Loi sécurité globale : un cortège important à Bordeaux, un quart d'heure de débordements et des commerçants remontés

Les manifestations de ce 28 novembre, essentiellement axées contre la proposition de loi "Sécurité globale", se sont soldées à Bordeaux par un quart d'heure de dégradations contre des commerces du centre-ville. Rien à voir avec les Gilets jaunes, ce qui n'empêche pas les commerçants d'être très remontés, après plusieurs séquences de fermeture administrative.
L'arrivée du cortège place Pey Berland samedi 28 novembre
L'arrivée du cortège place Pey Berland samedi 28 novembre (Crédits : Agence APPA)

Malgré le grand nombre d'oratrices et d'orateurs qui ont pris la parole avant le démarrage du cortège qui s'était rassemblé à 14 heures place de la Bourse à Bordeaux, il n'était pas facile de savoir que ce samedi 28 novembre il y avait trois manifestations pour le prix d'une, comme l'a souligné ce lundi matin la préfète de la Gironde et de Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio, en compagnie de Patrick Mairesse, patron de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de Gironde.

Rappelons pour mémoire que l'axe porteur de ces manifestations est constitué par la proposition de loi "Sécurité globale", qui représente, selon la Société des journalistes de La Tribune, ainsi que de très nombreuses autres rédactions de notre pays, un danger pour la démocratie, les libertés publiques et la liberté d'informer, et qu'à ce titre notre rédaction a cosigné le courrier envoyé au Premier ministre, pour lui demander de retirer les articles 21, 22 et 24 de ce texte en cours d'examen au Parlement.

Une manifestation aussi contre le port du masque par les enfants

"Nous avons enregistré trois déclarations de manifestations : celle contre le port du masque par les enfants de six ans, la marche contre les mesures sanitaires et la loi de sécurité globale, et la marche des libertés contre les loi liberticides", a rembobiné  Fabienne Buccio.

Avant de préciser que chaque déclaration fait l'objet d'un récépissé, qui atteste de la réception par la préfecture de la demande de manifester, sans que cela vaille autorisation. Ceci pour mieux souligner que la préfecture a ouvert le dialogue avec les organisateurs de ces manifestations, qui ont acceptés de partir de la place de la Bourse à 30 minutes d'écart les uns des autres, et de modifier leurs parcours. Au total, entre 6.000 personnes, selon la préfecture, et 20.000 personnes, selon les organisateurs, ont participé à la manifestation où étaient notamment présent Pierre Hurmic, le maire EELV de Bordeaux, et plusieurs élus écologistes.

Manifestation 28 novembre Bordeaux Sécurité globale

L'arrivée du cortège place Pey Berland à Bordeaux (crédits : Agence APPA)

La préfecture au contact des forces économiques

La préfecture était aussi au contact des commerçants et des représentants de la vie économique.

"Vendredi matin nous avons rencontré le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux Gironde, Patrick Seguin, et Christian Baulme, président de la Ronde des quartiers, qui représente les commerçants. Etant donné les conditions que crée l'état d'urgence sanitaire sur la vie économique, ces derniers auraient préféré que les manifestations n'aient pas lieu ce samedi 28 novembre, date de réouverture de nombreux commerces non essentiels. Malgré tout cette réunion s'est bien passée", a recadré la préfète.

Malgré l'invisibilité des forces de l'ordre au départ de la manifestation et au moins jusqu'à ce que la tête du cortège atteigne le palais Rohan, vers 16 heures 15, la manifestation s'est bien passée. Le pire a sans doute été évité sur la voie des quais la plus proche de la ligne de tramway, où les manifestants pensaient que la circulation avait été arrêtée, quand un conducteur a essayé de poursuivre sa route au milieu de la foule. Arrêté par les manifestants il a heureusement stoppé son véhicule. Jusqu'à ce que tout le monde comprenne qu'une manifestation était en cours et que la circulation automobile restait ouverte sur toutes les voies des quais.

Des fauteurs de troubles qui se sont faits discrets

A part quelques gros pétards et des coups donnés sur du matériel de chantier, aucun autre incident n'a été à déplorer jusqu'à l'arrivée devant la mairie. Le moment de la dispersion, qui sonne la fin des manifestations, est généralement une phase délicate puisque, de façon récurrente, il y a toujours des amateurs pour jouer les prolongations.

