La campagne à Bordeaux et Angoulême agitée par les allocations chômage des maires sortants

En révélant que les maires LR de Bordeaux et d’Angoulême, tout deux candidats à leur succession, avaient perçu des allocations chômage tout en touchant leurs indemnités d’élus, Mediapart a agité la campagne des municipales. Jusqu’à provoquer une réaction assez surprenante des écologistes bordelais, qui soulignent qu’aucun de leurs colistiers n’est impliqué dans ces révélations. (Réactualisé 13/03/2020-15h02)
Entre 2014 et 2016, Nicolas Florian, maire de Bordeaux, et Xavier Bonnefont, maire d'Angoulême, ont cumulé leurs indemnités d'élus locaux et des allocations chômage versées par Pôle emploi.
Entre 2014 et 2016, Nicolas Florian, maire de Bordeaux, et Xavier Bonnefont, maire d'Angoulême, ont cumulé leurs indemnités d'élus locaux et des allocations chômage versées par Pôle emploi. (Crédits : PC / La Tribune)

"Nous démentons fermement être à l'origine de telles informations révélatrices de comportements indignes et contraires à notre éthique de la vile publique, et laissons Pôle emploi mener son enquête interne. Ce type honteux d'accusations s'inscrit dans le cadre d'une campagne de dénigrement dont Pierre Hurmic, et maintenant un des ses colistiers, sont victimes : fake news, diffamations, désinformations, mais aussi la lacération organisée d'affiches sur certains panneaux officiels de campagne..." ont fait savoir ce jeudi 12 mars les membres de la liste écologiste aux municipales Bordeaux Respire !

Pierre Hurmic et ses colistiers ont ainsi réagi à l'article mis en ligne par notre confrère Rue 89 Bordeaux. Ce dernier, qui évoque aussi bien la liste de Pierre Hurmic que celle de Thomas Cazenave, traite des révélations faites ce mercredi 11 mars par le site d'information Mediapart, (abonnés), sur le fait que les maires sortants et candidats à leur propre succession Nicolas Florian, à Bordeaux, et Xavier Bonnefont, à Angoulême, ont, pendant une période, cumulé leurs indemnités d'élus locaux avec une allocation de Pôle emploi.

Toucher le chômage et des indemnités d'élu n'est pas illégal

Des informations confidentielles, a réagit Nicolas Florian, qui ne peuvent venir que de fuites de Pôle emploi. Or, il y a un cadre de Pôle emploi dans la liste de Thomas Cazenave, tandis que Pierre Hurmic compte également le directeur départemental de Pôle emploi dans sa liste. Sans oublier celle de Nicolas Florian, qui compte, elle aussi, un salarié issu de la même maison mais ayant suspendu son contrat de travail depuis la fin février... Dans son article qui a commencé à agiter l'écosystème politique bordelais, à quatre jours du premier tour des municipales, Mediapart explique que Nicolas Florian et Xavier Bonnefont ont perçu des allocations chômage alors qu'ils avaient déjà été réélus à "un haut niveau de responsabilité".

Mediapart souligne bien que, d'un strict point de vue légal, cette situation ne pose aucun problème. Etre élu n'étant pas considéré comme une activité professionnelle. Mais alors que le gouvernement s'apprête à mettre en application une réforme des allocations chômage aux effets drastiques, jugée par tous les syndicats, y compris la CFDT, comme n'assurant plus une protection suffisante des demandeurs d'emploi, cette situation pose question. D'autant plus que, comme le rappelle Mediapart, un demandeur d'emploi est tenu rechercher du travail.

Quel temps restant pour la recherche d'emploi ?

"En 2019, quelque 49.000 demandeurs d'emploi ont été radiés de Pôle emploi pour ne pas avoir rempli cette obligation. Comment un élu, déjà au four et au moulin, peut-il prétendre chercher une activité complémentaire ?", interroge le titre de presse.

Xavier Bonnefont a été rémunéré 3.000 euros par mois entre 2009 et avril 2014 en tant qu'attaché parlementaire, avant d'être élu maire. Une fois élu, « le 13 mai 2014, il se fait augmenter son indemnité de maire de 62 %. Son prédécesseur touchait 2.594,50 euros. Pour lui ce sera 4.181,62 euros brut », relate Médiapart. Le site poursuit en soulignant que Xavier Bonnefont a expliqué qu'il venait de mettre fin à son contrat de travail d'attaché parlementaire et qu'il entendait ainsi "être un maire de proximité à plein-temps". Ce qui ne va pas l'empêcher de compléter cette indemnité d'élu.

"Moins d'un an plus tard pourtant, en avril 2015, Xavier Bonnefont commence à toucher une prestation de Pôle emploi : 2.158 euros par mois", relève ainsi Mediapart, qui pose ensuite la question de savoir comment prétendre rechercher un emploi "si on occupe déjà une activité « à plein-temps ?" Pour l'essentiel, le maire d'Angoulême a répondu que, n'étant pas fonctionnaire, il avait demandé à Pôle emploi à entrer dans un dispositif de reconversion professionnelle en prévision de la fin de son mandat en 2020. Dispositif dont il est finalement sorti en septembre 2015 après son élection à la Région.

76.801 euros brut d'indemnités par an

Mediapart s'intéresse également à la situation de Nicolas Florian. Le site d'information explique ainsi que l'actuel maire de Bordeaux, qui a succédé l'an dernier à Alain Juppé, percevait en 2015 une indemnité brute annuelle de 30.563 euros en tant que 2e adjoint aux finances, à laquelle s'ajoutait celle de 33.466 euros, versée au titre de conseiller régional, « selon sa déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ». Ensemble auquel s'ajoutait, toujours en 2015, une indemnité annuelle de 12.772 euros brut perçue au titre de son mandat de conseiller métropolitain.

« Soit un total de 76.801 euros brut sur une année. En même temps, poursuit Mediapart, Pôle emploi lui verse 1.741 euros par mois entre mai 2014 et avril 2016. Là encore, la question se pose : au vu de toutes ces activités, à quel moment Nicolas Florian pouvait-il penser pouvoir exercer un emploi ? », questionne Mediapart.

Questionnement auquel le maire de Bordeaux a répondu. « J'ai cotisé au cours de plusieurs années d'activité salariée et j'ai donc fait valoir mes droits. Les allocations d'aide au retour à l'emploi sont soumises à des obligations de recherche d'emploi auxquelles j'ai répondu sans réserve. J'y ai consacré le temps nécessaire, ce qui a été validé par Pôle emploi qui a maintenu le versement des allocations jusqu'à épuisement de mes droits », a notamment déroulé Nicolas Florian, qui a annoncé, vendredi 13 mars, suspendre sa campagne en raison de la crise sanitaire du coronavirus. Avec ces révélations Mediapart éclaire des situations qui, sans être courantes, ne sont pas limitées à la seule Nouvelle-Aquitaine. Il reste à savoir comment elles seront appréciées par les électeurs à Bordeaux et Angoulême.

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