Alain Rousset ressent un certain malaise institutionnel

En tant que décentralisateur convaincu, Alain Rousset fait état d’un profond malaise jamais ressenti depuis le début des années 1980. Les Régions vont-elles disparaitre ? Le président de Nouvelle-Aquitaine se dit inquiet, alors même que "la Région est tous les jours dans la co-construction du plan de relance d'après la crise."
Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine.
Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine. (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

Alain Rousset se dit atteint d'un certain malaise institutionnel et politique. C'est le terme employé par le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, lui-même.

"Malaise notamment sur la façon dont l'Etat va jouer la coopération avec les Régions dans le cadre de la stratégie de relance, alors que nous sommes tous les jours dans la co-construction du plan de relance d'après la crise. Nous n'avons aucun élément sur le futur contrat de plan Etat / Région. Le report des élections régionales prévues en mars qui aurait été envisagé ne serait plus d'actualité mais que dire si la Région n'existe plus ? C'est surtout le fond qui m'inquiète et c'est la première fois que je ressens un tel malaise depuis le début des années 80. Un état centralisé ne fait pas bien le job", rappelle un Alain Rousset inquiet à plusieurs titres.

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Des craintes sur le plan économique

"Je crains un décrochage sur le plan technologique. L'Allemagne investit 9 milliards d'euros dans l'hydrogène, quand nous sommes en France à 100 M€. Je crains aussi des délocalisations", alerte-t-il encore.

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"Mais la vraie question, c'est de savoir s'il y aura un ruissellement des grands groupes vers les PME, et n'oublions pas toute la chaine de la sous-traitance. Les entreprises ont également besoin de renforcer leurs fonds propres dont le rapport à leurs dettes est dramatiquement faible en France. Il faut passer à la vitesse supérieure en créant des banques régionales d'investissement. Le problème c'est la centralisation des dispositifs de fonds propres alors que la connaissance du tissu industriel, c'est nous qui l'avons", explique Alain Rousset qui vient d'écrire au ministre de l'économie et des finances Bruno Le Maire pour lui faire des propositions en insistant sur le rôle clé d'une bonne coordination entre l'Etat et les Régions.

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Des fonds que l'Etat pourrait abonder

Alors que la Nouvelle-Aquitaine a prévu d'abonder de 10 M€ supplémentaires le fonds de soutien d'urgence de 15 M€ pour les entreprises de 5 à 250 salariés, Alain Rousset propose ainsi que l'Etat participe à son renforcement. L'idée avec ce fonds est d'adresser une première catégorie d'entreprises qui restent très fragiles à court et moyen terme. Mais "cette intervention nécessite un ancrage territorial", rappelle-t-il encore. "Nous avons en région des professionnels capables de piloter des outils que nous avons mis en place." Et de citer le fonds régional de co-investissement Aquity, ou encore Naci, le fonds de capital développement.

"Les Régions sont en mesure de piloter la mise en place de fonds de relance régionaux que l'Etat pourrait abonder, via la Banque publique d'investissement par exemple », écrit-t-il au ministre de l'économie. Le message est clair : les Régions sont à la manoeuvre mais il est "indispensable de renforcer la puissance de feu des fonds d'intervention d'urgence des Régions qui s'essoufflent."

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Bilan du plan d'urgence économique en Nouvelle-Aquitaine

  • Engagement financier de la Région : 90 M€ d'aides au travers de 5 fonds à destination des entreprises, associations, TPE, PME et structures de l'économie sociale et solidaire.
  • Au 24 juin 2020, 456,2 M€ d'aides ont été attribuées tous fonds confondus.
  • Le fonds d'urgence aux entreprises passe de 15 M€ à 25 M€ pour faire face aux nombreuses demandes.

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