Rocade, vélos, bateaux, ponts sur la Garonne : le panier garni du maire de Bordeaux

A l'approche de l'élection municipale du printemps prochain et des discussions sur le contrat de plan Etat-région post 2020, le maire de Bordeaux a listé les projets qu'il souhaite voir aboutir à court, moyen et long terme en matière de mobilités. D'un nouveau pont sur la Garonne au grand contournement autoroutier, en passant par un plan vélo, la mise à 2x4 voies et à 70 km/h de la rocade, un "RER girondin" et même un téléphérique, le menu est particulièrement copieux.
Tramway, voitures, vélos, bateaux et même téléphériques : le maire de Bordeaux a listé de très nombreuses propositions en matière de mobilité.
Tramway, voitures, vélos, bateaux et même téléphériques : le maire de Bordeaux a listé de très nombreuses propositions en matière de mobilité. (Crédits : PC / La Tribune)

Si ce n'est pas une esquisse de programme électoral, ça y ressemble furieusement. Sept mois après sa prise de fonction au Palais Rohan et à un peu plus de cinq mois du scrutin municipal, qui s'annonce très indécis, Nicolas Florian, a présenté ce 14 octobre un plan d'urgence pour la mobilité à Bordeaux, dans la métropole et, plus largement, à l'échelle de la Gironde.

Le maire de Bordeaux a égrené une vingtaine de propositions plus ou moins opérationnelles ou réalistes, très inégalement chiffrées et ne dépendant pas toujours de ses compétences mais en prenant grand soin de couvrir tous les champs de la mobilité. Automobilistes, piétons, cyclistes, usagers des transports en commun terrestres, fluviaux ou aériens : tout le monde pourra s'y retrouver ! Il reste à savoir quand et comment ces propositions seront financées et mises en œuvre le cas échéant.

"Lutter contre la congestion automobile"

Une partie de la réponse se trouvera dans le prochain contrat de plan Etat-Région (CPER) qui prendra la suite de celui conclu pour la période 2015-2020. Ce document acte le fléchage de financements étatiques et régionaux vers une série d'infrastructures jugées prioritaires. L'autre outil sera la nouvelle délégation de service public (DSP) de Bordeaux Métropole en matière de transports en commun qui sera élaborée à partir de 2021 pour une attribution au 1er janvier 2023.

"Il y a deux mots d'ordre aujourd'hui : lutter contre la congestion automobile et améliorer la qualité de l'air dans l'agglomération. Pour cela, il faut réduire un petit peu plus l'usage de la voiture, même s'il ne s'agit pas de la bannir du centre-ville , et diminuer le nombre de voitures par ménage", cadre Nicolas Florian qui confirme que l'idée d'un métro n'est plus au programme.

20 M€ pour les vélos, 27 M€ pour les Bat3

A Bordeaux même, le maire veut ainsi prendre acte de la conversion de la ville au vélo dans les usages (15 % des déplacements en 2019 contre 6 % en 2009) et veut consacrer 20 M€ en cinq ans à un plan vélo. Au programme : aménager des axes "vélo-rues" structurants en croix et circulaires, passer de 36 à 72 km de pistes cyclables, de 38 à 50 km de bandes cyclables, améliorer la signalisation des 94 km de voies partagées avec les bus, améliorer la sécurité des cyclistes sur les boulevards, de la barrière de Pessac à la barrière du Médoc, et créer trois grands parkings sécurisés et gardiennés à Quinconces, Stalingrad et Gare Saint-Jean.

Un effort similaire devrait être consacré à la densification du transport de personnes et de marchandises sur la Garonne, notamment dans le cadre de la future DSP. "Il faut investir dans de nouveaux Bat3 et construire de nouveaux pontons et parkings de rabattement plus nombreux de Bègles et Villenave-d'Ornon, au Sud, jusqu'à Blanquefort et au-delà, au Nord, avec des liaisons traversantes et longitudinales. Avec une vitesse de 20 à 25 noeuds [de 27 à 46 km/h], ce sera une offre compétitive", assure Nicolas Florian. Un plan évalué à 27 M€ sur cinq ans avec l'objectif de faire de la Garonne l'équivalent "d'une nouvelle ligne de tram"... ce qui nécessiterait de multiplier par près de 100 le trafic actuel. Pour mémoire l'an dernier, les Bat3 ont transporté 400.000 voyageurs tandis que les trois lignes de tram en ont transportés 106 millions.

