Entre discrétion et convictions, Claudine Bichet, la 1ere adjointe au maire de Bordeaux

PORTRAIT. Après avoir fait carrière dans le secteur privé, notamment chez SFR puis Cdiscount, Claudine Bichet s'est longuement interrogée sur le sens de sa vie personnelle et professionnelle. Celle qui s'est engagée pendant la campagne des municipales dans le groupe EELV a désormais un poste clé auprès du maire de Bordeaux Pierre Hurmic. Celui de première adjointe, en charge des finances, du défi climatique et de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Ancienne de chez SFR et Cdiscount, Claudine Bichet est devenue à 40 ans la n° 2 de la mairie de Bordeaux.
Ancienne de chez SFR et Cdiscount, Claudine Bichet est devenue à 40 ans la n° 2 de la mairie de Bordeaux. (Crédits : Agence APPA)

A 40 ans, Claudine Bichet occupe également un poste de poids à la métropole, celui de vice-présidente en charge du climat, de la transition énergétique et de la santé. Désormais installée dans son bureau de l'hôtel de ville de Bordeaux, elle se montre volontiers discrète, mais tout autant déterminée à mener le projet construit par la liste écologiste, qui a fait basculer la droite, installée depuis 73 ans à la mairie de Bordeaux.

Un parcours classique et des convictions

Après un parcours d'études en école de commerce "plutôt classique" comme elle le décrit, Claudine Bichet débute sa carrière dans la stratégie de création de nouveaux business et la modélisation économique prospective, qui devient assez tôt son cœur d'expertise. "C'est vraiment quelque chose que j'aime, de modéliser ce que va pouvoir être une activité, d'aider à la prise de décisions sur des éléments de prospective économique et d'analyse financière", raconte la nouvelle élue, qui connaît le sujet sur le bout des doigts.

Originaire de Bourgogne, elle est ensuite "montée à Paris" faire ses études, et y débuter sa carrière professionnelle. En 2008, elle intègre le groupe SFR pour réaliser du "revenue management", "du pricing, pour optimiser en permanence l'offre, son contenu, sa tarification, et bien sûr la rentabilité pour l'entreprise." Au total, ce sont dix années que la nouvelle première adjointe au maire de Bordeaux passera au sein du groupe français, occupant plusieurs postes, notamment celui de directrice du plan stratégique et financier. Son ancien collègue Guérin Vong, qui a travaillé à ses côtés entre 2012 et 2017, se souvient de son "intégrité" qui l'a particulièrement marqué :

"Elle avait des convictions, et elle s'y attachait, même si derrière elle devait pousser des vérités qui n'étaient pas très bien acceptées ou forcément très entendables", ajoute Guérin Vong. "Elle est extrêmement tenace, quand elle croit en quelque chose elle va jusqu'au bout et ne va jamais chercher à ne défendre que ses intérêts."

Une prise de conscience écologique

D'ailleurs, sous son apparence discrète et à la parole publique rare, Claudine Bichet se distingue rapidement comme une femme de convictions, qui sait où elle met les pieds. Car après toutes ces années dans le privé, et un passage ensuite chez Cdiscount à Bordeaux qui l'a mené avec sa famille dans le Sud-ouest, la première adjointe a opéré un véritable virage dans sa carrière professionnelle.

Claudine Bichet

Claudine Bichet (crédits : Agence APPA).

"J'ai connu le rachat de SFR par Numéricable. Cela a été une transformation profonde de l'entreprise, et là où j'arrivais à trouver mon compte dans un groupe avec des valeurs humaines qui étaient plutôt bonnes, les choses se sont durcies avec un plan social, les fournisseurs ont été assez malmenés... Ça a été un changement de valeurs qui m'a heurté à titre personnel, et j'ai commencé à me poser pas mal de questions sur mon parcours. Mes deux congés maternité m'ont laissé un peu de temps pour réfléchir" se rappelle Claudine Bichet.

