Pays basque : « Le soutien aux entreprises est le troisième poste budgétaire de l'agglomération »

INTERVIEW. Avec 64.000 entreprises et plus de 125.000 emplois, le Pays basque est la deuxième agglomération de Nouvelle-Aquitaine par son poids économique. Sylvie Durruty, vice-présidente de la Communauté d'agglomération Pays basque en charge de l'économie et de l'innovation, expose les priorités en matière de politique économique de la plus grande communauté d'agglomération de France avec ses 158 communes membres.
(Crédits : Ville de Bayonne)

LA TRIBUNE - Comment caractérisez-vous la politique économique de la communauté d'agglomération Pays basque (CAPB) ?

Sylvie DURRUTY - À sa création au premier janvier 2017, la CAPB a fait le choix de soutenir exclusivement l'économie productive, car il s'agit d'emplois non-délocalisables, avec des contrats plus longs et un niveau de rémunération plus élevé. Nous savons en plus qu'un emploi industriel génère entre trois et cinq emplois indirects. Notre intervention porte sur les secteurs d'activités à fort potentiel sur le territoire : l'aéronautique, l'agriculture et l'agroalimentaire, la logistique, l'économie bleue - de l'industrie de la glisse au biomimétisme marin -, la construction et l'aménagement, la santé, le numérique ou encore l'artisanat. Autre point important, notre ligne franche et claire est d'accélérer avec les entreprises la transition écologique et énergétique du territoire. Il ne s'agit pas là d'un vœu pieux : les projets que nous choisissons d'accompagner, techniquement comme financièrement, en attestent.

Notre direction du développement économique intervient quotidiennement auprès des entreprises. Elle est composée d'une quinzaine de personnes, organisées par secteur et par territoire, travaillant en collaboration étroite avec la Région. Nous avons mis en place une base de données de suivi des échanges, accessible aux élus, pour que les entreprises aient des réponses rapides et adaptées à leurs préoccupations. Preuve de notre engagement : avec 75 millions d'euros d'investissements au total d'ici 2026, le soutien aux entreprises constitue le troisième poste budgétaire, après le traitement des déchets et la gestion de l'eau. Couplée à l'attractivité du territoire, cette politique ambitieuse porte déjà ses fruits : l'effectif industriel (13 % des salariés du privé) a augmenté de 2,7 % sur les trois dernières années, ce qui nous place parmi les territoires les plus performants en la matière.

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Le nombre de créations d'entreprises est aussi en hausse, de 15 % en cinq ans. Que faites-vous pour aider les entreprises existantes à croître ?

Aux côtés de grands groupes tels Dassault Aviation (aéronautique), Sokoa (meubles), Technoflex (dispositifs médicaux), Agour (agroalimentaire) ou encore DJO (logistique), les entreprises basques sont à 95 % des PME. Plutôt que de regarder la taille des entreprises, nous raisonnons en termes d'écosystème. C'est tout le sens de l'association Pays Basque Industries, qui rassemble des intervenants de différents horizons, secteurs et taille. En peu de temps, une vraie alchimie s'est créée, entre industriels et avec la CAPB.

De nos discussions est née l'idée du contrat "résilience et performance", qui sera proposé au vote lors de la prochaine séance du conseil en septembre 2022. Prenant la forme d'une aide directe, elle s'adressera aux entreprises productives de plus de cinq salariés. Ce ne sera pas uniquement une aide financière, mais un accompagnement stratégique de trois ans pour stimuler la montée en gamme et la différenciation en se focalisant sur la transition écologique et énergétique et sur l'innovation.

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Que faites-vous spécifiquement pour stimuler le développement des écosystèmes ?

Il faut favoriser les échanges, au sein de réseaux comme Pays basque Industries ou encore French Tech Pays basque. Mais il faut aussi des lieux dédiés où se rassemblent entrepreneurs, chercheurs et étudiants. C'est tout le sens de la Technopole Pays Basque avec quatre sites en pleine expansion : Izarbel (Bidart, services et industries numériques), Technocité (Bayonne, aerospace, composites et fabrication additive), Arkinova (Anglet, construction durable), ID Ocean (économie bleue, fédérant différents acteurs, dont la pépinière Crealuz à Saint-Jean-de-Luz). S'ajoutera début 2023 une pépinière medtech à Izarbel, à côté des nouveaux bureaux de Sophia Genetics (120 salariés), ainsi qu'une pépinière agroalimentaire à Saint-Palais fin 2023. Nous soutenons par ailleurs des initiatives pour associer des acteurs disséminés sur le territoire à cette dynamique d'innovation, comme la création d'une plateforme technologique Usine du Futur en Soule, en complémentarité avec la Technocité, considérée moins accessible par les PME.

De nombreuses entreprises, pas uniquement de la restauration, ont du mal à recruter. Comment les accompagnez-vous sur ce point ?

En effet, la santé, l'aéronautique et l'agroalimentaire sont aussi fortement en tension. Dans la dernière enquête « Besoins en Main d'œuvre » de Pôle Emploi, 18.600 projets de recrutement ont été recensés, contre 15.600 en 2021 : 64 % de ces projets sont non-saisonniers et 66 % sont jugés difficiles à pourvoir. Il faut rappeler que le Pays basque est proche du plein emploi avec un taux de chômage historiquement bas de 6,4 %, inférieur à la moyenne nationale (7,3 %). Nous essayons de faciliter la rencontre entre recruteurs et chercheurs d'emplois en soutenant de nombreuses initiatives en la matière. Surtout, nous souhaitons développer la formation et l'enseignement supérieur. Dès 2025, le Pays basque sera le deuxième territoire de formation d'ingénieurs de Nouvelle-Aquitaine.

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Commentaire 1
à écrit le 09/09/2022 à 14:54
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125 000, 64 000 entreprises C'est le problème. Trop de très petites entreprises, pas assez d'ETI. Sans oublier un tissu économique inégalement réparti sur le territoire.

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