme et la technologie de fabrication du vaccin qu'il faut homologuer, et pas le vaccin lui-même. Le virus mute, on le sait tous. Opter pour la première solution permettrait de réagir dès que les premiers signes avant-coureurs seraient identifiés. Mais homologuer la plateforme et la techno, c'est très dur intellectuellement pour les administrations françaises. Même si ça se fait aux Etats-Unis..."

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Commentaire 1
à écrit le 11/02/2017 à 9:41
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N'en déplaise au vieil adage! Cette fois, c'est le canard qui est plus touché que le poulet et il faut bien admettre que cela change la donne!

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