Alors que 400.000 nouveaux cas de cancer sont détectés chaque année en France, 40 % concernent en effet des personnes en situation d'emploi. Des conseils ont été prodigués pour permettre aux entreprises d'accompagner au mieux les collaborateurs touchés par la maladie.

En pleine campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du sein dans le cadre d'Octobre Rose, la thématique s'est imposée. La 9ème Matinale Manager organisée par la Mutuelle Ociane Matmut en partenariat avec La Tribune Bordeaux et la Fondation Bergonié, ce jeudi 13 octobre à Bordeaux, était consacrée au cancer au travail. « Sur 400.000 nouveaux cas détectés chaque année en France, la moitié a moins de 68 ans et 40 % des individus diagnostiqués sont en emploi », a tenu à souligner Simone Mathoulin-Pélissier, directrice de l'Isped et directrice médicale de la recherche clinique à l'Institut Bergonié. Or 20 % des 18-54 ans en emploi au moment du diagnostic ne travaillent plus 5 ans après, et au moins 12 % des salariés ont connu rejets ou discriminations de leurs collègues en raison de la maladie. « Ma gynécologue m'avait conseillé d'attendre avant de l'annoncer mais j'ai ressenti le besoin de le dire rapidement à mon supérieur hiérarchique et cela s'est bien passé », témoigne Delphine Bazzon, salariée de la Mutuelle Ociane Matmut diagnostiquée d'un cancer en 2011.

Un accompagnement par étapes

La première étape cruciale, c'est donc l'annonce de la maladie. « Un moment toujours délicat qui nécessite que la personne qui reçoit l'information travaille tout au long de l'année sa posture managériale. Il n'y a pas de choses bien ou mal à dire, mais une posture d'écoute, de bienveillance et d'empathie à avoir. L'enjeu pour le manager va ensuite être de se faire accompagner par les ressources humaines pour une mise en relation avec différents interlocuteurs : le médecin du travail, le psychologue, l'assistant social éventuellement », explique Agnès Chacon, DRH de la mutuelle Ociane Matmut. Le groupe a précisément mis en place un dispositif de gestion des situations sensibles. L'idée ? Apporter un suivi spécifique au collaborateur.

En matière d'accompagnement, Agnès Chacon souligne l'importance de prévoir une visite de pré-reprise avec le collaborateur. « Elle est très importante pour adapter le retour. Quand le médecin prescrit un mi-temps thérapeutique, plusieurs leviers sont possibles notamment le télétravail. De son côté, le manager aura peut-être à réorganiser l'activité au sein d'un service. » Elle conseille également de proposer au salarié une mise à jour des connaissances et des outils. La mise en place d'un tutorat peut aussi être envisagée. « Il faut de la souplesse et de l'adaptabilité de la part de l'employeur », insiste Agnès Chacon. « Il n'y a pas un modèle qui vaut pour tous les cancers et les individus, mais il y a une temporalité à suivre : le début de la maladie, les traitements lourds et ceux qui le sont moins », insiste Simone Mathoulin-Pélissier. De la même façon, le collaborateur fait ses propres choix. Delphine Bazzon a ainsi choisi de continuer à travailler pendant son traitement.

Mais dans le cas d'un arrêt, comment garder le lien avec son salarié ? Jusqu'à mars 2022, il n'était pas préconisé de contacter un collaborateur qui n'en prenait pas l'initiative. « Désormais, l'employeur a l'obligation de proposer un entretien au bout de 30 jours d'arrêt. Cela s'appelle un rendez-vous de liaison qui permet de présenter les dispositifs existants, notamment la visite de pré-reprise », explique Agnès Chacon. L'Institut Bergonié a, de son côté, lancé en 2022 la plateforme Alex pour apporter des informations pratiques au salarié touché par un cancer.

Prévenir

Reste pour l'entreprise à agir en amont, en faisant de la prévention. « 41 % des cancers sont attribuables aux modes de vie, dont 20 % au tabac, 8 % à l'alcool, 5 % au surpoids. Le lien avec le stress n'a pas été démontré. En revanche, le stress engendre des comportements à risque », détaille Simone Mathoulin-Pélissier.

La mutuelle Ociane Matmut organise ainsi tout au long de l'année des actions de sensibilisation dans les domaines de l'alimentation, du sommeil ou encore du sport. « Notre rôle est avant tout de soutenir nos adhérents par le biais de nos garanties santé et nous veillons également à apporter des solutions innovantes comme par exemple le remboursement des séances de sport sur ordonnance dans le cadre d'une ALD. », ajoute Emmanuelle Mazet, directrice marketing, digital et communication chez Mutuelle Ociane Matmut.

Accédez au replay de la conférence.

Rendez-vous en mars prochain pour notre 10ème Matinale Manager. Plus d'informations à venir.