Agriculture : la stratégie de la Nouvelle-Aquitaine pour freiner la crise démographique

Alors que le Salon de l'Agriculture se tiendra à Paris du 25 février au 5 mars, la profession subit de plein fouet les crises liées à l'inflation, aux déséquilibres de productions et aux risques sanitaires. À l'approche de l'évènement, la Région Nouvelle-Aquitaine annonce une nouvelle stratégie pour lutter contre l'effondrement démographique à l’œuvre, grande menace pour la première région agricole de France.
Maxime Giraudeau
En Nouvelle-Aquitaine, l'âge moyen des agriculteurs est de 52 ans selon les données du recensement 2020.
En Nouvelle-Aquitaine, l'âge moyen des agriculteurs est de 52 ans selon les données du recensement 2020. (Crédits : Reuters)

« On est dans un contexte difficile pour les secteurs, notamment pour l'agriculture et ses filières avec la crise énergétique. Malheureusement, je crois qu'on peut dire aujourd'hui que cette crise va durer », avertit Jean-Pierre Raynaud. Le vice-président du conseil régional en charge de l'agriculture donne le ton dès le début de la conférence de presse donnée le 7 février dernier. Dans les murs de l'exécutif régional, représentants et élus abordent la tenue du Salon de l'Agriculture à Paris à la fin du mois. Alors oui, il y aura bien le défilé des papilles autour des fromages Ossau-Iraty, viandes bovines du Limousin et autres fiertés régionales comme l'huile de noix du Périgord, fraîchement labellisée AOP. Mais rien qui ne fasse oublier le coup de massue promis à l'agriculture dans les prochaines années : en 2032, 40 % des agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine auront atteint l'âge légal de départ à la retraite.

L'exécutif régional aurait-il la solution pour éviter le pire ? Il va du moins rehausser ses ambitions pour opérer un renouvellement démographique dans les prochaines années. Les budgets ciblés vont être revus grâce à l'arrivée de la nouvelle Politique agricole commune 2023-2027, votée et coordonnée à l'échelle de l'Union Européenne.

« Le budget régional consacré à ce renouvellement des exploitants va être augmenté de 60 % par rapport à ce qui était fait auparavant. Pour nous, c'est une réelle ambition puisqu'on avait 650 installations accompagnées sous la précédente programmation, désormais nous affichons une ambition pour passer à 1.000 nouvelles installations accompagnées par an, soit par des jeunes agriculteurs de moins de 40 ans déjà formés, soit par des nouveaux agriculteurs entre 40 et 55 ans qui souhaitent réorienter leur carrière. Jusqu'à maintenant il n'y avait aucun système d'accompagnement pour ce second public », déroule Jean-Pierre Raynaud.

Conditionnement des aides à des pratiques environnementales

En additionnant les fonds Feader issus de la PAC et le budget régional, 27 millions d'euros annuels vont ainsi être fléchés pour l'installation des agriculteurs. Un soutien bienvenu alors que 3.000 à 4.000 exploitations disparaissent chaque année en Nouvelle-Aquitaine, pour seulement 1.800 installations environ. Un déficit causé par l'augmentation de la taille moyenne des grandes exploitations qui absorbent celles de leurs confrères partant en retraite, mais aussi par le manque d'anticipation, voire le refus, des agriculteurs à transmettre leur affaire. Dans tous le cas, le foncier agricole reste particulièrement difficile à mobiliser ou même à protéger, notamment dans des régions en tension comme le Pays basque.

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Au-delà du renouvellement de la population agricole, c'est vers la transition environnementale que la région va flécher la plus grande partie de son budget, à hauteur de 34 millions d'euros annuels. Une orientation cohérente avec les aspirations des nouveaux arrivants vers une agriculture plus vertueuse. « Pour la première fois, et nous serons la seule région qui le fait en France, il y aura une "éco-conditionnalité" à l'installation. On souhaite soutenir des agriculteurs qui iront dans le sens de cette volonté politique de transition », cadre Charlotte Nommé, directrice agriculture, agroalimentaire et mer à la région Nouvelle-Aquitaine. Pour être aidé, les porteurs de projet devront donc s'engager sur des conversions en agriculture biologique ou vers des labels « Haute valeur environnementale ».

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Le cumul de ces aides régionales spécifiques pourra aller jusqu'à 15.000 euros pour l'installation d'une personne non-issue du milieu agricole. Un public sur lequel la région aura un œil particulier avec le renforcement d'exploitations testes déjà existantes mais qui devront quintupler leurs capacités d'accueil. Objectif : accompagner désormais 250 personnes non-issues du milieu agricole prétendantes à l'installation, chaque année.

Maxime Giraudeau

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