Après la Grande Récré et Camaïeu, Michel Ohayon reprend les casernes de Libourne

L'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon, qui a notamment repris la Grande Récré et Camaïeu, vient d'officialiser son engagement à Libourne (Gironde) dans la restructuration des deux casernes de l'ancienne Ecole de sous-officiers de la gendarmerie (Esog). Avec à la clé la création d'un pôle d'affaires international, axé sur l'oenotourisme, l'hôtellerie de luxe, mais aussi l'art contemporain. Ce projet n'en est encore qu'à sa phase préliminaire mais pourrait mobiliser des "centaines de millions d'euros d'investissement".
Michel Pétuaud-Létang, Michel Ohayon et Philippe Buisson ce 13 janvier à la mairie de Libourne.
Michel Pétuaud-Létang, Michel Ohayon et Philippe Buisson ce 13 janvier à la mairie de Libourne. (Crédits : Agence Appa/Bastien Ortola)
"J'imagine que le premier coup de pioche sera donné fin 2022 ou début 2023...", évalue Michel Ohayon, créateur et dirigeant de la Financière immobilière bordelaise (FIB) à Bordeaux.

Lire aussi : Michel Ohayon ouvre ses Galeries Lafayette à de nouvelles enseignes

L'homme d'affaires bordelais, qui a repris à Libourne le projet abandonné par la Financière Vauban de restructurer les casernes Lamarque et Proteau, qui formaient l'ancienne l'Ecole de sous-officiers de la gendarmerie (Esog), était ce mercredi 13 janvier dans la cité libournaise. Pour une intervention très officielle, qui s'est faite en présence du maire (PS) de Libourne, Philippe Buisson, de l'architecte Michel Pétuaud-Létang, dont Michel Ohayon est très proche, et de Jean-Philippe Le Gal, 2e adjoint délégué au projet urbain "Libourne 2025".

Sept hectares en centre-ville

La reprise de l'ancienne Esog à Libourne, dont le site s'étend sur sept hectares en plein centre-ville, est en soi un projet pharaonique sur lequel la Financière Vauban, à Tournai (Belgique), s'est cassée les dents, et qui a été repêché par Michel Ohayon. Ce dernier a fait connaître son intérêt pour le dossier il y a deux ans et c'est Philippe Buisson qui l'a fait savoir, en pré-officialisant l'accord dans un tweet en juin 2019.

Dans le dossier de la reconversion des casernes de #Libourne en pôle hôtelier et touristique, j'ai annoncé ce matin que la Financiere Immobilière Bordelaise de Michel Ohayon allait se substituer à la Financière Vauban de Xavier Lucas. #intercontinental ?

— Buisson Philippe (@phbuisson) June 18, 2019

Une présentation officielle retardée par la pandémie

Le maire de Libourne a rappelé que la fermeture par l'Etat de l'Esog, en 2009, avait marqué un virage difficile à négocier dans cette ville de 25.000 habitants habituée depuis le milieu du XVIIIe siècle à vivre avec des casernements militaires. D'autant qu'après les deux appels à manifestation d'intérêt infructueux lancés par l'Etat pour reprendre le site, la Communauté d'agglomération du Libournais (Cali), que préside Philippe Buisson, a dû acquérir les deux casernes en 2016.

Lire aussi : Michel Ohayon investit 40 M€ à Libourne

"Le temps a fait apparaître une faille dans le projet de la Financière Vauban. Le fait qu'il n'ait aucun opérateur hôtelier capable de gager l'ensemble de l'opération. Avec le nouvel appel à manifestation d'intérêt lancé en 2019, Xavier Lucas (le patron de la Financière Vauban -Ndlr), a pu entrer en contact avec Michel Ohayon. La présentation du projet aurait dû arriver bien plus tôt, mais la pandémie a modifié le calendrier", a éclairé en substance Philippe Buisson.

Autant dire que ce dernier commençait à se lasser un tant soi peu des échecs à répétition de ces appels à manifestation d'intérêt lancé sur l'ancien site de l'Esog.

A Bordeaux, le projet de nouvel hôtel de luxe sur les rails

A Bordeaux, le projet de nouvel hôtel de luxe dans les locaux de l'ancien Virgin Mégastore, place Gambetta, vient de démarrer. Michel Ohayon, qui a repris ce bâtiment en 2015, avait souligné qu'il n'achèverait pas ce nouvel établissement avant que la place Gambetta n'ait été elle-même restructurée. C'est désormais chose quasiment faite et l'architecte Michel Pétuaud-Létang a confirmé à La Tribune que le permis de construire du futur hôtel de luxe a été déposé le 23 décembre dernier. Le feu vert pourrait tomber d'ici mars ou avril.

"Non le projet Esog n'est pas un projet fantôme"

L'arrivée de Michel Ohayon, qui s'est illustré au cours de ces dernières années avec les rachats en 2017 à l'investisseur chinois An Enda du Château Trianon, Saint-Emilion grand cru, de 22 magasins Galeries Lafayette en 2018, dont celui de Libourne, du Waldorf Astoria de Jérusalem ou encore plus récemment de la Grande Récré et de l'enseigne Camaïeu, donne du poids à cette première réponse favorable à un AMI concernant les anciens locaux de l'Esog.

