Bordeaux Métropole et Suez confirment leur accord sur la création de la régie de l'eau dès 2023

Bordeaux Métropole et Suez ont scellé, ce mardi 22 novembre, leur accord sur les dernières gros points techniques à régler dans le cadre du protocole de création de la Régie de l'eau de Bordeaux Métropole. Une ancienne délégation de service public reprise par la collectivité avec l'aide de Suez. Ce qui n'empêche pas que la situation sociale continue à être tendue, avec un appel à la grève générale lancé par l'intersyndicale de Suez ce même jour.
Alain Anziani président de la Métropole
Alain Anziani président de la Métropole (Crédits : Agence APPA)

Bordeaux Métropole, présidé par Alain Anziani (PS), et la Régie de l'eau de Bordeaux Métropole, dont Sylvie Cassou-Schotte (vice-présidente EELV de la Métropole) est la présidente, ont officialisé ce mardi 22 novembre avec le groupe Suez, représenté par son directeur général délégué, Maximilien Pellegrini, le protocole d'accord portant sur les ultimes modalités de transition vers la création de la régie de l'eau.

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Depuis deux ans que la Métropole et Suez coopèrent pour mettre en place la nouvelle régie métropolitaine, plus de 300 processus de fonctionnement nécessaires à la réussite de cette dernière ont été identifiés, se soldant par autant de marchés publics à coordonner. Autre gros morceau de ce protocole, la dévolution par Suez -sous la forme d'une aide- des clés nécessaires à la création du futur système d'information de la régie métropolitaine. Le tout dans un environnement social tendu puisque l'intersyndicale CFE-CGC, CGT, FO, S3E des salariés de Suez opposés aux conditions actuelles des transferts dans la régie a appelé à une grève générale à compter de ce mardi.

Pas de menace confirmée de dépôt de plainte

Si les revendications syndicales semblent un peu moins nombreuses qu'il y a une quinzaine de jours, la température n'est pas encore retombée et une réunion entre la direction de la Régie de l'eau de Bordeaux Métropole et les syndicalistes est prévue ce mercredi 23 novembre. Autrement-dit cette validation du transfert du service de l'eau entre les deux structures, qui aurait pu n'être qu'une formalité anodine, recouvre une situation encore compliquée.

Parce que le passage de témoins entre Suez, titulaire depuis 1991 de la délégation de service public (DSP) de gestion de l'eau dans la Métropole, et la présidence de Bordeaux Métropole, qui a décidé il y a deux ans de reprendre les choses en mains en créant sa propre régie, est à l'origine d'un conflit social embarrassant. Les conditions du transfert des salariés de Suez à la Métropole ont été au cœur d'un bras de fer de très haute intensité, au point que l'intersyndicale a prévenu que si la régie refusait d'accueillir dans ses murs le moindre salarié à transférer, le groupe Suez pourrait considérer qu'il y a rupture de contrat et porter plainte contre la Métropole. Une éventualité à mille lieux du discours d'apaisement tenu par le directeur général délégué de Suez ce 22 novembre

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"Tout n'a pas été rose"

Ce mardi, devant la presse et de nombreux invités, tous les intervenants impliqués dans ce passage de témoin se sont ainsi montrés rassurants.

"Je suis entouré de trois personnes, a démarré Alain Aniziani, monsieur Pellegrini, qui a beaucoup travaillé sur ce dossier, madame Cassou-Schotte, la présidente... la troisième personne étant le personnel de la Régie, de Suez, les syndicats. Nous avons tous formé une sorte d'équipe... Après un contrat de 30 ans Bordeaux Métropole a fait le choix d'une régie et la principale victime a accepté de nous accompagner, mais tout n'a pas été rose et n'est pas allé sans grincements ni difficultés...", a cadré en substance avec humour à l'endroit de Suez le président de la Métropole.

Avant de refaire l'historique de cette DSP politiquement compliquée que les élus métropolitains avaient essayé de briser une première fois sous la présidence socialiste de Vincent Feltesse, avant que les élections municipales de 2014 ne viennent le balayer pour remettre Alain Juppé à la tête de la collectivité et maintenir cette délégation de service public.

Suez veut coopérer avec la Métropole après la rupture

Pour éviter une sortie trop brutale de ce Meccano, les élus de la majorité PS-EELV portés à la tête de la Métropole lors des élections municipales de 2020 ont décidé d'organiser une période de transition de deux ans au cours de laquelle la Métropole coopèrerait avec Suez pour préparer la création de la future Régie de l'eau de Bordeaux Métropole. Une période de transition qui arrive à son terme. Le contrat de gestion de l'eau à Bordeaux Métropole était sans doute le plus important de Suez en France et bien entendu Maximilien Pellegrini n'a pas pu ne pas faire part d'un sentiment partagé à propos de cette séparation. D'autant qu'il a rappelé que, malgré des allers et retours, Suez était présent à Bordeaux depuis 1906, avec la découverte de la source de Cap de Bos.

"Nous sommes plutôt extrêmement fiers de ce que nous avons mis en œuvre avec vous : le premier centre d'appel, dans les années 1990 ; la création de la Maison de l'eau ; celle de la modulation de pression, avec le centre de télécontrôle Ausone ; le centre de recherche Lyre, qui regroupe 40 chercheurs...", a illustré en substance Maximilien Pellegrini,

Avant de souligner à quel point il croyait en la poursuite d'une coopération entre son groupe et Bordeaux Métropole, en particulier par le biais de l'innovation et des solutions qui pourront être proposées aux élus pour amortir les impact des effets du changement climatique.

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Des salariés impliqués dans la co-construction de la régie

Sylvie Cassou-Schotte a de son côté éclairé le chemin parcouru depuis deux ans soulignant que les équipes sont en ordre de marche, à pied d'œuvre pour être opérationnelles au 1er janvier 2023.

"Nous sommes au rendez-vous, nous sommes prêts : je le répète nous sommes prêts ! L'établissement du socle social de la nouvelle régie provoque des difficultés dont nous ne connaissons pas encore l'aboutissement mais je rappelle que nous coconstruisons la régie métropolitaine avec les syndicats, les salariés, ce qui n'a jamais été fait auparavant. Ce n'est pas simple mais nous arrivons au bout du processus", a en particulier éclairé la présidente de la Régie de l'eau de Bordeaux Métropole.

La présidente a tenu à préciser que tous les marchés publics correspondant aux fonctions nécessaires à la future régie ont été attribués, et que la petite trentaine restante n'était pas un problème.

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