« Une société qui n'évolue pas se pétrifie. C'est pareil pour un ville et Bordeaux, la ville de pierre, ne doit pas se pétrifier », juge Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, au moment de dresser le bilan de 2022 et les perspectives pour 2023, ce mercredi 12 janvier. « Certains se plaignent d'un changement trop rapide, notamment en matière de vélo. D'autres veulent aller plus vite et plus loin. On va le faire en 2023 », poursuit l'élu écologiste. Comme tout un chacun, il fait face à un choc inflationniste avec, notamment, une facture d'énergie qui a triplé pour la ville et ses satellites, réduisant d'autant ses marges budgétaires :
"On ne renoncera pas à l'essentiel [...] On travaille sur notre feuille de route budgétaire et il y aura des arbitrages à faire ni au détriment de la vie quotidienne des Bordelaises et Bordelais ni de notre avenir climatique. Nous nous donnerons les moyens de nos choix", affirme cependant Pierre Hurmic, précisant que la décision d'une hausse ou d'un maintien du taux de la taxe foncière en 2023 n'a pas encore été prise. Elle le sera d'ici au 7 mars prochain.
Deux nouveaux lieux pour l'ESS en 2023
D'ici là, la ville, qui préside depuis l'an dernier le Forum mondial de l'ESS (économie sociale et solidaire), ouvrira deux nouveaux lieux dédiés à ces entreprises début 2023. « Un hôtel d'entreprises ouvrira ses portes d'ici la fin du mois de janvier rue Causserouge avec l'association la ManuCo et InCité qui combinera un restaurant, géré par Marie Curry, un espace de coworking, un espace Fab Lab [atelier, NDLR] dédié à l'artisanat et des bureaux », précise Stéphane Pfeiffer, l'adjoint en charge de l'ESS. Suivra ensuite l'inauguration d'une « Maison des coursiers » pour accueillir les nombreux livreurs à vélo qui circulent à Bordeaux : « Ils travaillent souvent dans des conditions précaires et cette maison permettra de faire le lien entre ESS, emploi et travail social. »
Plus largement, l'accès des acteurs de l'ESS - entreprises, associations ou coopératives - à des locaux immobiliers reste une vraie problématique que Bordeaux Métropole entend résoudre le biais d'une foncière solidaire dédiée. Mais celle-ci tarde à voir le jour notamment en raison d'un montage juridique et financier complexe. Ce devrait être le cas en 2023 avec, possiblement, de premières acquisitions puisque ses missions consisteront à acquérir des biens immobiliers, accompagner les stratégies immobilières et foncières des acteurs de l'ESS et mutualiser les besoins et les démarches. « Nous travaillons aussi avec InCité et nous menons des discussions avec les grosses opérations d'aménagement pour que dans chaque quartier il y ait des locaux fléchés vers l'ESS », ajoute Stéphane Pfeiffer, citant notamment le futur projet Canopia du côté de la gare Saint-Jean.
Un premier démonstrateur frugal
Du côté de l'urbanisme, l'année 2023 fera office de crash test pour le label du Bâtiment frugal bordelais. Après la démission de l'adjoint à l'urbanisme Bernard Blanc, à l'automne dernier, c'est Stéphane Pfeiffer, désormais en charge du sujet, qui devrait couper le ruban du premier immeuble démonstrateur du label développé par Idéal Groupe.
Et si c'est bien le cabinet 180 degrés qui sera chargé de vérifier la conformité avec les 42 critères de la démarche, un appel d'offres plus large est dans les tuyaux. « Nous allons passer un marché public pour sélectionner un acteur capable d'instruire tous les dossiers en commission des avant-projets, animer la démarche du bâtiment frugal, faire évoluer les critères dans le temps et vérifier la conformité des bâtiments livrés », indique Stéphane Pfeiffer. La mairie profitera de la révision du plan local d'urbanisme intercommunal, qui débutera cet été, pour y introduire son label qui s'applique désormais également aux bâtiments tertiaires. Enfin, des concertations publiques sont prévues sur l'avenir du quartier Mériadeck et sur celui de la Jallère après le déménagement des 1.400 salariés de la Caisse des dépôts.
Des panneaux solaires sur la rocade et le stade
Sur le plan environnemental, outre le soutien à la pratique du vélo et le déploiement de sa feuille de route « Bordeaux Grand Nature », Pierre Hurmic a insisté sur le double impératif de sobriété énergétique et de développement des énergies renouvelables. « Nous serons en 2023 à 19 % d'autonomie énergétique des bâtiments municipaux », s'est-il félicité avant de défendre l'installation de panneaux photovoltaïques partout où cela est possible. Ce sera le cas de la piscine du Grand Parc, qui accueillera cette année 500 m2 de panneaux en toitures et sera raccordée au réseau de chaleur, mais aussi avec des projets bien plus ambitieux. Après avoir échangé avec le gouvernement et les services de l'Etat, le maire se déclare ainsi « confiant » sur la possibilité d'installer des panneaux photovoltaïques sur le stade Chaban-Delmas, classé au patrimoine historique.
Et à plus long terme, l'élu écologiste soutient le projet de couvrir de panneaux solaires la rocade bordelaise, qui appartient à l'Etat. Il a ainsi défendu ce projet d'ombrière solaire de 40 km2 auprès des ministres des transports et de l'écologie en décembre dernier. « Je veux faire de Bordeaux une zone d'expérimentation pour ce type d'infrastructures. L'Etat s'est engagé à lancer une étude de faisabilité sur ce projet, une étude qui sera nécessairement coûteuse », salue-t-il.
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