Sophie Panonacle, députée (LREM) de la 8e circonscription de Gironde, qui couvre le bassin d'Arcachon, est dans le bain depuis plusieurs années et tient aujourd'hui le rôle de moteur pour mener à son terme la concertation nationale consacrée à l'état des lieux de l'économie maritime, à partir de laquelle le président de la République, Emmanuel Macron, va élaborer la feuille de route qu'il doit présenter d'ici fin juin ou début juillet.
La députée girondine n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle a cosigné en 2017, avec la députée de l'Indre-et-Loire Sophie Auconie, le rapport d'évaluation sur la loi pour l'Economie bleue du 20 juin 2016 (loi Leroy). Et en décembre 2019, elle n'a pas posé pour rien au côté d'Emmanuel Macron, avec lequel elle s'est entretenue lors des 15e Assises de l'économie de la mer à Montpellier.
Un fort potentiel d'emplois
Sophie Panonacle est ainsi en train de s'imposer comme la discrète figure de proue politique d'une économie maritime française diversifiée, à fort potentiel mais aussi fragile. "L'économie bleue c'est 400.000 emplois. Avec un potentiel de croissance à un million d'emplois d'ici 2030 !", situe Sophie Panonacle, déroulant un argumentaire dont la pertinence n'a pas varié depuis le début de l'année malgré une pandémie du Covid-19 qui fait craindre le pire. D'où la poursuite de la réalisation d'un état des lieux très détaillé, qui incorpore l'ensemble des filières de l'économie maritime.
Ce travail de fond, Sophie Panonacle le mène avec quinze autres députés de la majorité au sein d'un groupe baptisé la « Team maritime ». Un état des lieux qui a fait l'objet d'une première phase d'enquête en avril dernier, qui s'est conclu sur un cri d'alarme, intitulé "Mayday, l'appel de détresse des entreprises de l'économie bleue". Ce premier rapport a ensuite été suivi d'un second, publié le 30 avril, et intitulé "11 mai 2020, le D-day du déconfinement maritime". Depuis quelques jours, la députée de la Gironde a entamé la troisième étape de son travail de concertation, sans négliger l'actualité la plus immédiate.
L'appel au secours des ostréiculteurs entendu ?
C'est ainsi que Sophie Panonacle a interpellé la semaine dernière le Premier ministre sur la situation critique traversée par la filière ostréicole française.
"Nous avons lancé cet appel à 28 députés et je pense que nous n'allons pas tarder à avoir une réponse, probablement positive. Nous demandons pour les ostréiculteurs une exonération de charges sociales et de loyers pendant six mois. J'ai bon espoir", confiait-elle ainsi ce 26 mai à La Tribune.
En visioconférence ce même mardi 26 mai avec les représentants de la plupart des conseils régionaux du pays, Sophie Panonacle vient d'attaquer la troisième étape de son marathon sur la relance de l'économie bleue. Au bout du compte il s'agira d'une véritable somme puisque ce travail de fond, qui va être remis au gouvernement, aura l'obligation d'éclairer la dynamique et les besoins de la totalité des secteurs de l'économie maritime, de l'avenir de la conchyliculture à celui des ports de commerce en passant par l'industrie du nautisme ou encore l'élevage marin.
Ce nouvel épisode, qui fait également la part belle à langue de Shakespeare, puisqu'il s'intitule "Day by day (jour après jour -NDLR) : la construction du développement durable de l'économie maritime". Ce second souffle recherché pour l'économie bleue est cadré par sept thématiques : transformation et modèle économique des ports ; transition écologique et numérique dans les transports et dans les ports ; énergies marines renouvelables ; pêche et aquaculture ; recherche océanographique et innovation maritime ; attractivité des métiers de la mer, et filière nautique et navale française.
Métropoles, Régions : les territoires dans la danse
"Aujourd'hui, nous lançons une nouvelle phase de concertation sur l'économie bleue, celle de l'après-crise, avec de nouveaux acteurs, qui sont les territoires. Ce lundi 25 mai nous avons organisé une visioconférence à laquelle ont notamment participé des représentants des métropoles de Bordeaux, avec Stephan Delaux, de La Rochelle ou encore de Dunkerque. Tandis que le mardi 26 mai nous avons organisé une visioconférence avec les représentants des régions, puisque la régionalisation est un sujet pour certains ports. Et nous allons rajouter à ce thème ceux de la formation et de l'emploi, et de la recherche. Sans oublier les territoires ultra-marins que sont par exemple La Réunion ou la Guadeloupe", déroule la députée.
L'élue girondine prend bien soin de souligner qu'elle porte autant d'intérêt aux ostréiculteurs et aux pêcheurs du bassin, qu'au Grand port maritime de Bordeaux. Sophie Panonacle relève à ce propos qu'elle est intervenue avec succès auprès du gouvernement à la demande de Jean-Frédéric Laurent, directeur général du port, pour faire débloquer une partie des fonds nécessaires au financement du dragage de l'estuaire de la Gironde, qui représente un budget total de 14 M€.
Bornes d'avitaillement au GNL et à l'électricité
"Je suis en contact permanent avec Philippe Dorthe, le président du Conseil de surveillance du GPMB, et je suis au courant des problèmes", tient-elle à préciser.
"Concernant l'avenir des ports, il y a une stratégie nationale qui a été arrêtée. Maintenant il faut avancer, aller plus vite et plus loin, en développant en particulier le verdissement de l'activité. Ce qui passe en particulier par l'installation à quais de bornes d'avitaillement au GNL (gaz naturel liquéfié -NDLR)", indique Sophie Panonacle.
Ce qui implique aussi les bornes électriques, dont le port de Bordeaux a commencé à se doter. Sachant que le premier armateur à avoir lancé (l'an dernier) un porte-conteneurs propulsé au GNL est un Français, en l'occurrence CMA CGM.
"L'ensemble de ces contributions va constituer un rapport d'environ 500 pages qui sera envoyé au président de la République au plus tard le 15 juin. Il devrait se saisir de ces propositions d'ici fin juin ou début juillet, cela devrait être rapide", confirme Sophie Panonacle.
Les professionnels de la mer auront ensuite tout le temps de mesurer les effets réels de ce travail de fond, sachant que, comme l'évoque la députée, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé fin 2017 un plan de développement de l'économie bleue largement consacré aux ports. Depuis, la pandémie de coronavirus est venue rebattre les cartes d'une énorme filière soumise à de fortes contraintes, aussi bien sous la pression du Brexit que d'un grand nombre d'enjeux environnementaux.
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