Bordeaux Métropole s'offre-t-elle un menu trop riche en ces temps de vaches maigres ?

Gouvernée par une alliance PS-EELV, Bordeaux Métropole s'est dotée ce 27 janvier d'un budget 2023 historiquement élevé, à plus de 2 milliards d'euros. Aux effets de la montée des coûts de l'énergie s'ajoutent des dépenses exceptionnelles, au titre desquelles l'accueil de matchs de la Coupe du monde de rugby ou le passage du Tour de France. Malgré une hausse patente de son endettement, la Métropole dispose d'une fiscalité dynamique.
Bordeaux Métropole a adopté pour 2023 un budget en hausse de +6 % par rapport au budget primitif 2022.
Bordeaux Métropole a adopté pour 2023 un budget en hausse de +6 % par rapport au budget primitif 2022. (Crédits : Agence APPA)

Comme il l'avait déjà annoncé, le groupe Métropole Commune(s), présidé par Patrick Bobet (LR), qui fédère l'opposition de droite et du centre, a voté contre le budget 2023 de 2,002 milliards d'euros, présenté en conseil métropolitain de ce vendredi 27 janvier, par Alain Anziani, président (PS) de Bordeaux Métropole et chef de file de la majorité PS/EELV. Un budget en hausse de +6 % par rapport au budget primitif 2022 (1,89 milliard d'euros). La majorité peut sans exagérer souligner que si cette limite budgétaire n'a jamais été ni atteinte ni dépassée auparavant par la collectivité c'est que ce budget 2023, qui déborde de peu la barre des 2 milliards d'euros, répond à une situation extraordinairement contrainte.

« Ce budget 2023 a été bâti dans un triple contexte de crise : l'explosion du prix des matériaux de construction, le choc énergétique et l'envol des taux d'intérêt fragilisent les prises de décision. Malgré ces incertitudes, le budget 2023 est un budget solide, sans hausse de taux de fiscalité ni d'ajustement tarifaire majeur. Il permet de poursuivre l'ambitieux programme d'équipement de la Métropole sur le plan des mobilités, de la transition énergétique et écologique, de l'habitat et du renouvellement urbain, de la modernisation et de la numérisation des services et du développement économique du territoire », éclaire la majorité métropolitaine.

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L'impact de l'inflation et d'événements exceptionnels

Un budget qui se divise en 1,073 milliards d'euros de dépenses de fonctionnement et 0,929 milliards d'euros en investissement. Côté fonctionnement, la Métropole réagit tout d'abord à une série d'impacts inflationnistes dont la dangerosité n'a certes rien de vital, comme c'est le cas pour des milliers de communes, mais qui n'est pas non plus anecdotique. La collectivité enregistre ainsi une hausse directe des coûts de l'énergie de cinq millions d'euros, à laquelle vient s'ajouter un renchérissement des coûts évalué entre 15 et 20 millions d'euros pour les transports en commun (pilotés par Kéolis Bordeaux).

À ces dépenses de crise s'en rajoutent d'autres de type exceptionnel liées en particulier à l'accueil en 2023 du Tour de France à Bordeaux et de plusieurs matchs de la Coupe du monde de rugby (3,4 millions d'euros), mais aussi à la constitution de provisions au budget annexe assainissement, pour un montant de 14,8 millions d'euros.

Pas de dérapage malgré l'ampleur des investissements

La Métropole flèche 792 millions d'euros en dépenses d'équipement. Car elle assure tout ou partie de la réalisation de plusieurs gros projets dont celle de l'emblématique première ligne de bus express (impulsée en 2015) qui doit relier à compter de 2024 en une heure la gare de Bordeaux-Saint-Jean à la ville de Saint-Aubin-du-Médoc, au nord-ouest de la Métropole. Soit un parcours de 21 km, avec une tranche de financement de 60,2 millions d'euros en 2023 (pour une enveloppe globale de près de 150 millions).

Le pont Simone Veil (35 millions d'euros) ou le dépôt de bus de Lescure (15,3 millions d'euros) sont également au programme. Malgré l'importance des fonds mis en jeu, la majorité PS/EELV tient à montrer qu'elle fait des choix raisonnés et s'attache naturellement à pondérer la masse des chiffres bruts.

« Ce budget volontariste permet néanmoins de maintenir des ratios prudentiels satisfaisants : un taux d'épargne proche de 17 %, une capacité de désendettement de huit années fin 2023 », recadre ainsi l'état-major de la Métropole.

863 millions d'euros de rentrées fiscales

Grâce à son attractivité, qui fait parfois grincer des dents ici ou là, avec 10.000 nouveaux arrivants par an qui viennent s'additionner à une démographie naturelle dynamique, Bordeaux Métropole bénéficie d'une fiscalité avantageuse estimé à 863 millions d'euros pour 2023. Ajoutée aux dotations de l'Etat (21 %) et diverses autres ressources fiscales (12 %), elle permettra de dégager 1,295 milliard d'euros en recettes de fonctionnement dans l'année.

Pour couvrir les dépenses de ce budget 2023 à 2,002 milliards d'euros, Bordeaux Métropole s'appuie également sur 707 millions d'euros en recettes d'investissement, dont 536 millions d'euros d'emprunt. Stratégie qui fait grimper l'opposition de droite et du centre au rideau, ses élus étant convaincus que la majorité va trop loin dans sa politique d'investissements. Des arguments qui ne sont pas pour le moment de nature à perturber le président Anziani.

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