Régaz-Bordeaux signe le premier Prêt à Impact de la Caisse d’Epargne Aquitaine Poitou-Charentes

L’entreprise locale Régaz-Bordeaux vient de contracter un Prêt à Impact de 6 millions d’euros auprès de la Caisse d’Epargne Aquitaine Poitou-Charentes. Pour l’enseigne bancaire comme pour le distributeur de gaz girondin, ce financement vertueux valorise un engagement partagé en faveur de la transition environnementale. Décryptage…
(Crédits : CEAPC)

Financer la croissance verte et essaimer

Encore nouveau dans le paysage bancaire, le Prêt à Impact devrait rapidement se faire une place au soleil, auprès des entreprises ou collectivités désireuses de valoriser leur démarche sociale ou environnementale. C'est, en tout cas, le pari de la Caisse d'Epargne Aquitaine Poitou-Charentes (CEAPC), qui vient de financer le distributeur de gaz local Régaz, à hauteur de 6 millions d'euros.

« Le Prêt à Impact Social et/ou Environnemental (PISE) de la CEAPC vise à encourager les efforts RSE d'un client emprunteur, en tenant compte de critères extra-financiers, explique en préambule Rodolphe Seyeux, chargé d'affaires grands comptes banque d'affaires. Nous avons défini 7 thématiques sociales et environnementales sur lesquelles l'entreprise devra se positionner, avec un ou plusieurs indicateurs de performance : efficacité énergétique, mobilité décarbonée, énergie renouvelables, environnement, attractivité du territoire, inclusion et diversité, mixité sociale. »

La mécanique du prêt est simple : au préalable, la banque et le client s'entendent sur un financement à taux fixe. Sauf que... si l'indicateur choisi par l'entreprise est atteint ou dépassé, le taux se bonifie, sous la forme du remboursement d'une partie des intérêts perçus et ce, à chaque date anniversaire du prêt. « Soit l'entreprise conserve le montant de la bonification, soit elle le reverse à une association labellisée par le groupe BPCE », précise Rodolphe Seyeux. A contrario, si l'entreprise n'atteint pas les objectifs extra-financiers prédéfinis, le taux contractuel s'applique sans aucune pénalité.

Biométhane dans les tuyaux

Pour Régaz-Bordeaux (70 millions d'euros de CA), le choix de ce financement vertueux sonnait comme une évidence. Cette entreprise locale exploite, modernise et sécurise le réseau de distribution publique de 46 communes sur Bordeaux Métropole et le Médoc et dessert près de 230 000 clients, particuliers et industriels. Régaz, qui appartient à la Société d'Economie Mixte (SEM) Bordeaux Métropole Energies* (500 millions d'euros de CA), est très investi sur la transition énergétique. Sa « feuille de route 2024 » met l'accent sur le développement durable et le recours aux énergies renouvelables. L'accent est mis plus précisément sur le biométhane, un gaz propre, 100 % renouvelable, issu issue de CIVE (cultures intermédiaires à vocation énergétique) et des déchets de l'industrie agro-alimentaire.

« C'est une vraie volonté de la part de Régaz, de tendre vers une économie plus durable et de développer un réseau plus vertueux. Avec un objectif prioritaire : produire local, consommer moins », souligne Magalie Poinsu, directrice de la RSE, de la communication et des relations extérieures. « Chaque année, nous investissons près de 20 millions d'euros pour la modernisation de notre réseau. » Soit 3 500 km de canalisations souterraines à surveiller de près, surtout les plus anciennes, en fonte, qu'il faut remplacer.

« En général, nous renouvelons 30 km de réseau par an et veillons à accroître la part de biogaz, indique Magalie Poinsu. Nous avons d'emblée été séduit par le Prêt à Impact de la Caisse d'Epargne Aquitaine Poitou-Charentes, qui nous met face à nos responsabilités et nous oblige à être congruents entre nos paroles et nos actes, avec un objectif à court terme et des critères RSE tangibles et pragmatiques. »

A la clé : le soutien d'une association engagée

Ainsi, le prêt à impact de 6 millions d'euros, octroyé par la Caisse d'Epargne sur la base d'un taux fixe, embarque un critère extra-financier majeur : le recours aux énergies renouvelables. Si Régaz-Bordeaux injecte dans son réseau plus de 2 % de biométhane, alors le taux se bonifiera avec une réduction de 0,10 %. Pour Régaz, le choix est fait :

« Nous avons décidé de réinvestir cette bonification sur notre territoire en soutenant l'association Réseau Cocagne, qui partage les mêmes valeurs de solidarité et d'ancrage territorial que nous. »

Bien implanté dans la région, ce réseau regroupe 102 jardins maraîchers certifiés AB, 625 hectares cultivés et 6 structures agroalimentaires. Depuis sa création, il favorise le retour à l'emploi et l'insertion par le travail de personnes en situation de fragilité, et distribue des légumes bio auprès de ses adhérents.

Grâce à la convention tripartite signée dans le cadre de ce Prêt à Impact et si l'objectif choisi est atteint par Régaz, le Réseau Cocagne devrait percevoir tous les ans le montant de la bonification Cela pourrait être 6 000 dès la première année !

Quant à l'entreprise Régaz, elle entend poursuivre ses investissements pour sécuriser le réseau, l'adapter à la distribution de biométhane et à l'arrivée de nouvelles infrastructures comme le Bus à Haut Niveau de Service (BHNS), qui demande de déplacer certaines canalisations. Prochaine échéance : l'expérimentation d'injection d'hydrogène en micro-réseau afin de tendre vers des usages encore plus vertueux...

* la SEM rassemble 5 filiales autour de la production d'énergies vertes, distribution d'énergie, fourniture d'énergie, réseaux de chaleur et rénovation du bâti

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