Mobilisation de la filière vins et spiritueux face aux sanctions prises par Donald Trump

Les professionnels de la filière vins et spiritueux se dressent contre les nouvelles sanctions douanières applicables à compter de ce mardi 12 janvier par l'administration Trump contre les importations aux Etats-Unis de vins tranquilles et spiritueux français. Ces nouvelles sanctions s'annoncent beaucoup plus dures que celles appliquées depuis octobre 2019, qui ont déjà coûté 600 millions d'euros de manque à gagner à la filière.
Dans le secteur des vins et spiritueux la Nouvelle-Aquitaine aussi est un poids lourd international, ne serait-ce qu'avec le cognac et les bordeaux.
Dans le secteur des vins et spiritueux la Nouvelle-Aquitaine aussi est un poids lourd international, ne serait-ce qu'avec le cognac et les bordeaux. (Crédits : © Regis Duvignau / Reuters)

La filière française des vins et spiritueux continue à se battre pour en finir avec les sanctions qui la frappent, dans le cadre du bras de fer entamé depuis des mois entre les Etats-Unis et l'Union européenne à propos de la construction aéronautique. Les sanctions économiques entre pays partenaires ont généralement toujours un aspect symbolique fort, pour mieux marquer les esprits. Et ce coup-ci les Etats-Unis ont décidé de frapper plus fort que lorsqu'ils s'étaient attaqués aux fabricants de camemberts.

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La filière vins et spiritueux pèse lourd dans la balance commerciale française et, pour ne prendre que cet exemple, 98 % des cognacs sont vendus à l'export en volume et près de 50 % aux seuls Etats-Unis. Or, le gouvernement des Etats-Unis a annoncé ce 30 décembre de nouvelles sanctions douanières, applicables à partir du 12 janvier, contre cette filière européenne emblématique, notamment en France. Entre 2019 et octobre 2020, les importations américaines des vins français surtaxés ont été divisées par deux, représentant une perte de 600 millions d'euros de chiffre d'affaires pour les exportateurs.

+25 % de droits de douane à compter du 18 octobre 2019

Les nouvelles sanctions annoncées, le 30 décembre dernier, laissent craindre un alourdissement majeur des dommages subis par les exportateurs français sur leur premier marché d'exportation, avertissait le 31 décembre la direction de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), qui regroupe 550 entreprises pour un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros en 2019. Ce dernier montant représente 100 % des exportations de vins et spiritueux français en 2019, dont 3,7 milliards d'euros à destination des Etats-Unis (vins tranquilles, mais aussi effervescents -avec le Champagne- et spiritueux -Ndlr).

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Depuis le 18 octobre 2019, les sanctions américaines frappaient d'un montant additionnel de 25 % les droits de douanes sur les vins tranquilles français, exportés en contenant inférieur ou égal à deux litres, ayant un degré d'alcool inférieur ou égal à 14 %. A partir du 12 janvier les autorités étasuniennes vont élargir ces sanctions à l'ensemble des vins tranquilles français et des spiritueux produits à base de vin.

14 millions de caisses de 9 litres dans la balance

"C'est un coup de massue qui frappe aujourd'hui les exportateurs français. Après une année 2020 extrêmement compliquée, ces sanctions viennent frapper l'ensemble de la filière française des vins et spiritueux. Nos entreprises sont victimes d'un conflit qui nous est étranger et qui relève d'une négociation entre Etats", déplorait ainsi le 31 décembre César Giron, président de la FEVS.

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Les exportateurs de vins et spiritueux trouvent la menace d'autant plus forte que le marché américain a généré pour eux un milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2019, soit la vente de 14 millions de caisses de 9 litres représentant la bagatelle de 90 % des importations totales de vins tranquilles par les Américains.

"Dans le même temps, les importations de vins tranquilles en provenance des pays non touchés par ces taxes (c'est-à-dire les pays autres que la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni) se sont maintenues au même niveau, démontrant que la baisse des importations françaises est exclusivement liée à l'impact « sanctions Airbus »", souligne la fédération des exportateurs.

Une réunion encourageante avec les ministres le 7 janvier

Le 6 janvier dernier la FEVS a signé un manifeste commun avec l'UMvin (Union des maisons et marques de vin), l'AGPV (Association générale de la production viticole) et le CNIV (Comité national des interprofessions vin) dans lequel ces organisations de défense de la filière vins et spiritueux se sont félicité de leur rencontre prochaine, alors programmée le 7 janvier, avec les ministres Le Maire (Economie et Finances), Denormandie (Agriculture), Riester (Europe et Affaires étrangères) et Griset (Petites et moyennes entreprises).

"En novembre dernier, à l'occasion des sanctions mises en œuvre par l'Union européenne, nous avons souligné le risque accru, pour notre secteur, d'une taxation plus lourde de nos produits, en particulier dans le contexte de transition électorale aux Etats-Unis", a officiellement commenté César Giron à cette occasion.

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Il est ensuite revenu sur les enjeux qui lui semblent les plus pressants.

"Il est temps que, d'une part, on prête attention au secteur le plus affecté par des sanctions, d'autre part qu'on le soutienne, a ainsi martelé César Giron, car en fragilisant les exportateurs, en les plaçant au bord du gouffre, a-t-il poursuivi, c'est toute la filière des vins et spiritueux, deuxième contributeur à la balance commerciale de notre pays, que l'on met en danger !"

La création d'un fonds de soutien par l'Etat toujours d'actualité

Les signataires de ce manifeste appellent à trouver une issue négociée à ce conflit, par le biais d'une solution mutuellement acceptable, "qui place enfin le secteur des vins et spiritueux hors des rétorsions résultant de quinze années d'errements dans ce contentieux aéronautique". Ils demandent aussi, et ce ne sera peut-être pas si facile, après l'assaut donné ce 6 janvier par les supporters d'extrême-droite de Donald Trump contre le Capitole à Washington, d'accélérer les discussions avec la nouvelle administration Biden dès sa prochaine prise de fonction.

Troisième point et non des moindres : dans l'intervalle, les représentant des vins et spiritueux veulent que le gouvernement s'engage fermement à allouer aux entreprises de la filière, victimes de dommages collatéraux liés à ce contentieux, "un fonds de soutien à due proportion du préjudice subi depuis le 18 octobre 2019". Sans qu'il y ait encore de résultat concret, les responsables de la filière vins et spiritueux sont sortis satisfait de leur première réunion avec les ministres représentants le gouvernement. Une prochaine réunion est prévue cette semaine du 11 janvier.

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Commentaires 2
à écrit le 11/01/2021 à 13:52
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Que l'on ne s'inquiète pas, la nouvelle administration US et Macron sont de la même veine, les dividendes vont être distribué quoi qu'il en coûte!

à écrit le 11/01/2021 à 13:15
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Enfin voyons, pas de problème tous les dirigeants au monde n'arrêtent pas de dire que Trump est un fou dangereux inconscient, de ce fait toutes les mesures et lois qu'il a pris devraient être sans problème se faire annuler hein, logiquement du moins....

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