Alexandre Saubot : "Les ETI qui manquent ? Des PME qui ont eu peur de croître ! "

Par Pascal Rabiller  |   |  550  mots
Après avoir mené les négociations interprofessionnelles au nom du Medef, Alexandre Saubot (Haulotte Group) était de passage à Bordeaux aujourd'hui en tant que candidat à la présidence de l'UIMM
Directeur général de l’ETI Haulotte Group (nacelles élévatrices), qui compte 2.000 salariés (400 M€ de CA en 2014), trois usines en France et trois unités de production à travers le monde (USA, Roumanie et Chine), Alexandre Saubot a mené la dernière négociation interprofessionnelle en tant que représentant du Medef. Actuellement en campagne pour la présidence de l’UIMM (élection le 19 mars), Alexandre Saubot était ce matin de passage à Bordeaux, à la Maison de l’industrie.

Même les bons négociateurs (c'est la réputation qu'il traîne depuis les années 2009 et le dialogue qu'il a mis en place entre la direction et les salariés lorsque Haulotte a connu un sérieux plongeon de son activité, en passant de 600 à 200 M€ en deux ans) reconnaissent qu'il y a des limites au dialogue. Mandaté pour représenter le Medef lors des dernières négociations sur le dialogue social, il assume l'échec des discussions entre représentants patronaux et partenaires sociaux qui se sont séparés, le 22 janvier dernier, sans accord.

"Généralement, les boîtes qui marchent ont un bon dialogue social"

"Nous étions prêts à aller très loin sur la modernisation du dialogue social" rappelait ce matin Alexandre Saubot, "contrairement à ce qui s'est dit, nous ne voulions pas affaiblir la représentation des partenaires sociaux. Au contraire, car je reste persuadé que généralement les boîtes qui marchent ont un bon dialogue social. Nous voulions juste aller vers un accord qui mette les entreprises en position de pouvoir être compétitives sans nuire aux organisations syndicales. On a certes échoué sur l'accord, mais je crois que les quatre mois de dialogue auront quand même été constructifs. Ils ont permis au moins, d'identifier des rigidités, des difficultés qui impactent l'entreprise, et donc l'emploi et de fait, le dialogue social. On a avancé l'idée d'une instance de représentation des salariés dans les entreprises de plus de 50 salariés. C'était certes compliqué à mettre en place, sans doute plus encore pour les syndicats de salariés. L'Allemagne y arrive, nous, nous avons échoué."

La France, pays formidable qui s'est mis sous cloche !

Candidat à la succession de Frédéric Saint-Geours pour la présidence de l'UIMM (il fait face aux candidatures de Marc Ventre, DG délégué opérations de Safran et Jérôme Frantz, DG de Frantz Electrolyse), Alexandre Saubot souhaite faire entendre sa conception de l'économie et du développement de l'industrie.

"La question des seuils sociaux se pose. On se rend compte, en France, que lorsqu'on passe la barre des 50 salariés, on doit assimiler du même coup une bonne trentaine de nouvelles obligations. Cela fait peur à certains patrons de PME qui préfèrent ne pas passer le cap. En France, s'il y a autant de petites PME et si peu d'ETI ce n'est pas pour rien. Le plus rageant c'est que les ETI qui manquent, on aurait pu les voir émerger de la masse énorme de PME qui se sont limitées dans leur développement pour ne pas avoir à faire face aux contraintes qui s'imposent à elles dès qu'elles croissent en volume d'activité et en ressources humaines !"

Et d'enchaîner sur la problématique industrielle. "Il faut, c'est urgent, réhabiliter l'industrie dans notre pays. Quand l'industrie représentait 22 % du PIB, nous n'avions pas de problème de chômage. Pendant trop longtemps, nous avons tous regardé l'industrie décliner sans bouger. En me présentant pour la présidence de l'UIMM, c'est précisément ce que je veux changer. La France est un pays formidable, plein d'atouts, mais qui s'est imposé des barrières invisibles et visibles. Il s'est mis sous cloche !"