Le Grand port maritime de Bordeaux (GPMB), dont Jean-Frédéric Laurent est le président du directoire, a signé en décembre une convention avec le groupe marseillais CVE (Changeons notre vision de l'énergie, ex Cap Vert Energie), spécialiste en énergies renouvelables, pour la construction dans le domaine portuaire d'une unité de méthanisation. Ce projet doit voir le jour à cheval sur deux communes de la zone industrialo-portuaire : Bassens et Ambarès-et-Lagrave (Bordeaux Métropole). Comme le méthaniseur à construire est une installation classée, le projet fait l'objet depuis le 10 janvier et jusqu'au 7 février inclus, d'une consultation de la population des deux communes concernées.
"Fruit d'une excellente collaboration avec le GPMB, l'unité CVE Port de Bordeaux permettra de faire émerger un projet d'écologie industrielle local", relève Pierre de Froidefond, co-fondateur et co-président de CVE.
Un projet vert dans les tuyaux depuis 2017
Ce projet baptisé Péépos (Port à énergie et économie positives) est développé par le Grand port maritime de Bordeaux dans le cadre du Réseau transeuropéen de transport (RTE-T) et de la stratégie "Transports 2050" de l'Union européenne, qui vise à augmenter la production d'énergie renouvelable et à faire baisser de 60 % les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports. C'est ainsi qu'après deux ans de travail préparatoire, le GPMB a lancé en 2019 un appel à manifestation d'intérêts, dont le lauréat a été CVE, pour lancer ce projet de valorisation de sous-produits de l'activité industrielle agroalimentaire portuaire et agricole.
"Le développement du projet CVE Port de Bordeaux sur notre périmètre répond parfaitement aux enjeux de transitions énergétiques et environnementales des zones industrialo-portuaires. Celles-ci concentrent de nombreuses activités émettrices de sous-produits organiques en quantités importantes, qui seront à l'avenir valorisés localement en énergie", décrypte Jean-Frédéric Laurent.
25.000 tonnes de déchets organiques, 1.500 hectares fertilisés
La société basée à Marseille qui va porter le projet a été créée en 2017 et baptisée CBVE E24 Port de Bordeaux. Elle est devenue partenaire du Grand port maritime de Bordeaux pour cette opération dès 2017. L'entreprise, filiale du groupe CVE, est dirigée par Arnaud Réal del Sarte, directeur général délégué finance de CVE. Groupe qui a été cofondé par Christophe Caille, Hervé Lucas et Pierre de Froidefond, qui en est le co-président.
L'objectif du projet est de construire une unité de méthanisation capable de traiter jusqu'à 25.000 tonnes par an de matières organiques issues notamment de l'activité industrielle agroalimentaire portuaire, mais aussi des collectivités, comme les déchets des cantines scolaires, ou encore de l'activité agricole, avec des matières végétales produites à proximité. Comme ce projet s'inscrit dans un schéma d'économie circulaire, le digestat issu de la méthanisation de ces déchets organiques doit ensuite être utilisé comme engrais dans les exploitations agricoles proches du port de Bordeaux. La production de l'unité de méthanisation devrait permettre de contribuer à la fertilisation de 1.500 hectares de sols agricoles dans un rayon de 50 kilomètres autour des communes de Bassens et Ambarès-et-Lagrave.
Un an de travaux, 600.000 euros de retombées économiques
Cet engrais "organo-minéral" sera une bonne affaire pour les agriculteurs partenaires de l'opération, puisqu'ils vont pouvoir économiser près de 125.000 euros par an en le substituant aux engrais chimiques minéraux. De son côté, le biométhane produit pendant le traitement des déchets organiques -à raison de 300 m3 par heure- sera directement injecté dans le réseau de gaz local (46 communes de Bordeaux Métropole et du Médoc) géré par Régaz Bordeaux, représentant la consommation de 3.500 foyers, soit l'équivalent de la population de Bassens, relève CVE.
Ce projet d'un coût prévisionnel de 15 millions d'euros va permettre la création de dix emplois et générer, selon ses promoteurs, plus de 600.000 euros de retombées économiques pendant son exploitation, via les coûts de maintenance, de transport, d'épandage. Une fois le feu vert donné à la poursuite du projet par la préfète de la Gironde, Fabienne Buccio, les travaux devraient démarrer dans les prochaines semaines pour une livraison de l'installation en 2023 au terme d'un an de travaux.
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