Municipales à Bordeaux : Pierre Hurmic dévoile son programme "de rupture"

Rompre avec "un modèle urbain dépassé" en végétalisant la ville, en priorisant le vélo et en stoppant l'artificialisation des sols. Pierre Hurmic, candidat de la liste Bordeaux Respire, d'union des forces écologistes et de gauche, promeut aussi un service municipal de l'habitat, un soutien actif à l'économie sociale et solidaire et la vente du stade Matmut Atlantique.
Pierre Hurmic
Pierre Hurmic (Crédits : PC / La Tribune)

"Je veux remercier Nicolas Florian [le maire de Bordeaux candidat à sa succession] pour avoir imposé l'écologie comme thème central de son programme et de la campagne", lance Pierre Hurmic, le candidat des forces écologiques et de gauche à l'élection municipale. "Cela s'explique parce que Bordeaux a un retard abyssal en la matière et Nicolas Florian s'en rend compte bien tard. Mais plus on parlera d'écologie, plus les électeurs se tourneront vers ceux qui en parlent depuis longtemps et de manière cohérente [...] Je ne fais aucune confiance à l'équipe sortante pour appliquer un programme écologique qu'ils ont combattu jusque-là", poursuit l'élu d'opposition lors de la présentation des grands axes de son programme électoral à la presse jeudi 16 janvier, en présence notamment de l'élue socialiste Emmanuelle Ajon.

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"Rompre avec un modèle urbain dépassé"

Passé en quelques mois d'un statut d'opposant municipal à celui de principal challenger du maire sortant, Pierre Hurmic veut "rompre avec un modèle urbain dépassé parce que l'heure n'est plus à simplement colorier en vert un modèle bitumé". Concrètement cela se traduit par la fin de l'artificialisation des sols : "Il faut y mettre un terme immédiat ! Ne seront constructibles que les zones déjà urbanisées. Il faut faire la ville sur la ville en réformant le plan local d'urbanisme intercommunal !" Et le candidat de se défendre de toute logique punitive : "Ce que je propose est pragmatique et parfaitement en ligne avec la position de la préfète et donc de l'Etat". Lors de ses voeux, Fabienne Buccio a en effet estimé qu'en Gironde "l'urbanisation se poursuit encore actuellement dans des formes qui datent du siècle dernier et cela ne peut plus durer."

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Conséquence directe : les 40 hectares d'espaces naturels de la Jallère, au nord de Bordeaux, seront sanctuarisés. Et Pierre Hurmic promet aussi une "opération de désimperméabilisation des sols, places et écoles de Bordeaux".  Plus largement, c'est une végétalisation globale de la ville qui est esquissée, prenant le contre-pied de l'abattage des marronniers de la place Gambetta et de l'aménagement de la nouvelle place Tourny menés par l'actuelle majorité municipale. Le candidat promeut des "quartiers apaisés" en réduisant la circulation automobile et en multipliant bancs, trottoirs élargis, box à vélos, et "mini forêts urbaines" de 100 à 200 m2, chacune associée à une école.

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Logement et mobilité

Sur deux enjeux clef de la campagne, que sont le logement et la mobilité, la liste Bordeaux Respire défend la création d'un "service municipal de l'habitat auprès des locataires et des propriétaires pour contrôler réellement les locations meublées touristiques [...] et pour mobiliser les 11.000 logements vacants de Bordeaux". Deux objectifs également poursuivis par le candidat LREM Thomas Cazenave mais qui propose lui de confier à un prestataire privé la mission de contrôle des locations Airbnb. Les deux candidats se retrouvent également sur la montée en puissance d'un office foncier solidaire (OFS) métropolitain, structure que la majorité actuelle à la Métropole a créé l'an dernier.

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Pierre Hurmic y ajoute un soutien aux coopératives d'habitants et la création d'un dispositif public ou parapublic de location solidaire sur le modèle de qui existe à Paris (en échange d'un loyer raisonnable, la municipalité se porte garante du paiement de celui-ci en cas de défaut).

La liste Bordeaux Respire, qui sera composée à 50 % de nouveaux venus en politique - propose également une tarification des services publics municipaux proportionnelle aux revenus des ménages avec une dégressivité pouvant aller jusqu'à la gratuité. Pierre Hurmic écarte cependant toute gratuité générale des transports publics. Le programme contient l'engagement de "consacrer aux vélos et piétons au moins 50 % de l'espace public dans tous les aménagements urbains contre 70 % à la voiture aujourd'hui". Et Pierre Hurmic, qui a signé le manifeste proposé par Vélo Cité, d'annoncer  "une multiplication par cinq du budget vélo, soit 350 M€ sur six ans, pour aménager des pistes cyclables séparées, sécurisées et continues... C'est-à-dire tout ce qui n'existe pas à Bordeaux aujourd'hui !"

Soutien aux acteurs de l'ESS et vente du Matmut Atlantique

En matière économique, seules quelques propositions sont avancées pour l'instant dont un soutien actif à l'économie sociale et solidaire notamment par une stratégie foncière pour "faciliter l'installation de boutiques-ateliers, de ressourceries, d'épiceries solidaires, d'artisans et d'ateliers de réparation". L'accent sera également mis sur "l'économie du fleuve", en développant les navettes fluviales transversales pour les personnes mais aussi pour les vélos, déchets et marchandises, et sur la "décarbonation des activités" des commerces et entreprises via des accompagnements et des incitations fiscales telles que des exonérations de la cotisation foncière des entreprises (CFE).

Sur ce sujet du bilan carbone, l'élu écologiste entend "emmener Bordeaux au rendez-vous de l'urgence écologique et climatique alors que les émissions de gaz à effet de serre du territoire métropolitain ont augmenté de 4 % entre 2007 et 2017 quand nous aurions dû les diminuer de 1 % par an". Un objectif de ville "zéro déchet", également proposé par Nicolas Florian, est aussi fixé. "La réduction des déchets ne doit pas être qu'un slogan. La Métropole est en échec depuis des années dans ce domaine", attaque l'avocat écologiste.

Enfin, sur le plan fiscal, Pierre Hurmic, comme les autres candidats, promet une stabilité et s'engage à "ne pas augmenter les bases, ni les taux". Pour financer son programme, qui n'est pas chiffré pour le moment, il annonce un audit financier au lendemain de l'élection pour identifier des économies et confirme sa volonté de vendre le stade Matmut Atlantique : "Le milieu du foot est celui de toutes les extravagances financières, il est normal que le club se paie son outil de travail. On sortira de ce piège du partenariat public-privé qui ne convient aujourd'hui à personne !"

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