"En France, en dehors de Paris, il y a deux noms à résonance mondiale : Bordeaux et Cognac", sourit Patrick Bobet, le président de Bordeaux Métropole, ce mercredi 18 septembre, au moment de parapher une lettre d'intention sur "l'axe vignes" commune à six collectivités locales : Bordeaux et Bordeaux Métropole, Angoulême et le Grand Angoulême et Cognac et le Grand Cognac. Les signataires y soulignent la nécessité de travailler conjointement entre les vignobles du bordelais et du cognaçais au développement de l'oenotourisme, de l'adaptation au changement climatique et à la sortie progressive des pesticides par de nouvelles pratiques et savoir-faire. "La filière vini-viticole constitue un enjeu incontournable pour la Nouvelle-Aquitaine comme pour nos territoires [...] Nous sommes convaincus que la mise en réseau des éco-systèmes peut-être profitable à tous, aux acteurs et aux territoires", écrivent-ils.
"On ne peut se permettre d'être en retard"
"En 40 ans, la date des vendanges a avancé de trois semaines, le changement climatique intervient sous nos yeux et dans 50 ans il sera peut-être impossible de produire du Cognac à Cognac. Il faut se préparer", insiste Michel Gourinchas, le maire de la ville. "L'une des voies essentielles sera notre travail commun sur les transitions environnementale et écologique. Cela doit devenir une image de marque de nos territoires et de nos vignobles", abonde Jean-François Dauré, le président du Grand Angoulême. "De part notre notoriété, on ne peut se permettre d'être en retard sur ce sujets et on y travaille déjà notamment avec la démarche Vitirev pilotée par la Région", confirme Jérôme Sourisseau, le président du Grand Cognac.
Ce rapprochement entre Bordeaux et ces deux territoires charentais remonte au protocole signé en 2016 entre Bordeaux Métropole et la ville d'Angoulême. autour de plusieurs sujets dont l'urbanisme, la culture, le tourisme, la santé et les vignobles. "Alain Juppé a très tôt compris la nécessité de travailler avec les villes moyennes de Nouvelle-Aquitaine et s'est naturellement tourné vers Angoulême qui est la préfecture la plus proche de Bordeaux. On souhaite voir perdurer cette démarche", explique Xavier Bonnefont, le maire de la ville. Et ça tombe bien, Nicolas Florian, le successeur d'Alain Juppé, est lui-aussi convaincu de l'intérêt de ces coopérations : "Il faut arrêter la concurrence entre les territoires et aller vers les synergies, vers l'entraide. Cette démarche est appelée à durer." Un bilan sera dressé fin 2020 en vue d'établir un second protocole.
Opération immobilière conjointe
Et le premier protocole, auquel le Cognaçais est désormais pleinement associé, semble déjà porter ses fruits à Angoulême. A l'instar de Libourne, la ville charentaise utilise désormais la marque ombrelle "Magnetic Bordeaux : Angoulême Inside" dans les divers salons immobiliers tels que le Mipim à Cannes ou le Simi à Paris avec une présente sur le stand bordelais. "Cela crédibilise notre offre et nous donne une visibilité et un accès aux professionnels de la promotion immobilière", se félicite Elise Vouvet, l'adjointe au maire d'Angoulême en charge de la promotion du territoire.
Et pour concrétiser cette collaboration, une opération d'aménagement à proximité des deux gares TGV a été lancée conjointement par l'Etablissement public foncier Nouvelle-Aquitaine sur l'îlot du Port à Angoulême et par l'Etablissement public d'aménagement Euratlantique dans le quarter Armagnac, à Bordeaux. C'est le Groupe Duval qui a été retenu fin 2018 pour réaliser ces deux projets. Une démarche saluée par le prix Territoria d'or 2018 dans la catégorie "innovations".
Des horaires de TGV à peaufiner
L'autre retombée positive concerne le tourisme avec une intégration de la destination Angoulême et de ses festivals aux outils de communication bordelais. L'office de tourisme local fait part d'une hausse de 40 % des visiteurs en juillet dernier, avec notamment un bond de +63 % des touristes néo-aquitains. "Ce n'est pas la seule explication mais la mise en valeur d'Angoulême aux côtés de Bordeaux a probablement joué dans ces bons résultats", juge Elise Vouvet. D'autant qu'il y a encore des marges de progression, en particulier à Cognac : "Nous sommes très loin d'un quelconque surtourisme et il y a beaucoup de champs de développement touristiques sur le cognaçais notamment en matière de desserte depuis Bordeaux et Angoulême", assure Michel Gourinchas.
La desserte ferroviaire est en effet un sujet brûlant. Les élus bordelais et angoumoisins viennent d'obtenir gain de cause auprès de la SNCF pour rétablir un Bordeaux-Angoulême direct en 35 min à 18h13 mais devront encore batailler pour la convaincre de créer un direct matinal permettant d'arriver à Bordeaux aux alentours de 9h contre 10h52 actuellement. Objectif : faciliter les déplacements professionnels à la journée entre les deux agglomérations. "Il est évident que nous avons davantage de poids quand nous plaidons ensemble auprès de la SNCF", considère Xavier Bonnefont.
Enfin, de manière très pragmatique, pour lutter contre la désertification médicale, Angoulême et Cognac viendront à Bordeaux le 22 octobre prochain pour rencontrer des praticiens et des internes bordelais et tenter de les convaincre de venir s'installer ou exercer en Charente.
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