Bordeaux Métropole : le président Alain Anziani fait le point sur l'action économique

Le conseil de métropole qui se tient ces jeudi 20 et vendredi 21 mai doit voter des décisions en phase avec les nouvelles perspectives de sortie de crise qui se dessinent. Un moment politique dont Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, a voulu faire sentir l'importance et souligner la connexion étroite avec la vie économique.
Nous avons quand même de l'espoir avec ce déconfinement partiel et quelques inquiétudes, a prévenu Alain Anziani, le président de Bordeaux Métropole.
"Nous avons quand même de l'espoir avec ce déconfinement partiel et quelques inquiétudes", a prévenu Alain Anziani, le président de Bordeaux Métropole. (Crédits : Appa/ Eric Barrière)

Le président (PS) de Bordeaux Métropole et maire de Mérignac, Alain Anziani, a mis ce lundi 17 mai les petits plats dans les grands pour présenter sa synthèse de la politique métropolitaine menée par la collectivité dans le cadre de la crise sanitaire contre le Covid-19, depuis sa conférence de rentrée de septembre 2020. Sachant que cette dernière avait servi de balise à la prise des commandes de la Métropole par la nouvelle majorité PS-EELV, promue au poste de pilotage métropolitain après les élections, en juillet 2020.

Lire aussi 9 mnA Bordeaux Métropole, Alain Anziani remet l'attractivité métropolitaine en selle

Le président était ainsi entouré de sa garde rapprochée de vice-présidents en charge des questions économiques, à commencer par Brigitte Bloch (tourisme, évènements et équipements métropolitains), Stéphane Delpeyrat (développement économique et emplo, enseignement supérieur et recherche) et Alain Garnier (économie sociale et solidaire, économie de la proximité). Un staff d'élus lui-même renforcé par les représentant la vie économique, avec Nathalie Laporte, présidente de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Gironde, Patrick Seguin, président de la Chambre de commerce et d'industrie Bordeaux Gironde, Laurent Tournier, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) de la Gironde et, en visioconférence, Laurent Rebière, vice-président (Aquitaine) de la Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire (Cress).

 Il y a de quoi s'inquiéter estime Alain Anziani

"La réponse au Covid impose de penser d'ores et déjà à la phase post Covid. D'où notre choix de ne pas travailler en chambre mais au contact de nos partenaires sur le terrain. Ce mercredi 19 mai marque un nouveau chapitre dans le déconfinement, pour les commerçants, les restaurateurs....

N'y aura-t-il pas des sinistres au moment de la réouverture définitive ? Nous avons quand même de l'espoir avec ce déconfinement partiel et quelques inquiétudes. Pour le tourisme, le transport aérien on ne sait pas encore ce que ça va donner. La perfusion financière des entreprises va-t-elle s'achever sur un mur de dettes ?", s'est en substance inquiété Alain Anziani.

Le président a ensuite rappelé quelques données chiffrées sur l'impact régional du Covid-19 en Nouvelle-Aquitaine, avec en particulier la baisse de -1,1 % de l'emploi privé et la hausse de +9,3 % du nombre de chômeurs en catégorie A en 2020.

50 millions de commande publique sur deux ans

Ramenant la focale sur Bordeaux Métropole, le président de la Métropole a ensuite précisé que la collectivité s'était engagée dans la relance de l'économie, pour près de 18 millions d'euros. Avec une aide (très appréciée) au paiement des loyers, mais aussi à la trésorerie des entreprises, avec un effort spécifique consenti du côté de la commande publique.

"Nous avons quasiment tout dépensé !", s'est réjoui Alain Anziani.

Concernant la commande publique le patron de la Métropole a confirmé le plan de 50 millions d'euros d'investissement public réparti sur les années 2021 et 2022, soit une hausse de +5,6 %.

Lire aussi 10 mn« 15 % à 20 % des TPE/PME sont des entreprises zombies qui ne survivront pas à la crise »

"Les entreprises réclament du travail", a commenté Alain Anziani. Grâce à l'adoption d'un schéma de promotion des achats publics socialement responsables la collectivité peut faciliter -sans faire de préférences- l'accès des TPE et PME aux marchés publics.

Papeterie de Bègles, une aide de 15.000 euros aux salariés

Le président a ensuite mis en exergue des projets programmés sur les grands sites, comme l'opération d'intérêt métropolitain (OIM) qui va se développer sur la Rive droite (projet Arc rive droite) et qui vient d'être actée par les élus. Cette OIM va impliquer le port de Bordeaux mais aussi la ville de Lormont, qui devrait bénéficier d'investissements dans la chimie verte et la santé, avec une intervention du  CHU. Alain Anziani a également souligné que la Métropole était à la relance de l'OIM Innocampus, qui implique en particulier la ville de Pessac, mais aussi l'Université de Bordeaux.

