Un maximum d'emplois préservés en Nouvelle-Aquitaine grâce à la Médiation du crédit

L'économie de Nouvelle-Aquitaine n'échappera pas à l'impact dépressif de la pandémie de Covid-19, vient de confirmer le bureau régional de la Banque de France. Le choc sera peut-être un peu moins dévastateur que prévu et les mesures d'aides massives adoptées par le gouvernement ont stoppé l'hémorragie en Nouvelle-Aquitaine, où la Médiation du crédit a été un véritable filet de sécurité. Malgré cette crise sanitaire sans précédent, plus de 30 % des entreprises de la région n'ont jamais cessé leur activité, dévoile la CCI de Nouvelle-Aquitaine.
Des entreprises recalées des prêts garantis par l'Etat avec de nombreux salariés, c'est le profil des sociétés sauvées par la Médiation du crédit en Nouvelle-Aquitaine.
Des entreprises recalées des prêts garantis par l'Etat avec de nombreux salariés, c'est le profil des sociétés sauvées par la Médiation du crédit en Nouvelle-Aquitaine. (Crédits : Russell Boyce)

Denis Lauretou, directeur du bureau régional de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine, a présenté ce mardi 15 septembre, au Palais de la Bourse, les prévisions économiques pour la rentrée ainsi qu'un bilan sur l'impact économique de la pandémie, en compagnie de Jean-François Clédel, président de la CCI de Nouvelle-Aquitaine, qui a de son côté dévoilé le dernier baromètre consulaire régional.

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Denis Lauretou et Jean-François Clédel avaient invité des témoins représentants les entreprises, avec Marie-Ange Gay-Ramos, présidente de la Fédération française du bâtiment (FFB) de Nouvelle-Aquitaine, Diane Duvert, dirigeante de Sovia Trucks, Nicolas Foucard, président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) de Nouvelle-Aquitaine, et Bruno Trippon, président de l'Association des commerçants des Grands Hommes, à Bordeaux. Une analyse de tendance qui a été suivie par la préfète de la Gironde et de Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio.

Un rebond de l'économie en forme d'aile d'oiseau

La Nouvelle-Aquitaine ne pouvait échapper au choc violent de la mise sur "off" d'une gigantesque portion de l'activité économique. Comme l'a rappelé Denis Lauretou, le rebond de la croissance se fait en "aile d'oiseau", après une chute quasi verticale, l'activité rebondit. Tout d'abord de façon quasi verticale avant de commencer à ralentir à la fin du 2e trimestre 2020 pour continuer à croître sur un axe de plus en plus horizontal, avec en ligne de mire un retour à la ligne d'équilibre du produit intérieur brut (base 100/4e trimestre 2019) d'ici le 1e trimestre 2022.

Denis Lauretou s'est notamment penché sur la carte nationale d'octroi des prêts garantis par l'Etat (PGE). Avec 8,4 milliards d'euros de PGE débloqués au 4 septembre 2020, la Nouvelle-Aquitaine occupe la quatrième place nationale, derrière l'Ile-de-France (44 milliards), Auvergne-Rhône-Alpes (12,6 milliards), Provence-Alpes-Côte d'Azur (9,7 milliards) et devant l'Occitanie, à la cinquième place avec 8 milliards.

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Un PGE régional à 143.882 euros en moyenne

La Nouvelle-Aquitaine occupe la même position en nombre d'entités bénéficiaires du PGE. Ces dernières sont au nombre de 58.381 dans notre région, derrière l'Ile-de-France (120.418), Auvergne-Rhône-Alpes (73.922), Provence-Côte d'Azur (63.479) et devant l'Occitanie (57.316). Concernant le montant moyen des PGE accordés par entité, la Nouvelle-Aquitaine est avec 143.882 euros par dossier, en retrait par rapport à la moyenne nationale, à 206.287 euros. Très loin derrière l'Ile-de-France, qui se taille la part du lion, avec un montant moyen de 365.394 euros en PGE par dossier.

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La Nouvelle-Aquitaine se distingue du plan national pour les secteurs d'activité bénéficiaires du PGE. Si, comme pour l'ensemble de la France, le commerce représente la plus grande part des PGE dans notre région, à 23 % (24% en France métropolitaine), le reste du classement néo-aquitain diverge de la tendance nationale.

Les credits immobiliers dopes par la concurrence bancaire

En Nouvelle-Aquitaine la construction pèse beaucoup plus lourd que dans la France métropolitaine.

Le secteur construction et immobilier s'impose ainsi à la 2e place régionale, avec 16 % des PGE (4e place nationale à 10 %), devant hébergement-restauration, à la 3e place avec 14 % (5e place nationale à 7 %), les services techniques et administratifs, à la 4e place avec 10 % (3e place nationale à 14 %) et l'industrie, à la 5e place avec 8 % (2e place nationale à 18 %). A noter qu'en Nouvelle-Aquitaine l'agriculture représente 7 % des PGE, à égalité avec santé et social, contre 1 % au niveau national.

Plus de 4.000 emplois sauvés par la Médiation du crédit

Les PGE n'étaient accordés par les banques qu'aux entreprises que ces dernières jugeaient en capacité de rembourser. D'où l'importance de l'action de la Médiation du crédit, qui est intervenue pour repêcher autant de recalés des PGE que possible. Cet instrument créé pour éviter le naufrage des entreprises lors de la crise financière de 2008 a joué un rôle crucial en Nouvelle-Aquitaine au 2e trimestre 2020, période au cours de laquelle notre région a été celle qui a sauvegardé le plus d'emplois grâce à la Médiation du crédit, juste derrière l'Ile-de-France !

