Alain Rousset fait sa rentrée sous le signe de la forêt en Nouvelle-Aquitaine

Lors de sa conférence de presse de rentrée, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine a mis l'accent sur la forêt d'après les incendies de cet été. Alain Rousset a également abordé de nombreux sujets et pris position pour une "désidéologisation" des débats sur la nature.
Alain Rousset, le 19 septembre 2022.
Alain Rousset, le 19 septembre 2022. (Crédits : Agence APPA)

C'est dans les locaux bordelais du FCBA, centre technique du bois, dont Christophe Mathieu, le directeur général, était présent, qu'Alain Rousset, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, a tenu à faire sa conférence de presse de rentrée.

"Je suis content de venir à Bordeaux, j'y viens aussi souvent que possible même si le siège social du FCBA est à Paris. Et je tiens à adresser mes remerciements à Alain Rousset pour le soutien sans faille que nous apporte la Région depuis des décennies. L'été a été très rude, avec la canicule, la sécheresse et les incendies", a cadré Christophe Mathieu.

Ceci avant de lancer des questions de fond qui n'ont pas fini de rebondir. Le directeur général du FCBA a ainsi évoqué le fait de savoir quelles sont les essences d'arbres les plus adaptées à planter après ces incendies, et où se trouvent les meilleurs endroits.

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La question des arbres et des hommes est posée

Des questions que le DG du FCBA n'est pas le premier à soulever et qui ont déjà provoqué des réactions, jusqu'ici retenues chez certains membres de la filière sylvicole. Pour lesquels il n'y a pas de problèmes avec les arbres mais avec le bon entretien du massif et les hommes qui, quelle que soit l'essence choisie, répondront toujours présents pour déclencher 90 % des incendies. Que ce soit de façon involontaire ou criminelle. Et la forêt des Landes de Gascogne étant de propriété privée pour près de 90 % de son territoire, toute volonté de changement des pratiques devra être accompagnée de mesures très incitatives pour convaincre les sylviculteurs de changer.

Le directeur général du FCBA ne pouvait pas manquer de rappeler que la la 4e édition du congrès mondial Woodrise, dédié à la construction bois de moyenne et grande hauteur, dont la première édition s'est tenue dans le port de la Lune en mai 2017, aurait lieu à nouveau à Bordeaux du 17 au 20 octobre 2023. Un agenda qui a été validé en juin dernier.

Les Français ont-ils vraiment le lien entre climat et canicule ?

"Le symbole de cette conférence de presse de rentrée, nous sommes venus le chercher chez vous. Même si, ici, c'est aussi un peu chez nous, en particulier avec le plateau technique exceptionnel dont vous bénéficiez et au financement duquel nous avons participé. Le temps long est un défi", en particulier pour le monde politique, a jugé Alain Rousset.

Alors que, comme il l'a ensuite souligné, il faut 40 ans à un pin maritime pour devenir exploitable. Alain Rousset a ensuite abordé "la reconstruction de la forêt", et des trois à cinq ans que cela va prendre. Il s'est ensuite inquiété sur la question de savoir si cet été la population a fait ou non le lien entre réchauffement climatique, canicule et sècheresse.

"Je ne suis pas sûr que ça ait été le cas", a-t-il prudemment évalué. Puis il a tenu à souligner que la lutte contre les effets sociaux-économiques de la pandémie de Covid-19 a fortement tiré sur les capacités de financement dont dispose le gouvernement. Et qu'aujourd'hui, alors que selon lui il y a urgence a lutter contre le dérèglement climatique, les questions de financement sont devenues très compliquées.

La création d'un cluster sur l'économie circulaire au programme

"Nous avons choisi 2030 (comme date butoir quant à la nécessité d'action- Ndr), parce que 2050 c'est loin, beaucoup trop loin et cela veut dire que l'urgence climatique n'est pas perçue pour nos enfants et petits-enfants [mais pour nous-mêmes]. Situation qui nous oblige à accélérer", a expliqué le président de Région.

Alain Rousset a au final abordé de nombreux sujets, dont celui de la réindustrialisation, qui lui tient à cœur en particulier dans le domaine de la santé et de la fabrication des médicaments, dominée par la Chine et l'Inde. Il a ainsi estimé que le triplement des coûts de transport lié à la crise, risque de provoquer de nouvelles pénuries.

C'est ainsi qu'Alain Rousset a insisté en particulier sur la sauvegarde des souverainetés alimentaire et technologique (électronique, médicale avec les principes actifs).

"C'est un appel à la mobilisation générale que je voudrais lancer à ce sujet", a-t-il confirmé. "Nous allons, a poursuivi Alain Rousset, bientôt créer un cluster autour de l'économie circulaire".

Il a notamment évoqué la déconstruction d'avions à Biarritz ou encore celle de cellules photovoltaïques à Saint-Loubès (Gironde), soit autant de défis pour la région éco-responsable que veut développer Alain Rousset, à condition que l'Etat investisse dans ce domaine à grande échelle.

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Extraire l'idéologie des débats sur la nature

Après avoir prêché pour la plantation de chêne-liège sur au bord des routes, une pratique longtemps très courante dans les petites Landes, à l'est du massif, Alain Rousset est revenu sur la question de l'eau, soulignant que 38 % des rivières de Nouvelle-Aquitaine sont à sec. D'où sa proposition, qui ne va pas plaire à beaucoup d'écologistes, de réinventer un modèle fondé sur la nature, mais pas la décroissance.

"Nous devons désidéologiser les débats sur la nature, sinon nous n'avancerons pas. Les débats politiques (dans ce domaine -Ndr) sont vains", n'a-t-il pas craint de lancer.

Avant de plaider pour la création de réserves de substitution, suite à une question relative aux bassines du Marais Poitevin.

"Il vaut mieux garder de l'eau en période de très hautes eaux : c'est plus rationnel que de pomper l'eau en plein été", a recadré Alain Rousset.

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Avant de s'en prendre au collectif d'associations « Bassines non merci ! » dont il a dénoncé la violence. Alain Rousset -ce n'est un secret pour personne- n'a jamais apprécié le centralisme et s'est une nouvelle fois attaqué à la structure pyramidale de l'Etat, avec ses sous-préfets, ses préfets.... Une structure qui doublonne avec les fonctions mises en place par les collectivités (intercommunalités, départements, régions) et qui fait qu'en France l'administration coûte cher.

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Commentaires 2
à écrit le 21/09/2022 à 6:06
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« si tu plantes des conifères achète des canadairs » Depuis plus de 30 ans l’ONF fait planter des conifères parce que ça consomme moins d’eau, donc ça évacue moins de chaleur, apporte moins de pluie et brule tous les étés ... . Notre modèle climati...

à écrit le 19/09/2022 à 20:44
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On ne manque pas d'eau on en jette simplement TROP ...La France va construire des milliers de réserves collinaires (Caussade) pour protéger la population des inondations qui font des millions d'euros de dégâts tous les ans (et même des morts ...), La...

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