Maire de Mérignac, où se trouve l'aéroport international de Bordeaux, Alain Anziani a rappelé que l'aéronautique restait un secteur clé et que le projet Tarmaq est en cours de développement. Concernant la situation de la Papeterie de Bègles, le président Anziani a expliqué que la Métropole était prête à soutenir la proposition de reprise de l'usine formulée par les salariés et devrait voter ce jeudi 20 mai une subvention de 15.000 euros au bénéfice de leur association qui élabore son propre plan de reprise.

Lire aussi 5 mnPapeterie de Bègles : les ex-salariés en quête de soutien pour amorcer leur projet de reprise

Alain Anziani a également confirmé que Bordeaux Métropole est en train d'élaborer une nouvelle feuille de route pour son action économique, avec "une forte coloration écologique".

La formation professionnelle au centre du sauvetage

Représentant du commerce et d'industrie, Patrick Seguin a estimé que Bordeaux Métropole dispose de tous les atouts pour rebondir. Le président de la CCIBG a relevé qu'avant la crise sanitaire 14.600 emplois restaient à pourvoir et qu'ils étaient toujours non pourvus. Avec des problèmes parfois très marqués, comme dans le secteur des cafés-hôtels-restaurants où beaucoup de salariés ont disparu pour rebondir ailleurs.

Laurent Tournier a confirmé ce phénomène et s'est inquiété des effets dévastateurs de la convergence du remboursement des prêts garantis par l'Etat (PGE), du remboursement des charges et de l'accumulation par les salariés des congés payés. Il a par ailleurs souligné que la formation professionnelle est une priorité centrale.

"Nous allons mettre toute notre énergie pour régler ce problème qui pourrait tout compromettre", a-t-il souligné.

Laurent Rebière a fait savoir que l'ESS représente plus de 36.000 emplois dans la Métropole, avec plus de 50 % de PME, et "un manque structurel de fonds propres".

Lire aussi 5 mnAprès Ford à Blanquefort : Bordeaux Métropole fait-elle du "logistique bashing" ?

Nathalie Laporte a observé que la métropole bordelaise est un territoire où les entreprises de l'artisanat bénéficient d'une dynamique favorable. Reste que ce secteur est encore sous la pression du renouvellement, avec un tiers de dirigeants de plus de 55 ans qui vont bientôt arrêter. A cela s'ajoute la pression des prix immobiliers, qui risque de chasser les artisans du centre de la Métropole.

Une Métropole coordonnée avec les acteurs de l'économie

Chez les vice-présidents, Stéphane Delpeyrat a tout d'abord estimé que la crise actuelle marquait un tournant, qui a rendu manifestes de nombreuses difficultés sous-jacentes, qu'il s'agisse de logistique, de souveraineté et d'environnement. Cette dernière dimension ultime s'imposant dans tous les secteurs. D'où la nécessité pour la Métropole selon Stéphane Delpeyrat de se coordonner avec les acteurs de l'économie, comme la CCIBG ou l'Umih.

Le vice-président a insisté sur le fait que "l'économie est une affaire de confiance" et condamné les séquences "d'autoflagellations quotidiennes" via la crise sanitaire organisées sur l'air de "tout est nul dans ce pays". Mais il a été très clair sur les prix et lancé un avertissement qui n'a sans doute pas fini de tourner en boucle.

"Cette transition écologique doit créer plus d'emplois car si c'est le contraire, nous allons avoir un vrai problème !", a-t-il prévenu.

Tourisme : un plan en quatre volets

Brigitte Bloch a centré son intervention sur l'accompagnement des entreprises de la filière tourisme à court et plus long terme. A court terme, la Métropole a préparé un plan en quatre volets : avec tout d'abord la campagne "les hôtels vous font les prix doux", puis la relance des visites en ville avec la reprise de "Bordeaux vous envoie balader", l'organisation de la Fête du vin, avec des dégustations chez les cavistes et une distribution de bons d'achats renvoyant chez les restaurateurs, enfin une offre taillée sur mesure pour le tourisme d'affaire, qui pèse lourd dans l'activité touristique de la Métropole. La culture va elle aussi être mise à contribution et la Métropole s'apprête à débloquer un budget de 2 millions d'euros pour structurer un ensemble d'actions dans ce domaine.

Lire aussi 3 mnBordeaux Métropole : quatre collectivités synchronisent leur soutien à l'ESS

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.