Florence Jardin, présidente du Grand Poitiers, veut davantage inclure les communes

Florence Jardin préside depuis le 10 juillet la communauté urbaine du Grand Poitiers que Léonore Moncond'huy, nouvelle maire de Poitiers, n'a pas voulu prendre. Ce qui n'empêche pas les deux élues de travailler en binôme. Florence Jardin, qui n'en est pas à son premier mandat municipal, veut associer toutes les communes membres de cette collectivité à la gestion du Grand Poitiers, les doter d'une feuille de route en matière d'urbanisme, ou encore s'appuyer sur la Région pour faire face à la crise.
Florence Jardin lors de son premier discours de présidente du Grand Poitiers
Florence Jardin lors de son premier discours de présidente du Grand Poitiers (Crédits : Yann Gachet/Ville de Poitiers)

Comme elle l'avait annoncé pendant sa campagne électorale Léonore Moncond'huy, la nouvelle maire écologiste de Poitiers, ne souhaitait pas en cas de victoire devenir présidente du Grand Poitiers. En battant très nettement et à la surprise générale le maire PS sortant de Poitiers, Alain Claeys, qui briguait un troisième mandat, dans le sillage de 43 ans de domination socialiste de la capitale du Poitou, et qui présidait aussi le Grand Poitiers, Léonore Moncond'huy, âgée de 30 ans, a ouvert de toutes nouvelles perspectives.

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Un changement couronné par l'élection le 10 juillet à la tête du Grand Poitiers, communauté urbaine de 40 communes avec 196.000 habitants et 86 élus, de Florence Jardin : une maire divers gauche « écolo-compatible », élue en 2020 pour la troisième fois à la tête de la commune de Migné-Auxances (6.000 hab.) qui occupait le poste de vice-présidente en charge de la Transition écologique dans la mandature précédente. Sa victoire surprise, Léonore Moncond'huy l'a gérée avec beaucoup de pragmatisme, sans déroger à sa ligne de conduite initiale.

La création du binôme Moncond'huy-Jardin

"Je ne connaissais pas du tout Léonore Moncond'huy avant l'élection. C'est la chute d'Alain Claeys qui a tout précipité", résume d'un trait Florence Jardin pour La Tribune.

Autant dire que les deux élues se sont bien trouvées puisque juste avant l'élection au Grand Poitiers Léonore Moncond'huy avait bien précisé sa vision des enjeux.

Léonore Moncond'huy et Florence Jardin

Léonore Moncond'huy et Florence Jardin (compte Twitter de Léonore Moncond'huy)

"Ce serait contradictoire pour un territoire d'être divisé entre deux directives politiques divergentes, c'est vraiment un socle sur lequel on souhaite s'appuyer. Il est indispensable de pouvoir travailler en confiance, c'est aussi pour ça qu'il est essentiel que la maire de Poitiers s'entende bien avec la présidence du Grand Poitiers", a-t-elle déclaré à la presse.

Si elle ne préside pas la communauté urbaine, Léonore Mondond'huy en est la vice-présidente en charge de la contractualisation.

"Impliquer tous les maires de l'agglomération"

Le tout nouveau paysage politique de la capitale du Poitou est désormais en place et Florence Jardin ne s'est pas présentée pour jouer les potiches.

"Il existe beaucoup de services communs entre Poitiers et la communauté urbaine. Comme Léonore ne prend pas la présidence du Grand Poitiers, c'est l'occasion de faire travailler davantage entre elles toutes les communes du Grand Poitiers. Dans cette assemblée, il y a 15 délégués et autant de vice-présidents. L'idée c'est de mieux représenter les territoires et les sensibilités, d'impliquer tous les maires de l'agglomération, qu'ils aient été élus à la tête de communes rurales, péri-urbaines, etc. Nous voulons être consensuels, oui, mais il y a une majorité politique qui est là pour trancher les débats", recadre cette dernière pour La Tribune.

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Urbanisme : une feuille de route plutôt qu'une boîte à outils

L'autre priorité de la nouvelle patronne du Grand Poitiers c'est de négocier au mieux la sortie de la crise sanitaire. La communauté urbaine compte tout d'abord s'appuyer sur la Nouvelle-Aquitaine et Florence Jardin était, le 20 juillet en visio-conférence avec le président (PS) de la Région, Alain Rousset, pour faire le point sur les mesures d'urgences disponibles.

Mais le Grand Poitiers va aussi intervenir avec ses propres outils. C'est ainsi que la communauté a débloqué un fonds de soutien de 1,5 M€ pour proposer aux entreprises en difficulté des aides directes, des prêts, des mesures d'accompagnement et certaines facilités.

Toutes les communes seront dans le nouveau PLU

Autre enjeu d'envergure : la restructuration de la gestion de l'urbanisme au sein de la communauté urbaine.

"Nous allons mettre au point un PLU [plan local d'urbanisme] intercommunal à 40, parce qu'auparavant il était partiel et n'incluait que 13 communes, les 27 autres n'étaient pas concernées. Nous allons retravailler tout ça pour aboutir à la création non pas d'une boîte à outils mais d'une feuille de route. Notre Scot [schéma de cohérence territoriale] est connecté au schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires [Sraddet] de la Région, en particulier pour les questions de transitions énergétique et écologique", situe la présidente.

Malgré ce virage écologique Florence Jardin se veut détendue, tout en restant ferme, quand on lui parle des promoteurs immobiliers.

"Tout le monde a besoin de tout le monde, mais nous ne sommes pas en attente de leurs propositions. L'idée c'est d'éviter l'étalement urbain", éclaire-t-elle.

Le prix du foncier n'est pas en train de flamber à Poitiers et dans sa communauté urbaine et Florence Jardin entend faire savoir qu'elle préside un territoire idéalement placé entre Bordeaux et Paris, qui bénéficie d'un vrai potentiel d'attractivité.

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Les frictions entre Alain Rousset et Léonore Moncond'huy s'apaisent

Coprésidente du groupe EELV à la Région Nouvelle-Aquitaine, mandat dont elle va se défaire à la rentrée, Léonore Moncond'huy appartient à une formation alliée de la majorité régionale, mais qui garde son autonomie militante. Le conflit des bassines, ces retenues d'eau de plus de 6 millions de mètres cubes qui doivent être creusées dans le périmètre du Marais Poitevin en témoignent. La Région soutient une version allégée du projet que quatre élus EELV ont attaqué en justice. Au sujet des bassines, Léonore Moncond'huy est sur la même longueur d'onde que ses camarades.

Mais elle s'est félicitée, en tant que maire de Poitiers, du renouvellement du partenariat  avec la Région non seulement sur le plan du développement économique mais aussi de la feuille de route Néo Terra, qui ne fait pas l'unanimité chez les écologistes.

Poursuivre et développer la coopération entre la @NvelleAquitaine et #Poitiers #Grand Poitiers, au service du développement du territoire et de l'écologie #NéoTerra : merci à @al_rousset pour sa confiance, autour de ce partenariat renouvelé. pic.twitter.com/7d0tJZ6Anr

— Léonore Moncond'huy (@L_Moncondhuy) July 10, 2020

Dans le courrier qu'il lui a adressé le 9 juillet, le président de la Région, qui a toujours fait très attention à ses alliés écologistes, sans se renier, s'est montré de son côté chaleureux à l'endroit de la nouvelle élue, sans cacher qu'elle n'a sûrement pas été la conseillère régionale la plus facile à convaincre.

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