Rebond du trafic du port de La Rochelle qui mise sur l'éolien offshore

Le trafic du Grand port maritime de La Rochelle a bénéficié en 2022 d'une vente massive de céréales venues de son arrière-pays à cause des tensions provoquées par la guerre en Ukraine. Le port, qui développe depuis 2021 une stratégie de hub logistique pour les parcs éoliens implantés au large des cotes (offshore), va réduire ses escales de croisière de 40 % d'ici 2030 dans le cadre de la stratégie de territoire zéro carbone de La Rochelle. Vingt millions d'euros d'investissement sont également dans les tuyaux.
Un chargement de céréales au port de La Rochelle l'été dernier.
Un chargement de céréales au port de La Rochelle l'été dernier. (Crédits : Grand port maritime de La Rochelle)

Le Grand port maritime (GPM) de La Rochelle a bouclé une année 2022 avec un trafic en hausse de +8,7 %, à 9,6 millions de tonnes. Le trafic de produits pétroliers, qui représente 30 % des échanges globaux, soit 2,8 millions de tonnes, enregistre une progression contenue à +2,4 %  sur un an. Ce qui n'est pas le cas de la filière céréales et oléagineux, dont le trafic a connu une très forte poussée de +23,4 %, à près de 4 millions de tonnes, suite aux conséquences de la guerre en Ukraine. Les céréaliers de l'arrière-pays de la zone portuaire rochelaise ayant brutalement vidé leurs silos.

« Les récoltes de céréales ont été mauvaises en 2020 et 2021. Elles ont été médiocres en volume en 2022 mais très élevées en valeur à cause de la tension sur les marchés internationaux. Ce qui fait que les agriculteurs ont très vite vendu une grande partie de leur récolte et fait grimper le niveau des échanges. Mais tout ce qui est parti en 2022 ne partira pas en 2023 : il va y avoir un creux dans l'année », prévient Michel Puyrazat pour La Tribune.

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Fin du boom sur les produits du BTP

En 2022, le port de La Rochelle a confirmé son retour à l'un de ses plus hauts niveaux, même s'il bénéficie d'un coup de pouce conjoncturel du côté céréalier. Pour mémoire, ce trafic avait reculé de -12,9 % en 2021. Avec 11 %, la filière des produits du BTP maintient son classement à la troisième place du trafic portuaire global, derrière les céréales et produits pétroliers. Mais en 2022 le trafic des produits du BTP enregistre un recul de 10 %, alors qu'il avait progressé de +22,9 % en 2021.

Une conséquence de la fin de l'effet « post-Covid » qui avait fortement boosté la filière il y a deux ans, éclaire le président du directoire. Cette filière précède dans le classement du trafic portuaire celles des vracs agricoles (9 %), produits forestiers et papetiers (6 %) et autres (2 %). Une catégorie « autres » qui n'a pas dépassé en 2022 les 200.000 tonnes de trafic. Elle agrège les produits métalliques et colis lourds et a enregistré un coup d'accordéon très marqué entre 2021 et 2022. Un mouvement en ligne avec la stratégie de diversification du port de La Rochelle, qui s'est doté d'un hub logistique capable d'accueillir de très grands volumes. Avec une première opération réussie en 2021, au service du parc éolien de Saint-Nazaire. Une installation qui combine 80 éoliennes implantées à plus de 12 kilomètres des cotes. Diversification qui a fait gonfler en 2021 la partie "autres" de +90,6 %, avant qu'elle ne chute de -41,3 % en 2022.

Diversification dans la logistique pour grosses éoliennes off-shore

« La première opération de stockage dans notre hub portuaire d'équipements pour champ éolien off shore est terminée. Nous avons stocké dans ce hub toute la partie infrastructures du champ éolien de Saint-Nazaire. C'est une activité dans laquelle nous avons commencé à nous lancer et que nous allons poursuivre. Nous nous positionnons sur cette activité logistique et préparons notre hub pour l'accueil prochain des fondations du futur parc des éoliennes en mer des îles d'Yeu et de Noirmoutier (EMYN) », annonce Michel Puyrazat.

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Tout comme les ports de Bayonne, Bordeaux et Rochefort-Tonnay-Charente, celui de La Rochelle a favorablement répondu à l'AMI (appel à manifestation d'intérêt) lancé en 2022 par l'État pour développer des projets éoliens en pleine mer dans le cadre du consortium Ports Nouvelle-Aquitaine, qui regroupe ces quatre places portuaires néo-aquitaines.