"Le cortège était très long et s'étendait sur plus d'un kilomètre. Quant au chiffrage, au fait de savoir s'il y avait 6.000, 8.000 ou 10.000 manifestants c'est un débat dont on ne sortira jamais. Quand les premiers manifestants sont arrivés devant l'hôtel de ville, les derniers commençaient à partir de la place de la Bourse, a observé Patrick Mairesse, confirmant la très grande taille du cortège. Et puis il y a ceux qui déambulent à la fin de la manifestation. Il ne faut pas oublier que, parmi les manifestants, il y avait des familles avec des enfants. Jusqu'à la dispersion aucun groupe de fauteurs de troubles ne s'est fait remarquer", a-t-il ensuite précisé en substance.

Un quart d'heures de débordements violents

C'est à ce moment-là que quelques centaines de manifestants ont changé leur itinéraire pour emprunter le cours de l'Intendance puis la longue rue Sainte-Catherine, qui concentre de nombreux commerces, avec parmi eux quelques dizaines de casseurs qui se sont faits remarquer.

"Les dégradations de commerces ont duré quinze minutes, de 16 heures 30 à 16 heures 45, avec des poubelles et conteneur brulés, et quelques vitrines cassées [notamment celles des Galeries Lafayette au croisant Saint-Catherine / Porte Dijeaux]. Nous avons alors décidé de faire cisailler la manifestation mais c'est très dangereux, parce qu'avec la réouverture des commerces la foule était dense et qu'il n'y a rien qui ressemble plus à un manifestant qu'un citoyen lambda", a diagnostiqué Fabienne Buccio.

Manifestation 28 novembre Bordeaux Sécurité globale

Les casseurs ont pris pour cible les Galeries Lafayette entre 16h30 et 16h45 (crédits : Agence APPA).

Jusqu'à 20 heures les forces de police ont ensuite joué au chat et à la souris avec quelques casseurs. "Aucun manifestant ni aucun policier n'ont été blessés", relève avec satisfaction la préfète.

La CAMF vent-debout contre les manifestations

Si les troubles les plus pénalisants pour les commerçants à Bordeaux n'ont duré qu'un quart d'heure, ces derniers sont mécontents et veulent le faire savoir. En plus de la Ronde des quartiers à Bordeaux, Christian Baulme préside désormais la CAMF, l'association nationale Commerçants et artisans des métropoles de France, qui regroupe 18 fédérations de commerçants et d'artisans. Et la réaction de la CAMF, qui vient de tomber, en appelle à une décision radicale, qui fait débat, ne serait-ce que sur le plan technique.

"La CAMF demande l'arrêt immédiat et jusqu'à fin janvier 2021 de toute manifestation dans des zones de commerce. Les manifestations doivent pouvoir avoir lieu mais en dehors des lieux de commerce. Chaque ville de la CAMF demande à être reçue par le préfet de sa région et à être obligatoirement concertée sur le parcours des manifestations", prévient l'association.

La CAMF veut créer des zones commercialisées sécurisées

Avant de présenter sa proposition : celle d'interdire toute manifestation "dans les zones de très forte concentration commerciale, les jours de forte affluence, dans un souci de protection des personnes, du droit du travail, de circuler librement en transport".

L'idée étant de déporter les manifestations ailleurs. Cette option de créer une zone de sécurité renforcée a été discutée ce lundi matin et le patron de la DDSP y a répondu avec son expérience. Expliquant que créer ce type de périmètre ne garantit rien, puisqu'on ne peut pas savoir à l'avance si un passant est un manifestant en puissance ou pas, et que d'autre part la plupart des commerçants s'y opposent puisque cela fait selon eux perdre des clients.

Ce samedi, les rues du centre-ville de Bordeaux ont d'ailleurs fait le plein de chalands avec la réouverture des commerces non-essentiels. Les commerçants ont par ailleurs l'autorisation d'ouvrir jusqu'à 21h ainsi que le dimanche et d'utiliser l'espace libre devant leurs boutiques pour augmenter leur surface de vente compte tenu des règles sanitaires de 8 m2 par client.

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Commentaire 1
à écrit le 30/11/2020 à 15:37
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Etes vous sur du 1/4 d'heure de débordements ???? Il y a eu des feux et des casse pendant une bonne partie de la soirée.

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