La Région Nouvelle-Aquitaine attaque le rapport de la Cour des comptes sur les TER

Une fois n’est pas coutume, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, dont Alain Rousset est le président, vient de réagir vivement à la publication du rapport de la Cour des comptes intitulé "La politique de la région en matière de trains express régionaux".
Le rôle territorial des TER en Nouvelle-Aquitaine est au coeur de la polémique.

Précisons d'emblée que la Chambre régionale des comptes (CRC) de Nouvelle-Aquitaine est intervenue pour le volet régional de cette enquête nationale de la Cour des comptes. La réaction du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine fait un balayage sur la totalité du rapport de la Cour des comptes, tandis que La Tribune, à Bordeaux, s'est comme à l'accoutumée concentrée sur sa synthèse. Ce qui explique que nous n'ayons pas traité certains éléments dans l'article consacré au rapport. C'est ainsi que le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine s'étonne que ce rapport mette en avant l'engagement des régions dans le sauvetage du réseau des TER, tout en prônant la suppression des petites lignes.

Après avoir rappelé le montant de l'effort financier régional néo-aquitain cumulé depuis 2002, le communiqué de la Région souligne qu'elle a investi 1,4 Md€ pour la rénovation des infrastructures du réseau TER, en dehors de ses compétences, tout en payant chaque année "60 millions d'euros de péages !" à la SNCF, puisque la Région fait rouler ses trains. C'est bien la question des petites lignes ferroviaires, ou lignes fines, qui pénètrent profondément dans le territoire avec des trafics moindres, qui cristallise l'indignation du staff régional.

"Le rapport offre aussi une vision caricaturale du TER, en se focalisant sur le sujet des lignes de dessertes fines du territoire qui coûteraient cher et transporteraient peu de personnes. Il ne comporte pas de réelle vision de ce qui constitue le versant « aménagement du territoire », dans le rôle que jouent les lignes TER, un rôle d'aménagement qui est minimisé voire éludé"  tranche la réaction officielle.

Un rapport à contre-courant des enjeux écologiques

La Région enchaîne ensuite sur une contre-attaque plus politique, qui risque de ne pas être du goût des magistrats financiers.

"Les notions de service public et d'aménagement du territoire constituent une priorité pour le Conseil régional. En effet, l'importance des TER est considérable, même si la fréquentation ou la densité de population est faible. C'est un élément qui permet de maintenir de la population dans ces secteurs, de soutenir les actions des collectivités pour l'attractivité des territoires, défend le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. A l'heure de la prise en considération des engagements de la COP 21, traduits en Nouvelle-Aquitaine par la feuille de route Néo Terra, il ne peut y avoir des citoyens méprisés et condamnés à vivre dans des zones blanches du TER et à regarder passer les trains" pilonne avec acidité la Région.

Avant d'insérer une tranche d'analyse plus froidement rationnelle.

"La seule alternative ne peut pas être la voiture particulière ou le bus, sachant que le coût écologique se reporterait inévitablement sur l'entretien des routes et génèrerait du trafic supplémentaire, ce qui n'est pas souhaitable" pointe ainsi le communiqué.

Par ailleurs la Région tient à tailler plusieurs idées en pièces. Dans sa communication la direction souligne ainsi que la fréquentation du réseau TER n'est pas en baisse mais qu'au contraire elle progresse en 2019 de 20 % par rapport à 2018. Pour rappel, le rapport porte sur la période 2012 - 2017 et n'inclut donc pas les évolutions récentes du trafic.

Les résultats des TER se redressent depuis mai dernier

De la même façon, le Conseil régional réfute toute dégradation de la qualité du service. Au moins à partir de mai 2019, date de la signature de la nouvelle convention pour les années 2019 à 2024.

"Cette nouvelle convention est en rupture qualitative et financière avec les précédentes. Elle est le résultat de plus d'une année de négociations avec la SNCF. Elle met la SNCF en responsabilité accrue sur la qualité - avec des bonus et malus significatifs - sur les recettes et la productivité en train supplémentaires gratuits pour la Région et sur la transparence des coûts" fait valoir la Nouvelle-Aquitaine.

Un domaine où tout de même, le rapport de la CRC confirme de solides avancées grâce à la politique volontariste de la Région. Mais Alain Rousset n'est pas du genre à faire dans l'à peu près et entend faire bien savoir que, depuis les neuf mois de mise en œuvre de cette nouvelle convention "les résultats en termes de qualité du service sont spectaculaires : ponctualité passant de 90,5 % à 93,7 %, diminution de près de la moitié des trains supprimés".

La Région en vient enfin aux "investissements jugés discutables" par le rapport de la CRC et précise que, par sa délibération du 12 avril dernier, elle s'est dotée d'un plan directeur d'investissements du réseau d'infrastructures ferroviaire, "dans lequel elle engage et priorise des travaux hors compétences à hauteur de 532 millions d'euros sur les 1,2 milliard d'euros nécessaires à la régénération du réseau ferroviaire de Nouvelle-Aquitaine". Avant de condamner une vision comptable "qui écarte malheureusement les notions de service public et d'aménagement du territoire".

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Commentaires 2
à écrit le 25/10/2019 à 20:14
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Belle exemple de l'idéologie au pouvoir. Toujours la même façon de penser perdante. Pas étonnant que les impôts augmentent et que le matraquage continue sur les automobilistes.

à écrit le 25/10/2019 à 9:41
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L'oligarchie afin de tout contrôler a remplacé les décideurs, les visionnaires, par des comptables, ceux qui trouvent normal de continuer d'entretenir le tas de dette qu'est BAYER par exemple, de continuer de subventionner le transport routier qui an...

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