Lire aussi : Transports en commun : le réseau bordelais freine mais continue à avancer

Rocade et grand contournement

La mise à 2x3 voies de la rocade devrait être bouclée d'ici fin 2022 mais elle continue à truster "18 des 25 plus gros points de blocage de la métropole", selon Nicolas Florian. Comme le président de Bordeaux Métropole, le maire de Bordeaux milite pour un passage, au moins à titre expérimental, à 2x4 voies assorti d'une limitation à 70 km/h et de la réservation d'une voie aux poids-lourd en transit et/ou à des bus. Ce projet ne nécessite pas de lourds travaux mais seulement un rétrécissement de la largeur des voies existantes et de la bande d'arrêt d'urgence. Il pourrait se montrer efficace et être rapide à déployer, au moins sur un tronçon test, mais qui suppose le feu vert de l'Etat. Celui-ci ne serait pas opposé à l'idée mais veut s'assurer que toutes les garanties de sécurité seront au rendez-vous. Aucun calendrier n'est donc avancé pour l'instant.

Il souhaite également travailler sur la limitation du trafic poids-lourd aux heures de pointe et sur l'inscription prioritaire de la reconfiguration de l'échangeur vers Libourne et l'A89 et de celui vers l'A63. Et, jugeant qu'un contournement autoroutier de Bordeaux par l'Ouest et le Médoc n'est plus pertinent, le maire plaide pour un barreau autoroutier à l'Est entre Langon (A62) et Mussidan (A89), complété ensuite au nord vers l'A10 et au sud vers l'A65. Aucun calendrier n'est prévu à ce stade.

A Bordeaux centre, afin de fluidifier la circulation, une "police de la circulation" sera déployée d'ici la fin de l'année sur les points de blocage liés aux chantiers pour suppléer les feux tricolores. Ces derniers ont en outre été supprimés à une centaine d'intersection dans la métropole.

Ponts et téléphériques sur la Garonne

En matière de grande infrastructure routière, Nicolas Florian préconise aussi la construction d'un nouveau franchissement sur la Garonne en plus du futur pont Simone Veil. "Je suis partisan d'un nouveau pont en aval entre Bassens et le secteur de Bordeaux Nord et du stade. En décidant rapidement, on peut envisager une livraison à peu près en même temps que le pont Simone Veil", explique le maire. Le pont Simone Veil est attendu pour 2023 au plus tôt. Et pour des dessertes de proximité, l'édile veut réfléchir à des liaisons en téléphérique pour traverser la Garonne, soit au niveau de la Gare Saint-Jean soit au nord du pont Chaban-Delmas.

Lire aussi : Téléphériques, bateaux, métros : comment relier les deux rives de Bordeaux Métropole en 2050 ?

S'agissant, plus classiquement, des transports en commun terrestres. Nicolas Florian milite pour une liaison en tramway ou en bus à haut niveau de service entre le CHU de Pellegrin et le Campus de Pessac/Talence ; un bus ou une navette électrique pour relier plus efficacement le quartier de Caudéran aux lignes A et/ou D du tramway ; et la mise en place de trajets sans arrêt entre Saint-Augustin et Meriadeck (tram A) ou entre la Victoire et le campus (tram B) aux heures de pointe. Du côté du stationnement payant à Bordeaux, il préconise la gratuité pour les véhicules électriques et le covoiturage. Enfin, dernière proposition : la densification du réseau de stations d'autopartage de véhicules électriques et/ou à hydrogène.

Du RER métropolitain au RER girondin

A l'échelle de la métropole et, plus largement, du département, le maire confirme son soutien au projet de "RER métropolitain", qu'il souhaite voir rebaptisé "RER girondin", une appellation plus englobante. En lien avec l'Etat et les autres collectivités dans le cadre du syndicat mixte Nouvelle-Aquitaine mobilités, ce plan prévoit la réhabilitation de la voie ferrée de ceinture, la réouverture de certaines gares notamment au Bouscat et à Talence, et la diamétralisation de certaines lignes ferroviaires sans changement à Bordeaux. "Il faut aussi créer des liaisons quotidiennes en car express entre le centre-ville de Bordeaux et toutes les sous-préfectures de Gironde (Arcachon, Blaye, Langon, Lesparre-Médoc et Libourne) sur le modèle de la liaison Créon-Bordeaux qui transporte 500 passagers par jour depuis le 2 septembre dernier", ajoute Nicolas Florian.

Lire aussi : Raccordements et souterrains : les remèdes des usagers pour le tramway bordelais

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Commentaires 3
à écrit le 18/10/2019 à 11:10
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- Les tramways sont beaucoup trop lents pour être efficace pour les personnes cumulant emploi à temps plein et gestion des enfants. Trop d'arrêts, parcours tortueux, croisements avec la route donc feux incessants. - Il y a trop d'arrêts sur les li...

à écrit le 16/10/2019 à 19:52
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"trajets sans arrêt entre Saint-Augustin et Meriadeck (tram A) ou entre la Victoire et le campus (tram B) aux heures de pointe." Sérieusement? Avec un tram toutes les 2-3 minutes sur ces sections aux heures de pointe? Ils font comment les expres...

à écrit le 16/10/2019 à 8:25
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....le grand contournement auto routier est une nécéssité absolue !

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