Caserne Libourne Ohayon

Premier corps de bâtiment de la caserne Proteau visible de la rue (crédits : Agence APPA).

"Aujourd'hui nous avons l'appui d'un grand développeur de ce pays : Michel Ohayon, qui vient à Libourne confirmer qu'il dit oui à cette opération. Le projet n'est pas encore abouti, l'heure est aux études mais c'est le début d'une belle histoire. J'ai présenté le projet ce matin en conseil municipal, qui l'a validé dans une parfaite unanimité", fait l'avoir le maire de Libourne et président de la Cali avant de poursuivre :

"Non le projet Esog n'est pas un dossier fantôme. Je souhaite que ce projet qui doit magnifier Libourne soit porté par Michel Ohayon... Vous qui êtes viticulteur à Saint-Emilion et propriétaire du magasin Galerie Lafayette à Libourne. Votre discours est crédible car vous avez déjà montré que vous étiez capable de porter un grand projet et de le financer."

Comment Michel Ohayon s'est trouvé une origine libournaise

Très en verve Michel Ohayon a rappelé qu'il avait grandi à Bordeaux et que, s'il est installé à Paris depuis quinze ans, il a littéralement démarré à Libourne en passant une petite annonce légale de création pour sa première société dans les pages du magazine du Libournais "Le Résistant".

Lire aussi : Michel Ohayon s'adresse avec Jean-Michel Grunberg aux professionnels du jouet

Un clin d'œil amusant de la part de l'homme d'affaires bordelais, passé de la vente de vêtements au détail au marché de l'immobilier commercial avec à la clé une puissante trajectoire ascendante, qui lui a permis de gravir toutes les marches de l'escalier qui l'a mené au cœur de l'establishment du port de la Lune.

Un bon emplacement qui ne saute pas aux yeux

Aussi quand Michel Ohayon rappelle la loi d'airain du commerce : "l'emplacement, l'emplacement, l'emplacement", il est parfaitement légitime et n'a pas manqué de le faire remarquer en se livrant à une petite analyse serrée du dossier libournais.

"Le site pour ce projet hôtelier est-il servi par un bon emplacement ? Non. Spontanément, je ne l'aurais pas fait. Mais la taille du projet, avec ses sept hectares situés en plein centre-ville et leur configuration, donne envie de dégager un grand volume d'espace... ce qui est très positif, parce qu'avec la pandémie, il est désormais impératif d'éviter les lieux fermés...

Et quand on a en plus les outils juridiques proposés par l'Etat, comme l'ORT (Opération de revitalisation du territoire), dont Libourne a accepté de se saisir, et qui va apporter d'énormes facilités pour redynamiser le centre-ville, alors oui, là je réponds présent... L'ambition est venue doucement, l'intérêt a grandi de façon exponentielle", rembobine en profondeur l'homme d'affaires bordelais.

Pour crédibiliser ce dossier, qui embrasse désormais la totalité des sept hectares du site, et dans lequel Michel Ohayon estime qu'il va falloir injecter "des centaines de millions d'euros d'investissement", le patron de la FIB raisonne comme il se doit à l'échelle internationale.

Libourne est à proximité de deux grands vignobles de réputation mondiale : Saint-Emilion et Pomerol, sans parler de ses châteaux mythiques, comme Petrus. Mais Libourne est aussi proche de l'autoroute A 89 (qui conduit de l'Atlantique à Lyon et à la Suisse -Ndlr), à quelques kilomètres de plages océanes exceptionnelles, et s'intègre dans l'économie mondiale en particulier par le biais de la bourgeoisie viticole bordelaise.

Lire aussi : "Libourne inside" : comment la Cali veut profiter de l'attractivité de la métropole bordelaise

Un pôle d'attraction oenotouristique international

C'est donc une sorte de super centre oenotouristique de taille européenne que veut créer Michel Ohayon en lieu et place des anciennes casernes, dont il reste de magnifiques bâtiments qui seront au centre de la reconfiguration du site. Sur place, l'hôtellerie sera forcément de luxe, en cinq étoiles, mais Michel Ohayon veut aussi implanter une méga cave de vins haut de gamme qui, sans être une Cité du vin bis, devrait être conçue comme un espace très original pour la mise en valeur des châteaux qui viendront y faire découvrir leurs vins.

L'idée étant de développer en parallèle une plateforme de vente à distance, qui puisse permettre aux touristes de déguster et de choisir sur place les vins qui les intéressent, avant de se les faire livrer grâce à la plateforme, qu'ils soient originaires de Los Angeles, Amiens ou Madrid. Michel Ohayon veut également mixer cette course vers le luxe et le haut de gamme avec un musée où pourraient coexister art moderne et belles voitures des années 50, 60, 70... En attendant l'homme d'affaires, qui va devoir mobiliser de nombreux concours financiers, souligne que ces partenariats avec les banques et les fonds d'investissement s'annoncent bien puisque les candidats intéressés se presseraient à sa porte.

Lire aussi : Winetech et foodtech : deux incubateurs ouvrent leurs portes en Gironde

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.