Municipales : les élus écologistes veulent doter la Métropole d'un fonds vert à 200 M€

Les têtes de listes écologistes en vue des municipales des 15 et 22 mars à Bordeaux Métropole viennent de présenter les axes de leur plateforme politique. Parmi leurs objectifs métropolitains, la création d'un budget climat et d'un fonds d'investissement vert doté de 200 M€ par an sortent du lot. De même que leur volonté d'en finir avec la stratégie d'attractivité du territoire portée par Bordeaux Magnetic, que Pierre Hurmic, tête de liste à Bordeaux, juge "stupide".
Les têtes de listes écologistes à Bordeaux Métropole ce jeudi 27 février au QG de Bordeaux Respire!
Les têtes de listes écologistes à Bordeaux Métropole ce jeudi 27 février au QG de Bordeaux Respire! (Crédits : Agence Appa)

Les têtes de listes écologistes en lice pour les prochaines élections municipales dans les communes de Bordeaux Métropole ont présenté hier, jeudi 27 février, leur projet métropolitain. C'est ainsi qu'était présente Sylvie Cassou-Schotte, tête de liste écologiste à Mérignac - où elle siégeait jusqu'ici dans la coalition de gauche au pouvoir, en tant que maire-adjointe déléguée à l'action sociale et solidaire, au côté du maire socialiste Alain Anziani - Laure Curvale (Pessac), Agnès Destriau (Gradignan), Alain Garnier (Artigues-près-Bordeaux), Pierre Hurmic (Bordeaux), Sylvie Juquin (Lormont), Isabelle Rami (Talence) et Clément Rossignol-Puech, maire de Bègles où il se représente, pour décliner les grands axes de leurs campagne.

Sylvie Cassou-Schotte a ainsi précisé que ces candidats aux municipales avaient coconstruit un projet métropolitain qui repose sur quatre piliers : "Une métropole qui s'engage pour le climat, une métropole qui protège, une métropole qui préserve le cadre de vie et l'environnement, une métropole avec une gouvernance plus démocratique", a ainsi égrené la candidate.

L'explosion du trafic aérien pollue l'air de la Métropole

Et puis Pierre Hurmic est revenu sur l'importance des enjeux de la mandature 2020-2026. A commencer par l'obligation de « décarboner nos villes », un objectif devenu « impératif » à cause du « retard inouï » accumulé dans ce domaine.

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"C'est actuellement que nos concitoyens vivent une situation punitive. Nous devons être au rendez-vous des impératifs climatiques, ce qui nous oblige à changer de Métropole, à changer de logiciel... Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 4 % dans la Métropole entre 2007-2016 au lieu de baisser de 1 % par an ! Cette hausse des émissions de gaz à effet de serre doit beaucoup à l'explosion du trafic aérien qui a augmenté de +80 %. Ce qui fait que 28 % des émissions de gaz à effet de serre dans la Métropole liées aux déplacements sont dues à la croissance débridée de l'aéroport (situé à Mérignac -NDLR), c'est énorme ! Et alors que la production de déchets aurait dû être réduite de 10 %, elle ne l'a été que de 2,9 %..." a développé en substance Pierre Hurmic.

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La tête de liste de Bordeaux Respire !, qui a décidé d'ouvrir la boite à gifles a également étrillé la stratégie territoriale développée depuis des années par la municipalité de Bordeaux sous l'impulsion d'Alain Juppé.

"En finir avec ce slogan stupide de Bordeaux Magnetic"

"Il y a trois attitudes possibles par rapport aux enjeux écologiques. Il y a tout d'abord celle de Communauté d'avenir, qui est plutôt Communauté nostalgie, qui entend poursuivre une politique des années 70 et raisonne comme à l'époque de la Communauté urbaine de Bordeaux, a attaqué Pierre Hurmic. Il y a ensuite, a-t-il poursuivi, ceux qui ont pris conscience qu'il y a un problème écologique et qui ont décidé d'aller moins vite, tout en restant sur la mauvaise route. Et puis il y a nous, qui disons qu'il faut changer de route, a souligné le candidat. C'est pourquoi nous disons qu'il faut en finir avec cette notion d'attractivité de notre territoire, avec ce slogan stupide de Bordeaux Magnetic, qui consiste à tout attirer à soi au détriment des autres. C'est une notion totalement dépassée. L'agglomération magnétique c'est obsolète : c'est ce modèle-là qui nous a mené dans le mur !".