En nombre d'entreprises demandeuses d'appui de la Médiation du crédit, la région ne se situe qu'à la 5e place, avec 338 sociétés en demande, derrière Ile-de-France (788), Auvergne-Rhône-Alpes (447), Provence-Alpes-Côte d'Azur (359) et l'Occitanie (350).

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Pourtant ces demandes de 338 entreprises ont permis de sauvegarder 4.097 emplois en Nouvelle-Aquitaine, juste derrière l'Ile-de-France (8.073), devant Auvergne-Rhône-Alpes (4.082), Pays-de-Loire (3.537) et Grand Est (2.747). Selon nos calculs c'est en Pays-de-Loire que la Médiation du crédit a permis de sauver le plus grand nombre d'emplois par entreprise, à hauteur de 14,9 salariés par dossier, devant le Grand Est (14,8), la Nouvelle-Aquitaine (12,1), la Bretagne (10,5) et l'Ile-de-France (10,2).

Industrie : une baisse calibrée à -11,9 % à la rentrée

Les prévisions d'évolution de la croissance économique pour la rentrée 2020 ont été sérieusement corrigées à la baisse par la Banque de France, sans pour autant sombrer dans le cauchemar. Dans l'industrie la remontée de l'activité post-confinement a été un peu plus forte que prévue sans arriver à combler le terrain perdu pendant le confinement. Si les dispositifs d'aide à l'activité partielle ont limité l'impact de la baisse d'activité sur l'emploi, les contrats d'intérim ont été stoppés, relève la Banque de France. La dégradation attendue de la rentabilité devrait aller de pair avec un recul des intentions d'investissement.

Le groupe propose une gamme de prestations, dont l'intérim généraliste

L'intérim a été frappé de plein fouet par la crise.

Après un chiffre d'affaires de l'industrie régionale en hausse de +5,5 % en 2019, les projections donnaient un exercice 2020 à +2,7 %. Depuis, les calculs ont été revus à la baisse, à -11,9 % à la mi-année. Les courbes sont également mal orientées pour l'emploi industriel. Après avoir gagné +1,8 % en 2019, il a bénéficié d'une prévision très légèrement positive début 2020, à +0,6 %. Prévision réactualisée à la baisse à -6,4 % pour la rentrée de septembre 2020.

La construction plus en difficulté que les services

Le secteur des services marchands résiste plutôt bien aux effets sanitaires du choc pandémique. Après avoir enregistré une croissance d'activité de +4,9 % en 2019, ce secteur a bénéficié d'une prévision à +1,4 % en début d'année, qui a été ramenée à -2,6 % pour la rentrée. Sur le plan des effectifs, après une hausse de 2,7 % en 2019, ces derniers ont bénéficié d'une prévision à +2,6 % en début d'année, qui a été ramenée à 0 % pour cette rentrée : une stabilité rassurante dans le contexte ambiant.

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Comme l'industrie, le secteur de la construction est plus fortement affecté par l'impact de la pandémie. Après une bonne année 2019, en croissance de +5,4 %, le chiffre d'affaires du secteur a été crédité d'une progression de +1,9 % en début d'année. Prévision qui a été corrigée à -10,6 % pour la rentrée 2020. Les effectifs dans la construction, après avoir progressé de +2,7 % en 2019, ont été annoncés stables (0 %) pour 2020 en début d'année, avant d'être corrigés à la baisse, à -5,3 %, à cette rentrée.

1/3 des entreprises néo-aquitaines ne s'est jamais arrêté

Le baromètre de la CCI de Nouvelle-Aquitaine s'appuie sur une synthèse de l'enquête de conjoncture réalisée par la chambre régionale en partenariat avec les 15 CCI présentes en Nouvelle-Aquitaine : plus de 4.000 entrepreneurs ont répondu aux différents questionnaires. Il en ressort tout d'abord que 2019 a été une bonne année, dynamique, et que 2020 a démarré de façon encourageante. Puis la crise virale a frappé, entrainant la pause d'un garrot bien serré sur toute activité humaine. Jean-François Clédel l'a souligné avec un certain plaisir : un tiers des entreprises interrogées n'a jamais cessé de fonctionner pendant le confinement !

Cela n'empêche pas qu'elles aient été 40 % à avoir repris leur activité à la suite d'un arrêt complet. Si cette reprise était vitale pour espérer survivre au choc, la plupart des chefs d'entreprise de la région reconnaissent rencontrer des problèmes depuis le déconfinement, suite à la baisse de la demande (pour 43 %), d'un approvisionnement en matières premières compliqué (22 %) ou encore d'un manque de trésorerie (21 %).

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Beaucoup de confiance et de vraies menaces

A noter que, début juillet, 4 % des entreprises n'avait toujours pas repris d'activité. Cela n'empêche pas les chefs d'entreprise (pour 70 %) à continuer à rester confiants dans l'avenir de leur entreprise (c'est quasiment une constante), à condition de bénéficier d'un soutien financier et d'un accompagnement pour faire évoluer leur entreprise en matière de développement ou de stratégie.

Mais Jean-François Clédel l'a souligné avec force : 12 % des dirigeants néo-aquitains envisagent de réfléchir à la cession ou à la transmission de leur entreprise dans les six mois à venir, et 5 % une cessation définitive d'activité.

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