
Lors des vœux de Métropole Commune(s), groupe d'opposition du centre et de la droite, Patrick Bobet, conseiller métropolitain (LR) et maire du Bouscat, s'est félicité de l'arrivée de cette période de mi-mandat pour une majorité PS-EELV à la tête depuis juin 2020 (et jusqu'à 2026) de Bordeaux Métropole, présidée par Alain Anziani (PS). Sans aller jusqu'à dire que la majorité n'a rien inventé et que ce qu'elle a pu créer est mauvais, le patron de Métropole Commune(s) a dénoncé une communication présidentielle qu'il juge surjouée.
« N'en déplaise au président, les neuf dixièmes de ce dont il parle ont été lancés sous la présidence d'Alain Juppé : il n'y a rien de nouveau aujourd'hui ! A part sans doute avec la création de la Régie de l'eau où il y a effectivement un avant et un après. Mais où le prix de l'eau n'a même pas été revu à la baisse, ce qui aurait été un véritable événement ! Parce que la marche à blanc du Tram A jusqu'à l'aéroport à Bordeaux-Mérignac, c'est un projet ancien. La campagne pour la prochaine élection métropolitaine a démarré oui, et c'est normal. Parce que une nouvelle campagne politique démarre dès le soir de l'élection », s'est amusé Patrick Bobet, le plus sérieusement du monde.
Trop d'endettement et de recrutements
L'opposition durcit le ton également sur le budget 2023 annonçant qu'elle votera contre, lors du conseil métropolitain de ce 27 janvier, alors que le groupe s'était abstenu les années précédentes. Emmanuel Sallaberry, le maire de Talence, juge ainsi qu'avec la nouvelle gouvernance un certain nombre d'indicateurs restent positifs, « ce qui est heureux », mais qu'il y a des ratios qui se dégradent, comme celui de l'endettement qui passe à 208 millions d'euros, « équivalent à huit ans de remboursement contre deux auparavant ».
Par ailleurs, l'élu épingle la majorité pour avoir recruté, selon lui de façon excessive, avec la création de 210 nouveaux postes. Sans compter la Régie de l'eau. Sachant que les 70 fonctionnaires attachés au service de l'eau à la Métropole ont été intégrés à la Régie de l'eau, qui est un Epic (établissement public à caractère industriel et commercial), où ils devraient en principe avoir un statut de salariés sans perdre leurs avantages de fonctionnaires. Emmanuel Sallaberry accuse l'exécutif de laisser filer les coûts, ce qui selon lui risque de priver la Métropole de la marge de manœuvre financière dont elle va avoir besoin, ne serait-ce que pour créer les parcs relais nécessaires à la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE). Autant d'installations coûteuses sans lesquelles le dispositif ne fonctionnera pas a prévenu l'élu.
Remise en question du bienfondé de la loi SRU
Michel Labardin, le maire de Gradignan, s'est de son côté penché sur la stratégie foncière proposée par la majorité métropolitaine dont il a estimé qu'elle allait dans le bon sens. L'exécutif ayant selon lui pris la mesure du caractère stratégique de la gestion du foncier. Il a souligné la nécessité qu'il y avait à porter les terrains retirés du marché (par l'établissement public foncier) pendant huit ou dix ans et à renforcer le processus de négociation de gré à gré. Parce qu'il est important de ne pas rater la cession des terrains après les avoir achetés dans les meilleures conditions...
Il a estimé que la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) est en réalité destinée à densifier l'habitat alors que ce genre de décision devrait relever de la souveraineté du maire, qui serait le mieux placé pour savoir ce que veulent ses administrés et qui ne devrait pas être sanctionné pour sa politique. Il a souligné qu'aujourd'hui c'est la capacité à construire qui est valorisée, puisque les nouvelles habitations rapportent des taxes, alors que la Métropole devrait au contraire favoriser la création d'espaces verts par les communes. Avec des terrains non construits, portés par l'établissement public foncier, qui pourraient être classés d'intérêt métropolitain. Prêchant pour un fléchage à plus long terme des aides vers des villes qui ont moins construit et conservé davantage de terrains « naturels ». Soit un complet renversement de perspective par rapport à la mise en place d'une offre de logement pour les plus modestes portée par la loi SRU et sa panoplie de sanctions.
Une politique économique minée par un conflit PS vs Verts
Evoquant la feuille de route économique de la Métropole adoptée il y a un an, Patrick Bobet s'est montré plus agressif :
« C'est encore pire dans ce domaine : ça se grippe sans arrêt entre les Verts et le PS. Heureusement que notre groupe est là pour permettre à la machine de fonctionner ! », s'est indigné le patron de la droite du centre.
Qui a pris ensuite un malin plaisir à dénoncer l'usage plus qu'excessif que ferait la majorité métropolitaine du recours à des cabinets conseils extérieurs pour mener ses actions sur le terrain. En particulier dans le dossier des mobilités, terrain sur lequel Patrick Bobet a dénoncé en substance « un inacceptable abandon de l'action publique ».
Bordeaux au coeur de la future campagne
Le maire du Bouscat a ensuite confirmé le lancement par son groupe du début de la préparation des prochaines élections métropolitaines de 2026.
« Nous nous sommes réunis pour mettre en place notre organisation de campagne et redevenir majoritaires. Nous avons compris depuis quelques temps que l'on devrait tous ensemble s'occuper de tout. Auparavant nous pensions que les villes devaient s'auto-gérer. Et avec des maires comme Chaban-Delmas ou Juppé, à Bordeaux, ça semblait naturel... Aujourd'hui, il faut faire de la pédagogie pour que les gens comprennent bien qu'ils sont ici plutôt que là-bas pour de bonnes raisons », a déroulé en substance, sibyllin, Patrick Bobet.
Une attaque à peine voilée qui semblait bien destiné à l'actuel maire de Bordeaux, Nicolas Florian autant qu'à ses rivaux Thomas Cazenave (Renaissance) et Fabien Robert (Modem).
Ramener davantage de pouvoir dans les territoires
Et Patrick Bobet a annoncé ensuite que son groupe allait faire le maximum pour déconcentrer la Métropole. Pour les élus de droite et du centre la mutualisation de la plupart des services municipaux à l'échelle métropolitaine a créé un monstre.
« La Métropole ne peut pas travailler sans ses 28 communes. Et les mairies peuvent parfois faire mieux que la Métropole. Je ne suis pas opposé à la mutualisation, je dis qu'elle n'est pas l'alpha et l'oméga. Et le retour de balancier actuel va vers le local, le territoire. Si l'élection de l'exécutif métropolitain se faisait au suffrage universel ce serait une erreur, car ça décentrerait les lieux du pouvoir », a jugé le patron de Métropole Commune(s).
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