Euro 2016 : Alain Juppé sort la calculette et règle ses comptes

Par Pascal Rabiller  |   |  806  mots
Alain Juppé, lors de conférence de presse de présentation de l'Euro 2016, en octobre 2014, aux côtés du Premier ministre Manuel Valls et Michel Platini, encore président de l'UEFA
Ce matin, Alain Juppé a sorti la calculette pour répondre aux attaques d’un opposant, Matthieu Rouveyre (PS), qui stigmatise sa gestion financière de l’Euro de foot et parle d’un doublement du coût de l’épreuve pour les contribuables. Le maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole explique ce surcoût et l’évalue à près de 1,9 M€. Détails de l’opération.

Ce matin, en ouverture du conseil de Bordeaux Métropole, Alain Juppé, que certains camarades politiques surnommaient "Amstrad" (pour les plus jeunes, Amstrad, marque d'ordinateurs du début des années 80) a décidé de faire ses comptes. D'en régler aussi.

Après avoir joué les argentiers et évoqué rapidement les comptes 2015 de Bordeaux Métropole dont il faut retenir qu'ils laissent apparaître une baisse des dépenses de fonctionnement de -1,9 %, qui explique en grande partie un résultat net de 152 M€ sur un budget de 1,4 Md€ (les dépenses ont été limitées à 1,2 Md€), Alain Juppé a aussi joué les horlogers.

>> Lire aussi : Euro 2016, la facture bordelaise pourrait sévèrement grimper

Concernant la polémique initiée par l'élu municipal d'opposition Matthieu Rouveyre, portant sur un éventuel dérapage du coût de l'Euro de football pour le contribuable, Alain Juppé a lâché un sec "Je vais remettre les pendules à l'heure" et lâché aussi les chiffres.

"Il y a, en effet, un surcout non prévu initialement dans le cadre de l'organisation de cet Euro et de la fan-zone. Ce surcoût se limitera à 1,880 M€ alors que l'enveloppe budgétaire initiale était de 3,5 M€. 3,5 M€ plus 1,8 M€ cela ne fait pas le doublement du budget annoncé par Matthieu Rouveyre."

Et d'expliquer dans le détail l'opération qui conduit à ce résultat.

La vérité sur l'usage des 2 M€ d'"héritage" UEFA

"D'abord, il faut comprendre ce surcoût. Il est lié à plusieurs facteurs : la montée en puissance du dispositif de sécurité de la fan-zone. Les caméras, la palpation, les portiques, la consigne... tout cela entraîne un surcoût de 1,7 M€. Il est compensé, en partie, par l'Etat et l'UEFA, à hauteur d'un peu plus de 1,3 M€. Le surcoût pour nous est donc de 0,4 M€.
Deux autres séries de mesures provoquent un dépassement du budget initial. Le plan de mobilité autour de la fan-zone et du Matmut Atlantique ainsi que le doublement de la tribune de presse au stade vont entraîner des nouveaux surcoûts de 550.000 et 750.000 €.
Par ailleurs, je tiens à préciser que les 2 M€ obtenus de l'UEFA par la Métropole au titre de l'Héritage (NDLR : une partie de la recette de l'épreuve est reversée, sous cette appellation, par l'UEFA aux villes d'accueil) serviront, pour 1 M€ à des équipements sportifs, comme la réalisation d'une pelouse synthétique à Galin. Le million d'euros restant finance des projets d'animations, durant l'Euro, portés par 16 communes de la Métropole. Il faut arrêter de dire n'importe quoi quant à l'utilisation de cette somme."

"Sans fan-zones, on devrait annuler l'Euro"

Le président de Bordeaux Métropole a tenu à répondre aux interrogations concernant la pertinence, ou non, de la Fan-Zone.

"J'ai interrogé, hier, les maires des 9 autres villes hôtes. Ils sont tous persuadés que les fan-zones sont le meilleur moyen de sécuriser au maximum d'évènement. Si leur mise en place se révélait impossible, pour des raisons de sécurité, on devrait sans doute annuler l'Euro ! J'ai eu hier encore Bernard Cazeneuve, et, pour le moment, aucun renseignement ne semble faire remonter une menace terroriste ciblée sur l'Euro..."

Alain Juppé s'est en revanche montré plus inquiet vis-à-vis des menaces, sur le bon déroulement de l'Euro, des mouvements sociaux actuels.

"Il faut sortir de la grève. La réforme sans concertation et sans soutien, c'est impossible. Les organisations syndicales qui d'ordinaire font preuve d'un certain sens des responsabilités, sont là engagées, à l'image de la CGT, dans un bras de fer. Ce qui m'inquiète, c'est que c'est parti pour durer tout juin, et peut-être même une partie de juillet. Je ne voudrais pas que cela dissuade des visiteurs étrangers de venir... même si les passionnés dépassent souvent ce type d'obstacle."

Une inquiétude compréhensible car l'affluence en nombre de visiteurs pourrait bouleverser la base de calcul portant sur le surcoût de l'épreuve... et remettre Matthieu Rouveyre dans le jeu.

"L'affluence jouera un rôle, c'est vrai puis qu'avec la commercialisation des Pass Euro pour les déplacements illimités, pendant 24 h, en bus et tram nous espérons récupérer 500 à 550.000 euros. Mais on sait qu'il y aura du monde. Les stades seront pleins et pour le tissu économique local, on nous annonce des  retombées de 120 M€... franchement, si on a la moitié ce sera déjà fantastique ! L'Euro est une opportunité, une chance pour les métropoles hôtes."

Après l'épreuve, il sera toujours temps, à nouveau, de refaire les comptes.
"Et comme toujours il y aura les chiffres de la police et les chiffres de Matthieu Rouveyre...", lâche avec le sourire Alain Juppé.