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Pour faire face aux enjeux, les écologistes entendent, comme l'a développé Laure Curvale, créer une vice-présidence métropolitaine à l'urgence climatique. Partant du fait que pour tenir les objectifs annoncés, il faudra créer un budget climat, ce qui implique de faire appel à la solidarité entre les territoires, sachant que jusqu'à présent « il n'y a que Paris qui s'est partiellement doté d'un budget climat », a évoqué Laure Curvale.

Financer le fonds vert en réorientant certains crédits

Cette stratégie s'accompagne de mesures fortes qui vont toucher notamment les transports routiers. Très concrètement les écologistes entendent créer à Bordeaux Métropole un fonds d'investissement vert doté de 200 M€ par an ainsi qu'une équipe dédiée au suivi des fonds européens, afin de muscler les financements. Questionnée par La Tribune au sujet du financement de ce fonds, Laure Curvale a répondu que ce dernier ne représentait pas grand-chose par rapport aux budget métropolitain, qui s'élève à 1,7 Md€, et qu'il serait facile à abonder.

Le futur fonds vert sera ainsi alimenté principalement grâce à l'annulation de certains grands projets routiers, comme le projet de ligne de tram jusqu'à Saint-Médard-en-Jalles, qui devrait permettre de récupérer 95 M€. Sachant que la ville dirigée par Jacques Mangon, patron de l'urbanisme métropolitain, bénéficierait dans ce cas d'une ligne de bus à haut niveau de service (BHNS). Pierre Hurmic a ensuite insisté sur la nécessité « d'éviter les déplacements », d'abord en arrêtant de créer de nouveaux besoins. « La pollution de l'air est la deuxième cause de décès prématurés. C'est une situation sanitaire punitive, qui tue chaque année prématurément 150 personnes à Bordeaux Métropole », a prévenu le candidat.

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Favoriser la création d'emplois sur la rive droite

Pierre Hurmic a ainsi appelé à la création d'un vrai réseau de pistes cyclables sécurisé dans la Métropole et au rééquilibrage de l'aménagement du territoire, dénonçant le fait que les gens habitant la rive droite ont besoin de traverser la Garonne pour venir travailler sur la rive gauche. D'où une posture volontariste et le soutien au lancement d'une nouvelle opération d'intérêt métropolitain (OIM) sur la rive droite défendu depuis des lustres par les écologistes et dont le principe a été par la Métropole en début d'année. L'intérêt étant de favoriser l'implantation dans ce secteur de nouvelles activités créatrices d'emplois, à commencer par un chantier école voué à la rénovation énergétique.

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Les écologistes entendent aussi lutter contre la pauvreté en jouant sur le logement et l'emploi, deux thèmes au centre de toutes les attentions. Côté emploi ils veulent que la Métropole s'engage pour devenir « un territoire zéro chômeur de longue durée » et citent en exemple la métropole de Lille qui a créé la Fabrique de l'emploi, avec une insertion par l'activité économique. La rénovation énergétique pourrait être, selon eux, un levier important pour la création d'emplois, en particulier sur la rive droite, avec l'isolation thermique des bâtiments, la création de cantines bios, etc.

L'encadrement des loyers : priorité du futur établissement foncier solidaire

Aucun objectif chiffré n'est avancé par les candidats écologistes concernant le logement social. Ces derniers s'en remettent aux quotas exigés par la loi SRU (solidarité et renouvellement urbains), soit 25 % de logements sociaux, et entendent rééquilibrer la géographie du logement social, afin d'en augmenter drastiquement la proportion en particulier dans les communes de l'ouest, comme Saint-Médard-en-Jalles ou Martignas. Si les maires sont souverains pour accorder ou refuser les permis des construire, les futurs élus verts métropolitains, qui ne veulent plus entendre parler de cogestion du territoire entre la gauche et la droite, entendent utiliser les incitations financières pour convaincre les élus communaux de jouer le jeu.

Ils veulent aussi, comme l'a souligné Clément Rossignol-Puech, créer un établissement public foncier solidaire, en particulier pour lancer une politique d'encadrement des loyers jusqu'ici refusée par la Métropole, enfin presque. "Les élus métropolitains n'ont pas dit non mais ils n'ont pas dit oui, ils jouent la montre", a illustré le maire de Bègles. Les écologistes veulent également que la gestion de l'eau soit assurée par une régie métropolitaine (c'est actuellement l'apanage des communes -NDLR) et proposent d'offrir la gratuité pour les quinze premiers mètres cubes d'eau consommés, et réévaluer le coût des mètres cubes pour les gros consommateurs. Les élus ont aussi mis l'accent en particulier sur la nécessité de créer un véritable scrutin métropolitain, avec élection du président au suffrage universel.

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