« L'État veut que les ports se préparent à répondre à sa demande sur le mix énergétique avec le développement de l'éolien flottant, au large des cotes. Ces éoliennes qui peuvent être déplacées prennent quatre à cinq fois plus de place que celles qui sont fixées mais elles peuvent aller beaucoup plus loin en mer, ce qui est intéressant », observe Michel Puyrazat.

Les ports qui ont répondu à cet AMI devraient être informés de la réponse de l'État dans les prochaines semaines.

Territoire zéro carbone : 300.000 euros d'apports

Créée en 2017 dans le cadre du programme La Rochelle Territoire zéro carbone, la Coopérative carbone de La Rochelle, qui agit pour réduire l'impact des activités humaines sur le climat, vient de se voir doté de 300.000 euros par la Banque des Territoires. Cet apport de fonds, qui prend la forme d'une prise de participation, doit permettre d'accélérer le développement de projets locaux de séquestration carbone portés par la coopérative. Cette dernière met en relation des structures locales émettrices de dioxyde de carbone avec des projets locaux de séquestration ayant, comme le souligne le communiqué de la Banque des Territoires, des bénéfices pour la biodiversité (forêts, tourbières, haies). La coopérative a notamment accompagné un premier projet baptisé « La forêt bleue », qui a permis de planter 7.500 arbres en 2022 sur 1,7 hectare dans un terrain de Dompierre-sur-Mer (Charente-Maritime).

Réduire de 40 % les jours d'escales de croisières

Réduite à zéro en 2021, l'activité touristique portuaire - marquée par le retour de navires de croisières - a redécollé en 2022 avec un total de 33 escales et 35 jours d'escale pour 66.000 passagers. Comme le souligne Michel Puyrazat, La Rochelle s'est engagé à devenir un « territoire zéro carbone » d'ici 2040. Démarche qui oblige les responsables portuaires rochelais, impliqués eux aussi dans cette stratégie verte, à questionner leur activité touristique.

« Il est prévu par les partenaires impliqués dans cette feuille de route un premier palier en 2030 avec une réduction de 30 % des émissions de dioxyde de carbone. Du côté du port nous proposons à la même date une réduction de 40 % du nombre de jours d'escales de croisières pour les paquebots traditionnels », cadre le président du Grand port maritime de La Rochelle.

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Techniquement cela oblige à réduire le nombre de jours de croisières réservés à l'avance à La Rochelle par les compagnies de paquebots. Un exercice délicat puisque ces réservations se font deux ans à l'avance et que les croisières se concentrent du 11 juillet au 31 août. Ce qui inquiète aussi les connaisseurs du marché, qui craignent qu'à l'annonce de cette mesure les compagnies de paquebots décident de réserver tous les jours de l'année dans un port pour être sûres d'avoir une ou deux escales. La réflexion sur cette activité portuaire est menée de façon collective dans le cadre d'un comité de pilotage, qui associe la Communauté d'agglomération de La Rochelle, la Ville de La Rochelle, les structures en charge du tourisme, la CCI de Charente-Maritime et le port de La Rochelle.

Un plan d'investissement de 20 millions d'euros en 2023

Le président du Grand port maritime de La Rochelle se montre confiant pour 2023 et annonce un plan d'investissement de 20 millions d'euros pour cette année, contre 9 millions d'euros en 2022. Le programme est chargé puisque le Grand port maritime de La Rochelle va notamment aménager son hub logistique pour le programme EMYN mais aussi sa plateforme logistique ferroviaire à La Repentie. Dans le cadre de la transition écologique il est également prévu la création d'une filiale en charge du développement de l'autoconsommation collective.

Mais la poursuite de la lutte contre la déforestation importée est également au programme, tout comme l'électrification des quais pour certains navires et engins de manutention. Sans compter la création de trois kilomètres de voie verte et la déclinaison du plan de sobriété énergétique. Et puis le GPM annonce également l'organisation, les 23 et 24 mars prochain de la première édition des Shipping Days. Un salon professionnel centré sur le transport de colis lourds, la logistique et la manutention, qui va compter 40 stands et devrait accueillir 500 personnes.

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