Municipales : comment Pascal Jarty veut changer l'image de Bordeaux

Moratoire sur les grands projets urbains, encadrement des loyers, plan pour le logement étudiant et gratuité des transports publics : Pascal Jarty est décidé à changer Bordeaux - son urbanisme comme son image de marque - avec un programme centré sur la solidarité et le social. Cet ancien dirigeant du Cija tire à boulets rouges sur les récents projets urbains bordelais et défend le rôle économique du monde associatif en vue du scrutin municipal des 15 et 22 mars 2020.
Pascal Jarty est candidat à l'élection municipale à Bordeaux à la tête de la liste Servir Bordeaux
Pascal Jarty est candidat à l'élection municipale à Bordeaux à la tête de la liste "Servir Bordeaux" (Crédits : Agence APPA)

"L'image de marque de Bordeaux aujourd'hui c'est la spéculation, la défiscalisation et la rentabilité au mètre carré. Je veux que l'image de Bordeaux change pour rimer avec solidarité et fraternité !", lance Pascal Jarty. Directeur pendant 30 ans du Cija (Centre régional d'information jeunesse de Nouvelle-Aquitaine) jusqu'en 2018 et président pendant 18 ans de l'US Chartrons, Pascal Jarty a aussi été élu au conseil municipal de Bordeaux de 1983 à 1995, aux côtés de Jacques Chaban-Delmas. C'est en son nom propre qu'il est candidat au scrutin municipal des 15 et 22 mars prochain à la tête de la liste "Servir Bordeaux, présentée comme sans étiquette et issue de la société civile et créditée de 1 à 2 % des intentions de vote dans les sondages de début d'année. "Le déclic de ma candidature c'est l'aménagement de la rue Lucien Faure et des Bassins à flot. Alain Juppé et Nicolas Florian sont co-responsables de ce désastre urbain", explique-t-il à La Tribune avant de détailler ses reproches :

"Tout ce quartier a été bétonné autant que possible avec un souci visible de la rentabilité et en oubliant les services publics, écoles, crèches, et les espaces verts et aires de jeux. Le tout est partiellement inaccessible aux véhicules des pompiers ! Et ce modèle sans âme, comme celui de Ginko, va être répliqué à Brazza alors que, dans quelques années quand le modèle de défiscalisation arrivera à son terme, on aura des quartiers avec de gros problèmes, ça va être dramatique !"

Un moratoire sur les grands projets urbains

Le candidat veut donc tout changer dans la manière bordelaise de fabriquer la ville. "Il faut bien sûr accueillir les nouveaux habitants en densifiant et construisant en hauteur mais modérément, c'est-à-dire quatre étages maximum. Il faut davantage de mixité sociale à Bordeaux et atteindre le seuil légal de 25 % de logements locatifs sociaux. Dans l'immédiat, il faut décider d'un moratoire d'un an sur les grands projets urbains pour se poser et discuter de ce que l'on veut vraiment faire de Bordeaux", déroule Pascal Jarty. Il défend également l'encadrement des loyers, le contrôle plus prononcé des locations touristiques meublées et une action pédagogique - puis coercitive le cas échéant - pour mobiliser le parc de logements vacants, en particulier en centre-ville.

"Il y a des travailleurs et des étudiants qui dorment dehors ou dans leur voiture aujourd'hui à Bordeaux, ce n'est pas acceptable ! D'autant qu'un logement sur deux est occupé par une personne seule", souligne l'ancien dirigeant associatif qui promeut un modèle de colocations intergénérationnelles pour loger les étudiants et accompagner les seniors, avec l'appui et des garanties de la collectivité. "Pour le logement étudiant, maintenant que l'Université a récupéré la propriété de son patrimoine foncier et immobilier, il faut lancer avec tous les acteurs publics concernés un plan très ambitieux de construction parce qu'on a l'obligation de le faire, la situation est insupportable pour les jeunes !", relève-t-il également.

La gratuité des transports publics

En matière de mobilités, Pascal Jarty soutient le développement de bus à hydrogène et le passage à 2x4 voies de la rocade mais s'oppose au grand contournement. Mais surtout il défend, comme la liste Bordeaux en luttes de Philippe Poutou, une proposition phare : la gratuité des transports publics. "Dunkerque et Niort l'ont fait et de plus en plus de grandes villes y réfléchissent, je veux que Bordeaux soit la première grande métropole française à faire ce choix d'avenir qui sera généralisé dans dix ans, croyez-moi", affirme le candidat qui poursuit trois objectifs : "soutenir les commerces bordelais qui sont pour beaucoup moribonds mais qui sont une source importante d'emplois" ; "changer l'image de Bordeaux pour affirmer sa dimension sociale et répondre à la fracture territoriale exprimée par les Gilets jaunes" ; et "répondre à l'urgence écologique".

"La gratuité représente une non-recette de 85 M€ par an et je prévois d'en récupérer 35 M€. Il reste donc 50 M€ à payer pour la collectivité, soit 3 % du budget transport de la Métropole. C'est tout à fait soutenable", juge-t-il. Le candidat prône également un retour des transports en régie publique et la couverture en panneaux photovoltaïques de la Base sous-marine "pour alimenter le réseau de tramway dont le développement en étoile doit cesser après la liaison jusqu'à l'aéroport".

Le monde associatif comme levier économique

Sur le plan économique, Pascal Jarty se montre un peu moins sévère avec la majorité sortante : "L'économie de la ville se porte bien, on ne peut pas le nier. Le développement touristique a beaucoup apporté à la ville et à ses commerçants. Mais au niveau de l'emploi, les entreprises qui s'installent à Bordeaux viennent avec leurs valises et leurs profils clef en main. D'autant que les nouveaux arrivants sont souvent déçus, notamment les Parisiens qui retrouvent à Bordeaux ce qu'ils voulaient fuir : la concentration urbaine et les embouteillages, sans parler de la difficulté pour beaucoup d'épouses de trouver un emploi."

Pascal Jarty

Pascal Jarty (crédits : Agence APPA)

Le candidat de "Servir Bordeaux" pointe les lacunes de la formation professionnelle et propose une grande conférence avec la Région Nouvelle-Aquitaine, tous les acteurs du monde de l'emploi et de la formation et les employeurs pour "identifier les profils dont on a besoin, combien et initier ensuite les filières de formation correspondantes, que ce soit pour le numérique ou pour l'aide à la personne." Il promet de consacrer un mois de l'année à la cause de l'emploi.

Son autre priorité en matière économique : soutenir et valoriser le tissu associatif local "qui ne l'est pas suffisamment alors que ce secteur possède beaucoup de compétences, de bénévoles et d'altruisme." Pour Pascal Jarty, la municipalité doit jouer le rôle de "chef d'orchestre" pour développer ce secteur et créer des emplois, notamment dans l'économie sociale et solidaire. "Le marathon de Bordeaux a vocation à être piloté par un office municipal des sports et les associations bordelaises, pas par un prestataire privé", glisse l'ancien responsable associatif.

Quant au projet de "Rue bordelaise" entre la gare Saint-Jean et les quais ? "C'est une hérésie qui m'inquiète beaucoup d'autant que le projet est lancé et les expropriations ont débuté ! Juridiquement ça me semble compliquer d'arrêter le projet maintenant. Mais le résultat ce sera des grandes enseignes déjà présentes à Bordeaux alors qu'on a besoin de commerces de proximité, d'un développement plus modéré", considère Pascal Jarty.

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