"Je ne servais pas l'objectif qui m'animait le plus, à savoir une conscience environnementale assez forte depuis un certain nombre d'années où j'avais conscience que les choses ne tournaient pas rond et que ce n'était pas possible d'alimenter ce système profondément injuste, inégal et extrêmement destructeur de nos ressources. Je sentais qu'au fond de moi j'avais envie de m'impliquer là dedans", développe-t-elle.

"Faire partie d'un collectif"

Claudine Bichet a finalement poussé la porte d'EELV Bordeaux en octobre 2019 et s'est immédiatement "faite happée" par la campagne des municipales. Un premier engagement politique de taille, pour celle qui s'intéressait jusque-là que de loin à la politique. Elle se dit néanmoins admirative de Simone Veil "très inspirante tant dans son parcours de vie et la voie qu'elle a ouverte pour les femmes en politique, que pour son engagement pour la défense de droits fondamentaux pour les femmes". Sportive, passionnée d'aviron qu'elle affectionne pour son esprit d'équipe, Claudine Bichet n'en oublie pas d'être épicurienne, adepte de l'œnologie et avide de découvertes culinaires entre amis.

"Elle s'est engagée intensément dans la campagne, là j'ai pu apprécier son dynamisme, son sens de l'organisation, elle a vraiment trouvé rapidement sa place dans l'équipe de la campagne", explique Pierre Hurmic. Son poste de première adjointe s'est dessiné au cours de la campagne selon l'édile, lorsqu'elle a prouvé "ses capacités, sa force de travail et l'envie de prendre une place importante dans la future municipalité". Pourtant, les défis que devra relever Claudine Bichet sont de taille. Le premier sera de définir concrètement ce qu'est un "budget climat" ou "budget vert" avec l'ambition de "doter cette ville et idéalement la métropole d'une capacité de prendre des décisions pas uniquement sur la base des euros, mais de pouvoir prendre en compte l'impact environnemental de chaque projet sur chacune de nos décisions", explique la première adjointe avec ardeur.

Lire aussi : Qui est Stéphane Pfeiffer, l'adjoint au maire de Bordeaux en charge de l'emploi et de l'ESS ?

Claudine Bichet

Claudine Bichet (crédits : Agence APPA).

Elle devra aussi élaborer un budget sensible aux genres au titre de sa délégation "égalité femme hommes". Surtout, elle sera chargée de rendre compte de l'audit en cours des finances de la ville, pour étudier de près "quelles seront nos marges de manœuvre" ajoute-t-elle. "La ville est dans une bonne santé financière, ils ont toutes les cartes en main", assure l'ancien maire Nicolas Florian, désormais président du groupe d'opposition municipale "Bordeaux Ensemble". Celui qui fut jadis premier adjoint d'Alain Juppé en charge des finances attend avec impatience le premier budget qui sera voté fin 2020. "Il y a beaucoup de déclarations d'intention, d'incantations, l'urgence climatique oui bien sûr, qui est contre l'urgence climatique ?" s'interroge-t-il.

"C'est quoi un budget climat ? Ça tombe tellement sous le sens ! Nous on le faisait sans le dire, maintenant ils le feront en le disant. On va les voir à l'œuvre, tout simplement, je ne fais pas de procès en sorcellerie. Je suis vigilant sur la bonne tenue des finances de la ville. Pour le moment il n'y a pas eu d'actes majeurs", conclut-il.

Lire aussi : "Il faut casser du bitume" : Pierre Hurmic lance la végétalisation de Bordeaux

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Commentaire 1
à écrit le 08/12/2020 à 15:13
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SFR, cdiscount... la vache je me suis fait escroquer par les deux ! Et impossible de trouver un service pour se faire rembourser... Qu'elle se dise bien que gérer des citoyens n'a rien à voir avec gérer des sociétés marchandes dont Machiavel disa...

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