Euro 2016 à Bordeaux : la facture devrait sévèrement grimper

L'Euro 2016 de football aura lieu en France du 10 juin au 10 juillet. A Bordeaux, qui accueillera cinq matchs, comme ailleurs dans les villes hôtes, les budgets ont déjà bien gonflé en raison du contexte post-attentats et des mesures de sécurité renforcées. Conseiller municipal d'opposition à la mairie de Bordeaux, Matthieu Rouveyre s'indigne : la Ville va devoir louer le stade Matmut Atlantique pour ces cinq rencontres, alourdissant encore la facture de 2,175 M€ supplémentaires.
La Ville de Bordeaux va devoir payer la location du stade pour les cinq matches de l'Euro 2016 de football, alors qu'elle paie déjà un loyer à la société exploitante, SBA, en attendant d'en être propriétaire au bout du PPP de 30 ans.

Décidément, le Matmut Atlantique n'a pas beaucoup de raisons de se réjouir. Déjà théâtre du fond de jeu peu flamboyant des Girondins de Bordeaux durant la saison écoulée, l'enceinte sportive, inaugurée il y a un an, n'est pas non plus épargnée par les polémiques. Il y a quelques jours, le Conseil d'Etat cassait la délibération de la mairie de Bordeaux autorisant son maire Alain Juppé à signer le contrat de partenariat public-privé passé avec le consortium Vinci-Fayat pour sa construction et son exploitation, au motif que les conseillers municipaux bordelais étaient insuffisamment informés des montants exacts.

Gonflé par cette victoire sur la forme - mais pas sur le fond puisque le montage financier n'a pas été remis en cause par la juridiction - Matthieu Rouveyre rappelle que "le coût prévisionnel annuel (net) pour la seule ville de Bordeaux est de 6,8 millions d'euros (chiffres 2011)". Il a désormais dans sa ligne de mire les dépassements budgétaires liés à la tenue de l'Euro 2016 de football dans ce même Matmut Atlantique.

Le budget doublé ?

Il y a quelques jours, Matthieu Rouveyre évoquait un budget public-privé pour 30 jours de festivités "qui a littéralement explosé de 4,74 à 9,1 M€", montant censé figurer dans une délibération qui sera présentée aux élus lors du prochain conseil de Bordeaux Métropole ce vendredi. "Sur ces 9,1 millions d'euros de budget, l'argent public mobilisé (collectivités et État) s'élève à 6,05 millions d'euros, soit une prise en charge par le public de 66 % de la facture. (...) Le nouveau coût net pour le contribuable métropolitain est maintenant compris entre 4,8 et 5,1 millions d'euros", alors que le coût net pour la métropole (une fois les recettes et les subventions déduites) devait osciller initialement entre 2,6 et 3,44 M€, précise Matthieu Rouveyre. Les mesures de sécurité renforcées pour la fan-zone, qui retransmettra les matches sur des écrans géants place des Quinconces, ont notamment alourdi de 1 M€ la facture, auxquelles il faut rajouter des surcoûts en matière de transports en commun par exemple.

Location obligatoire

L'élu bordelais pense désormais avoir soulevé un nouveau lièvre :

"Dans le cadre de l'Euro 2016, il est prévu 5 matches dans le nouveau stade de Bordeaux et je viens de découvrir que la Ville va devoir payer SBA (la société qui exploite le Matmut, NDLR) pour sa location ! Autrement expliqué, le contribuable va payer deux fois. Il paye via le versement des loyers annuels versés à SBA et il paye la location du stade pour l'Euro 2016 ! C'est comme si vous achetiez votre maison à crédit, que vous remboursiez vos mensualités à la banque qui en reste propriétaire et qu'en plus vous deviez lui régler le montant d'une location, illustre Matthieu Rouveyre. Alors que c'est l'argent public qui finance le stade, la Ville n'en sera propriétaire qu'au terme du contrat (dans 30 ans !) et d'ici là, Vinci/Fayat nous facturent l'utilisation du stade."

Toujours selon Matthieu Rouveyre, le coût global de cette location ainsi que les dépenses liées sont estimés dans une annexe à 2,175 M€. La somme pourrait être "épongée" grâce à la dotation de l'UEFA fléchée vers Bordeaux et dont 1,4 M€ n'ont pas été consommés... car ils étaient initialement destinés à la construction ou la rénovation d'équipements sportifs dits de proximité.

Le conseil de Bordeaux Métropole, vendredi, devrait permettre de connaître la réaction d'Alain Juppé sur ce sujet.

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Commentaire 1
à écrit le 26/05/2016 à 13:57
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Quand on fait dans l'économie (ou dans le journalisme), on va jusqu'au bout. Le retour économique direct pour l'agglo lié à la venue des supporters étrangers, il l'a chiffré le Rouveyre ? Il se vante d'avoir (sans le vouloir) fait économiser de l'arg...

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